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Essais nucléaires français en Algérie

Gerboise bleue refait surface

«Le passé nucléaire de la France ne doit plus rester enfoui dans les sables...», ont écrit deux experts français en désarmement dans une tribune publiée le 14 septembre dans le journal Le Monde.

«Gerboise bleue», est le nom de code de l'opération qui avait pour but de procéder à l'essai de la première arme nucléaire à Reggane et qui fut tenue secrète. La bombe d'une puissance de 70 kilotonnes représentait l'équivalent de quatre fois celle d'Hiroshima. L'autre face, barbare, de la guerre d'Algérie, celle du passé nucléaire français est remise sous les feux de l'actualité. À travers les essais nucléaires menés au Sahara algérien dans les années soixante, une nouvelle page d'horreur vient d'être exhumée. 132 années de colonisation et de présence française en Algérie n'ont peut-être, avec ce nouvel éclairage, pas livré tous leurs secrets. Une des pages les plus sombres que l'armée coloniale a épinglé pour l'éternité sur le revers de sa vareuse. Une cocarde qui dévoile à la face du monde son côté sauvage. Le coût qu'il aura fallu en vies humaines avec des conséquences irréversibles sur l'environnement, les espaces occupés par des populations qui en portent les séquelles aujourd'hui et qui n'épargneront certainement pas leurs enfants demain, pour que la France se dote de l'arme atomique.

Discrimination
Des voix se sont élevées de l'autre côté de la Méditerranée pour dénoncer cette tragédie. Le gouvernement français est interpellé pour assumer un passif qui n'a fait qu'exacerber les relations entre l'Hexagone et son ancienne colonie. «Plus de cinquante ans après le dernier essai nucléaire français au Sahara, le passé nucléaire de la France ne doit plus rester enfoui dans les sables. Il est temps de déterrer les déchets provenant des 17 essais réalisés entre 1960 et 1966 par la France au Sahara, pour assurer la sécurité sanitaire des générations actuelles et futures, préserver l'environnement et ouvrir une nouvelle ère des relations entre l'Algérie et la France», ont écrit deux experts français en désarmement dans une tribune publiée le 14 septembre dans le journal Le Monde. Il faut souligner que la France a fait preuve du deux poids, deux mesures dans le traitement du «dossier» de ses essais nucléaires effectués dans ses autres territoires d'outre-mer, en Polynésie notamment. Une «prise en compte des dégâts environnementaux et sociaux» a eu lieu en Polynésie où des essais nucléaires français ont eu lieu et un «travail de réparation a été entrepris» ont relevé Patrice Bouveret et Jean-Marie Collin regrettant que l'Algérie en ait été exclue. Ce n'est pas ce qui était prévu. «Il n'existe aucune discrimination entre victimes algériennes et victimes françaises. À Alger, c'est le service des anciens combattants et victimes de guerre qui se chargera de recevoir les demandes», a déclaré mercredi soir Xavier Driencourt, dans une allocution qui avait précédé la réception organisée à l'occasion des traditionnelles festivités du 14 juillet 2010.

Déni
Y a-t-il eu un revirement de la politique française d'indemnisation des victimes des essais nucléaires? Si l'on se fie aux déclarations de certains ténors du barreau d'Alger, le décret d'application de la loi française relative à la reconnaissance et à l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français aurait, en effet, totalement exclu les Algériens. C'est ce qu'avait affirmé, à la veille de la célébration des festivités du 48ème anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, Me Fatima Benbraham. «Le décret n'a, à aucun moment, fait référence aux Algériens. Ils sont tout simplement exclus de la loi dite Morin», avait fait remarquer l'avocate lors d'une table ronde consacrée à l'état d'avancement du dossier concernant les essais nucléaires français dans le Sahara, organisée dans le cadre du forum du quotidien El Moudjahid. La célèbre avocate avait tenu à préciser que le texte de loi en question fait référence uniquement aux civils et aux militaires ayant exercé en Algérie entre le 13 janvier 1960 et le 31 décembre 1967. Une discrimination que les deux experts appellent à gommer. Certains critères de la loi Morin (relative à la reconnaissance et à l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français) «doivent être revus, comme cela a été le cas en Polynésie, pour permettre enfin aux populations victimes de déposer un dossier d'indemnisation», ont-ils plaidé avançant un argument de taille pour que la France cesse de se voiler la face. «Avec l'adoption à l'ONU, par l'Algérie et 121 autres Etats, le 7 juillet 2017, du Traité sur l'interdiction des armes nucléaires (Tian), la question des expérimentations nucléaires françaises trouve une raison supplémentaire de sortir du déni», ont souligné Patrice Bouveret et Jean-Marie Collin. «L'opposition frontale de la France au Tian ne peut pas être un argument pour conserver encore plus longtemps des données susceptibles de mettre un terme à un problème humanitaire» ont-ils fait remarquer. Cela constituerait un gros grain de sable pour le travail de mémoire engagé par les présidents Tebboune et Macron après le rapatriement des restes de chefs de la résistance algérienne, du Musée de l'Homme à Paris, pour apaiser les relations entre les deux pays. «Cela serait un contresens au processus de réconciliation entre les peuples français et algérien» souhaité par Emmanuel Macron ont conclu les deux spécialistes. Une «plaie» qui ne risque pas de se cicatriser de sitôt.

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