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Jacob Cohen, Ecrivain juif, à L’Expression

«Israël est un chien de garde des Américains»

Jacob Cohen est un écrivain juif marocain. Il est polyglotte et voyageur, militant antisioniste, anciennement traducteur et enseignant à la Faculté de droit de Casablanca. Né au Nouveau Mellah de Meknès, Jacob Cohen a fréquenté l'école primaire Talmud Torah de Meknès, l'école de l'Alliance israélite de Meknès, le lycée Yeshiva du Marshan, à Tanger, où il a passé deux ans puis la terminale au lycée Moulay-Ismaïl de Meknès où il obtient son baccalauréat. Il est connu pour ses positions antisionistes et est un fervent défenseur des droits du peuple palestinien, en dénonçant l'occupation sioniste des territoires de la Palestine. Dans cet entretien, Jacob Cohen revient sur l'opération Déluge Al-Aqsa, lancée il y a une année, un certain 7 octobre 2023 par le mouvement de résistance palestinien Hamas. Il décortique le fondement de cette attaque et explique les enjeux qui se trament au niveau du Proche-Orient. Jacob Cohen répond sur les questions qui ont trait à la complicité de l'Occident et leur position envers l'entité sioniste. Cohen a souligné qu'«Israël a su montrer aux Américains qu'il pouvait être leur chien de garde au Moyen-Orient».

L'Expression: Une année s'est écoulée depuis l'opération Déluge Al-Aqsa, quelles sont les leçons qu'il faut tirer de cette opération atypique dans l'histoire de la résistance palestinienne?
Jacob Cohen: La première leçon, c'est que l'ennemi n'est pas invincible. Aussi puissant soit-il, il y a toujours un moyen de le surprendre. C'est une leçon qui a été administrée à travers l'histoire et les conflits coloniaux. La seconde leçon, c'est de se maintenir dans l'état de résistance. Prenez l'Autorité palestinienne qui, de concession en compromis, a perdu toute chance d'obtenir un État palestinien et a mené une grande partie de son peuple au désespoir. L'essentiel, c'est de maintenir l'esprit de résistance. Il y a, bien sûr, des sacrifices, mais il y a l'espoir au bout. Et quelle vie aurait-on si on perdait et sa terre et sa dignité et son autonomie?

L'entité sioniste n'a pas pu détruire la force de frappe du mouvement du résistance Hamas, est-ce que la situation risque de s'aggraver davantage?
Bien sûr qu'elle peut s'aggraver davantage. Que deviendrait le Hamas dans un territoire dévasté, les écoles, les administrations, les commerces, les hôpitaux, les mosquées, en grande partie, détruits, où même l'approvisionnement en eau, en nourriture, en médicaments, en matériels de construction dépend du bon vouloir de l'occupant, où la majorité de la population erre à la recherche de la survie? Le Hamas avait la chance de s'appuyer sur une population instruite et motivée qui était prête malgré tout à le suivre. La nouvelle donne risque de peser sur le recrutement et le potentiel des diverses organisations de résistance à Ghaza.

Les États-Unis jouent la carte de l'entité sioniste en fermant les yeux sur les atrocités et le génocide perpétrés contre le peuple palestinien à Ghaza. Y a-t-il un autre moyen à même de «contraindre» les Américains à dissuader l'armée sioniste?
Les relations internationales sont basées sur le rapport de force. Israël a su montrer aux Américains qu'il pouvait être leur chien de garde au Moyen-Orient, en mettant au pas les régimes arabes récalcitrants. Ce n'est qu'après la guerre de 1967 que les États-Unis ont compris l'intérêt de cet allié et lui ont donné les moyens nécessaires ainsi que la protection diplomatique. De même, les sionistes ont su développer un lobby hyper-puissant qui contrôle la vie politique américaine. On peut se poser la question pourquoi le monde arabe n'a pas su, ou pu, développer une force et une influence capables de contrebalancer l'entité sioniste et son lobby aux Éats-Unis. Tant que durera cet état de fait, la politique américaine ne changera pas.

Allons-nous vers un nouveau remodelage du Moyen-Orient?
C'est difficile de faire une prédiction réaliste. À moins d'un effondrement interne de la société israélienne, d'un exode massif de ses citoyens, d'une grave crise économique, tous symptomes déjà visibles mais à petite échelle, on voit mal ce qui pourrait contrecarrer la brutale domination sioniste. Le monde arabe est tétanisé, l'Iran ne risquera une guerre générale que si son existence est menacée, les grandes puissances hors l'Occident gardent une neutralité prudente, et les institutions internationales sont impuissantes.

Les médias occidentaux ont fait preuve d'une complicité ahurissante à l'égard de l'entité sioniste. Ne pensez-vous pas que l'Occident a perdu ses valeurs et il se plaît dans son rôle de versatile outrancier?
Certes, et vous avez raison, mais une fois dit cela, on revient à la question fondamentale. Israël est l'allié de l'Occident, jusqu'à nouvel ordre et, à ce titre, il bénéficie d'un soutien absolu. Le droit et les valeurs, c'est valable à l'université ou dans les colloques, mais dans la dure réalité internationale, seule compte la force. Deux citations: les États sont des monstres froids, et les États n'ont pas d'amis; ils n'ont que des intérêts.

Le Liban subit des attaques et des bombardements sans précédent. La communauté internationale assiste en spectatrice. À quoi sert-elle l'organisation des Nations unies?
L'ONU a été créée par les vainqueurs de 1945 pour servir d'abord leurs intérêts et leur position de force (le droit de veto). On peut compter les centaines de résolutions en faveur de la Palestine qui sont restées sans effet. Il faut tirer les conclusions et chercher d'autres moyens de faire aboutir ses droits. Compter uniquement sur l'ONU, c'est faire preuve d'une grande naïveté. Après tout, le monde arabo-musulman, 54 pays appartenant à l'OCI, pourrait faire pencher la balance s'il était déterminé et uni.

Peut-on espérer un cessez-le-feu, le plus rapidement possible, pour mettre un terme à cette guerre que mène l'entité sioniste contre les peuples palestinien et libanais?
Je suis assez pessimiste. Les mots paraissent faibles et dérisoires devant une telle monstruosité qui semble inarrêtable.

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