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Tizi Ouzou

L’ADE au banc des accusés

Les factures représentent plus de trente années de consommation. Les citoyens, dubitatifs, en appellent aux élus locaux et aux pouvoirs publics.

Les citoyens expriment de plus en plus leur mécontentement de leurs relations avec l'Algérienne des Eaux au niveau de certaines communes de la wilaya de Tizi-Ouzou. Après plusieurs années passées dans des situations conflictuelles sur les factures forfaitaires, les citoyens commencent à s'organiser. Des comités de villages ont entamé des démarches auprès des élus locaux qui ont, estiment-ils, le devoir de les défendre contre ce qu'ils considèrent être des dépassements injustifiés et inacceptables. En effet, ces derniers sont désormais de plus en plus nombreux à contester et refuser de s'acquitter des factures forfaitaires considérées comme non seulement injustes, mais surtout illogiques.
«Nous ne sommes pas des bandits»
Aussi, pour comprendre l'origine de ce conflit qui a duré de nombreuses années, et devant le flou qui caractérise la communication de la société sur ce problème, nous sommes allés vers les citoyens pour expliquer les causes de leur mécontentement. «Nous ne sommes pas des bandits, nous payons ce que nous consommons. Mais il ne faut pas en contrepartie que la société nous considère comme des dupes» La phrase est prononcée par pratiquement l'ensemble des comités de villages que nous avons saisis. Saïd, un président de comité de village du côté de la commune de Boudjima, explique la situation avec pédagogie. «Ces dernières années, nous recevons des factures qui ne sont pas justifiées. Chaque famille reçoit des factures forfaitaires d'une moyenne de 70 000 dinars. Sans rappeler que l'eau n'est disponible qu'une fois chaque «éternité'', il apparaît clairement que le montant est illogique», affirme-t-il. Nous lui demandons d'expliquer pourquoi c'est justement illogique et il poursuit son raisonnement. «Si on fait une estimation moyenne d'une facture trimestrielle dans les communes de la wilaya, nous trouverons que celle-ci s'établit à 600 dinars. Ce qui va nous faire quelque 2 400 dinars par année. En multipliant le montant par 10, nous obtenons 24 000 dinars chaque 10 ans, 48 000 dinars par 20 ans et 72 000 par trente ans. Vous voyez qu'on nous envoie des factures forfaitaires d'une trentaine d'années de payement alors que l'eau n'existe dans certains villages que depuis moins de dix années», explique-t-il, ironique. «Puis, n'oublions pas que le compte est établi pour des conditions normales où l'eau coule régulièrement des robinets. La réalité est que souvent l'eau reste des années sans apparaître dans les parages» explique un autre villageois à Makouda.
Des procédures illogiques
Les citoyens relèvent une autre anomalie dans les comptes de la société qui leur impose en effet «d'acheter les compteurs et les placer» s'ils ne veulent pas «s'exposer à des pénalités». «Logiquement les compteurs sont placés par le société prestataire de service. C'est d'ailleurs, la règle avec les autres sociétés qui ne parlent jamais de ces choses avec leurs clients. C'est tellement logique que les citoyens ici, interprètent cela comme un manque de respect pour leur intelligence», affirme un autre citoyen et membre de comité de village à Aït Aïssa Mimoun. «Eh bien, ces responsables qui nous prennent pour des brebis devront emporter avec eux des balances lorsqu'ils vont au marché pour acheter de la pomme de terre parce que le commerçant devra, selon leur logique à eux, leur demander d'avoir une balance pour leur peser les kilos. Mais, soyons raisonnables quand même, c'est à celui qui propose le service d'avoir l'outil de mesure» ricane un autre citoyen. En effet, dans certains villages, la société n'a pas encore placé des compteurs. Pour ce faire, ses antennes au niveau des communes imposent aux clients d'acheter des compteurs et les placer. Une procédure fortement contestée par ces derniers qui estiment que c'est à la société de faire ce travail. «Ce n'est pas à nous de faire ce travail. C'est à l'ADE de le faire et après si elle veut inclure les frais inhérents dans les factures on est prêt à les payer» ajoute un autre citoyen qui estime pourtant, que ces frais sont normalement à la charge de la société qui propose ce service.
Les fuites d'eau comptabilisées
Les citoyens qui considèrent cette gestion illogique n'omettent cependant pas d'exprimer leur mécontentement. Ces derniers comptent, d'ailleurs, changer le mode de contestation en passant à d'autres méthodes plus rationnelles et plus efficaces. «Voyez-vous, même si on n'est pas des bandits, on ne compte pas, non plus, se laisser faire et surtout être pris pour des brebis. Cette fois, nous allons saisir les élus car c'est à eux de nous défendre. Ce n'est pas à nous de rétablir nos droits individuellement devant une société qui a des avocats et des moyens. Nous les avons élus et ils ont le devoir de défendre nos intérêts même en estant en justice cette société», affirme un autre citoyen dont le comité de village compte saisir le président d'APC dans les jours qui viennent. En effet, des jeunes citoyens qui disent «d'ailleurs» ne pas refuser de s'acquitter de leurs factures, considèrent que les montants réclamés de façon forfaitaire servent à «faire payer aux citoyens les coûts induits par les pertes occasionnées par les fuites dues aux réseaux défectueux». Un phénomène qui fait, en effet, perdre des quantités d'eau considérables. Un réseau défectueux qui se joint à la mauvaise gestion au niveau local où l'on constate parfois des fuites qui durent des semaines avant d'être réparées. «Ces pertes, ce n'est pas à nous de les payer. C'est plutôt à la société de revoir sa gestion au niveau local et au niveau de ses antennes et ses agents.».
Un mode de gestion obsolète
Aujourd'hui, les citoyens qui comptent recourir vers les maires en appellent aussi aux pouvoirs publics pour intervenir. «Nous ne sommes pas des bandits. On est prêt à payer ce que nous consommons et même plus pour l'intérêt de la société qui est, d'une certaine manière, la nôtre.
Mais en contrepartie, on ne doit pas nous prendre pour des imbéciles à qui on peut faire avaler n'importe quelle couleuvre.» «Ce mode de gestion doit évoluer vers un autre plus moderne et plus rationnel. Un mode qui impose aux clients de payer chaque goutte d'eau consommée, mais qui impose aussi aux responsables l'obligation de résultats et le devoir de rendre des comptes devant les pouvoirs publics et les citoyens aussi» affirme un jeune membre de comité de village qui est aussi avocat de profession. 

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