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Relations algéro-françaises

L'affaire qui a tout gâché

Les relations sont objectivement suspendues et tout l'espoir suscité par la visite du président Macron en Algérie est réduit à zéro.

L'affaire de l'exfiltration de l'activiste Amira Bouraoui prend les allures d'une grave crise entre l'Algérie et la France. La réaction algérienne est à la hauteur de l'acte «inqualifiable» de la France officielle, comme le désigne le ministère des Affaires étrangères dans son communiqué rendu public, hier. En rappelant l'ambassadeur d'Algérie en France, le président de la République exprime l'extrême mécontentement d'Alger, d'autant que ce geste a été précédé par une note officielle de protestation contre l'opération d'exfiltration que le chef de l'État qualifie de «clandestine et illégale». Le propos de la présidence de la République n'est pas exagéré, lorsqu'on découvre le procédé par lequel Amira Bouraoui est entrée dans le territoire français, entaché des irrégularités et des infractions à la législation algérienne et tunisienne. Voire même française, compte tenu de l'intervention d'un officier de la Dgse pour faciliter à l'activiste franco-algérienne l'accès en territoire français, après que la PAF de ce pays a trouvé la démarche de l'exfiltrée, pour le moins, douteuse. Comme nous l'avions souligné dans notre édition d'hier, Mme Bouraoui a bénéficié de la coopération de la représentation diplomatique française pour échapper à l'ordre d'expulsion de Tunisie vers l'Algérie et l'assistance d'un haut gradé des services secrets français pour faire baisser la barrière de la PAF française.
Cette exfiltration, qui répond à tous les standards de l'opération menée par des barbouzes, a ceci d'indécent est qu'elle ne tient aucun compte des relations diplomatiques algéro-françaises et encore moins de la souveraineté de la Justice algérienne. Il semble, à bien lire le communiqué de la présidence de la République, que cette grave dérive n'est pas du seul fait d'un officier ou d'un service de la Dgse, mais pleinement assumée par l'Élysée. Il ne peut y avoir d'autre explication à la réaction d'Alger qui, faut-il le noter, est appelée à avoir des conséquences sur l'agenda de partenariat entre les deux pays, convenu lors de la visite de la Première ministre à Alger, accompagnée par une quinzaine de ministres.
Il devient clair qu'au sommet du pouvoir en France, on ne sait visiblement pas conduire les affaires d'un État qui n'a de cesse de déraper, se rattraper, pour encore une fois, commettre l'irréparable. Bien qu'il ne faille point dire jamais en diplomatie, il y a lieu de noter que cette grave dérive, dont Paris s'est rendu coupable est difficilement rattrapable. Pour cause, le silence de l'Élysée est, soit un aveu de complicité, soit un aveu de faiblesse devant l'État profond français qui semble dicter sa loi à l'establishment politique de l'Hexagone.
L'Algérie qui n'a jamais transigé sur sa souveraineté, tout en respectant celle de toutes les autres nations, ne laissera pas un État étranger exfiltrer un justiciable algérien qui devra tôt ou tard comparaître devant la juridiction compétente.
Aujourd'hui, les relations algéro-françaises sont objectivement suspendues et le grand espoir suscité par la visite du président Macron en Algérie, est réduit à zéro.

Communiqué du Ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'Etranger
Ferme protestation de l'Algérie
Le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger a exprimé, aujourd'hui, à l'ambassade de France la ferme condamnation par l'Algérie de la violation de la souveraineté nationale par des personnels diplomatiques, consulaires et de sécurité relevant de l'État français qui ont participé à une opération clandestine et illégale d'exfiltration d'une ressortissante algérienne dont la présence physique sur le territoire national est prescrite par la justice algérienne. Dans cette note officielle, l'Algérie rejette ce développement qui cause un grand dommage aux relations algéro-françaises, comme inadmissible et inqualifiable. 

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