Raffineries de pétrole en Afrique
L’exemple Algérien
C’est le seul pays, actuellement, en mesure de suivre une stratégie axée sur les exportations.

Le raffinage des produits pétroliers n’est pas le point fort de l’Afrique. Seul un quart des ressources africaines en pétrole brut est raffiné et transformé en produits pétroliers, indique un récent rapport de la Commission africaine de l’énergie (Afrec), agence spécialisée dans l’énergie de l’Union africaine (UA), chargée de développer le secteur énergétique africain. La capacité de raffinage de l’Afrique a toutefois progressé jusqu’en 2010 avant de se stabiliser à environ 3 350 milliers de barils par jour, soit environ 191 Mt par an, en 2018. D’un point de vue régional, l’Afrique du Nord détient la majorité (57%) de la capacité totale de raffinage, suivie par l’Afrique de l’Ouest (18%) et l’Afrique australe (17%). L’Afrique centrale et l’Afrique de l’Est ont toutes deux une capacité de raffinage limitée. L’Algérie, l’Égypte et l’Afrique du Sud ont des taux d’utilisation proches de la moyenne mondiale. En ce qui concerne la production et le commerce des produits pétroliers, seule l’Algérie est actuellement en mesure de suivre une stratégie axée sur les exportations, ont souligné les rédacteurs du rapport de l’Afrec. La production de l’Algérie peut couvrir la demande intérieure et, en même temps, générer des exportations importantes. Il faut rappeler que ses importations de carburant ont de surcroît cessé depuis six années. «Depuis fin 2018, nous n’avons effectué aucune importation de carburant, et toute la production disponible sur le marché est algérienne», a indiqué Mohamed Arkab, ministre de l’Énergie à l’époque. La demande nationale en carburant est donc assurée. Les raffineries dont dispose le pays permettent de couvrir la demande nationale en carburant qui est estimée à environ 15 millions de tonnes. La réhabilitation des raffineries de pétrole en Algérie, conformément aux normes internationales, a également permis de renforcer les capacités nationales de production et de ne plus importer de carburant. «Cette opération (réhabilitation) nous conduira inévitablement à réaliser un excédent de production, qui pourra faire l’objet d’exportation, à l’avenir», avait souligné le successeur d’Abdelmadjid Attar. La mise en œuvre de la raffinerie de Sidi Rzine (Alger), dès le mois de mars 2019, est venue renforcer celles de Skikda et d’Arzew, ce qui devait permettre à la production nationale d’atteindre les 13 millions de tonnes. Les raffineries de Hassi Messaoud et de Tiaret, dont la réalisation devait être lancée incessamment, avaient, quant à elles, pour but de participer à la résorption du déficit du marché national en essence. Il faut savoir que le projet de réalisation de la nouvelle raffinerie à Hassi Messaoud qui a été, impacté notamment par les répercussions de la crise sanitaire (Covid-19), a été relancé. Cette unité entrera en production fin 2027. Elle produira des quantités additionnelles de 2,7 millions de tonnes de gasoil et 1,2 million de tonnes d’essence. Elle viendra compléter l’«arsenal» de raffineries dont dispose déjà le pays : celles de Skikda, d’Alger, d’Arzew, d’Adrar, de Topping Condensat et d’Augusta en Italie. Pointée du doigt pour son âge, 70 ans, au moment de son acquisition, en 2018, la raffinerie d’Augusta réalise des performances remarquables. Chiffres à l’appui. Le niveau de production de la raffinerie, relevant du groupe Sonatrach, avait atteint 7,9 millions de tonnes de carburant et d’autres produits pétroliers en 2022, avec un chiffre d’affaires de 7,2 milliards d’euros, contre des coûts d’exploitation de 6,8 milliards d’euros. La raffinerie a, en outre, réalisé des performances positives dans les domaines de l’exploitation, de la sécurité et de la préservation de l’environnement, ce qui a amélioré son classement en termes d’indice de durabilité. L’Algérie a incontestablement gagné son pari de cesser l’importation des hydrocarbures et se positionne à l’avant-garde du secteur du raffinage en Afrique. Un leadership attesté.