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Conférence du professeur Henry Laurens sur «les crises d’Orient»

L’imposture occidentale

L’exposé se veut comme un éclairage magistral quant à une explication, voire une «définition» fallacieuse d’un «Orient» imbibé dans une logique propre à un Occident impérialiste.

Le professeur Henry Laurens est un éminent historien au Collège de France, il est parmi les rares historiens qui abordent les problématiques politiques sur fond d’une teinture historique alliant ainsi événements historiques et analyse philosophique du processus de l’histoire en intime relation de cause à effet.
Le thème « les crises de l’Orient », qui a été abordé à l’institut français d’Alger, avait le mérite de lever le voile sur deux siècles d’imposture et de vétilles qui ont alimenté les relations internationales et les rapports entre les nations et les Etats. Le professeur Henry Laurens a restitué les concepts et les notions qui ont trait à « l’Orient » pour les replacer dans un contexte historico-politique en se basant sur la méthodologie anthropologique comme outil et instrument pour disséquer et démanteler le « mythe » de l’Orient qui n’était autre que « la version occidentale de l’Europe impériale et colonialiste», tel que cela est défini dans sa démarche de recherche.
D’ailleurs, l’approche développée par le professeur Henry Laurens est intéressante, dans la mesure où celle-ci renvoie tout le monde à l’histoire du concept de l’ « Orient » tel qu’imaginé par l’Empire britannique et l’Empire français, il y a de cela plus d’un siècle. Pour l’historien Henry Laurens, ce qui est appelé communément et d’une manière fallacieuse « la Question d’Orient », c’est surtout une «question de l’Occident» qui a revu et conçu le monde et l’histoire moderne à sa guise en s’adjugeant des concepts et de notions choisis sciemment pour justifier sa démarche et sa stratégie de conquête et de domination. A ce propos, le travail du professeur Henry Laurens est édifiant en la matière. Il rappelle dans le même sillage qu’« en ce début du XXIe siècle, le cycle d’instabilités au Moyen-Orient commencé en 2003 et qui s’est accéléré depuis 2011, a pris une dimension particulièrement dangereuse. Et l’on se donne l’impression d’être dans une situation nouvelle. En réalité, le Moyen-Orient a connu, tout au long du xixe siècle, des crises dites d’Orient », et d’ajouter « dans un jeu d’ingérences et d’implications entre acteurs locaux, régionaux et internationaux, au point que l’on ne sait plus qui manipulait l’autre, ces crises opposèrent des intérêts et des projections culturelles contradictoires, aussi bien des Européens sur les pays dits orientaux que de ces derniers vers ce que l’on appelait le « monde civilisé ». Les États affrontèrent une violence parfois extrême, répondant dans l’urgence par des solutions politiques souvent boiteuses », argue-t-il. L’exposé se veut comme éclairage magistral quant à une explication, voire une « définition » fallacieuse d’un « Orient » imbibé dans une logique propre à un Occident impérialiste et qui ne veut pas sortir des sentiers battus malgré le nouveau processus en cours que traverse le monde en général et le Moyen-Orient en particulier. Donc, la crise « présumée » de l’Orient est une matrice fondée par le monde et la civilisation occidentale dans le but de faire perpétuer et maintenir en l’état les intérêts géostratégiques de l’Occident dans son ensemble avec quelques remodelages et reconfigurations géographiques qui ne changent en rien la doctrine dominatrice et hégémonique de l’Occident. Dans ce sens, le professeur Henry Laurens analyse le processus depuis sa genèse, c’est-à-dire depuis la chute de l’Empire ottoman en soulignant en la matière que « la « Question d’Orient » si multiple, liée aux recompositions successives de l’Empire ottoman et du « Grand Jeu » qui opposa, en Asie, Russie et Grande-Bretagne entre la fin du XVIIIe siècle et 1914 », cette étape était charnière pour l’Occident qui a saisi l’opportunité pour faire dans le partage et le morcellement de l’héritage de « l’homme malade », allusion faite à la chute de l’Empire ottoman. Le partage et la nouvelle reconfiguration de l’échiquier du monde ont été faits sur la base communautariste et ethnique pour ne laisser point la chance à l’Etat-nation d’émerger comme socle juridique, institutionnel, dans la perspective de moderniser les relations politiques et contribuer d’une manière qualitative dans la transformation des sociétés, en les impliquant dans le gotha dans le processus des nations modernes qui ont banni les rapports tribaux et les alliances fondées sur l’allégeance aux notables religieux. La démarche de professeur Henry Laurens est une critique saillante aux penseurs et chercheurs qui évoluent dans la « cosmogonie » européocentriste qui s’arc-boute sur l’intérêt stratégique des Occidentaux même si cela doit impliquer la production de notions et de concepts qui s’inscrivent en porte-à-faux par rapport à l’objectivité scientifique et historique.

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