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Le grand reporter de guerre, Jacques-Marie Bourget, à L’Expression

«L’Otan est l’instigatrice des guerres hybrides»

Le grand reporter de guerre et militant impénitent des causes justes, Jacques-Marie Bourget, livre ses appréciations et appréhensions sur les relations algéro-françaises et les développements en cours entre les deux pays. Bourget fustige l’ancienne puissance coloniale en rétorquant que « la France refuse de faire face à son passé colonial ». Notre interlocuteur est allé jusqu’à dire que « le choix de demander à Benjamin Stora d’établir une sorte de bilan conduisant à un dialogue est une insulte faite à l’Algérie », martèle-t-il.Jacques-Marie Bourget étaye l’aspect caractérisant l’influence des sionistes sur la politique de la France et le Makhzen marocain. À ce propos, Bourget révèle les connivences qui existent entre la France officielle et le Makhzen marocain en soulignant que « tout le monde connaît la Marrakech connexion, les séjours agréables à l’hôtel Mamounia ou la Gazelle d’or à Taroudant. Les puissants des deux pays sont entre eux à Rabat et à Paris».D’autres questions trouvent des éclairages et des réponses à l’image des «printemps arabes», les relations internationales et la nouvelle géopolitique qui se dessine actuellement.

L'Expression: Pourquoi la France et ses lobbies médiatiques recourent au mensonge sur l'histoire coloniale en Algérie?
Jacques-Marie Bourget: C'est un cas exceptionnel dans l'histoire du XXe siècle et de ce début de XXIe, celui de la France qui refuse de faire face à son passé colonial. Même les blancs d'Afrique du Sud ont participé à des «Commissions de Vérité et Réconciliation». Sauf que les Français et les Algériens ne peuvent se «réconcilier» puisqu'ils n'ont jamais été «conciliés». Les Belges ont demandé pardon pour les horreurs commises au Congo et les donneurs de leçons américains se préoccupent soudain des «natifs» qu'ils ont exterminés.Aujourd'hui encore, en France, si tout Algérien est assimilé à un «musulman», alors qu'il est peut-être agnostique ou chrétien et que la religion n'est pas son identité, cela remonte à la colonisation et à la définition des Algériens faite par les colons qui les classaient comme des «Français musulmans». N'a-t-on jamais parlé de Français chrétiens ou juifs? Cette identité est comme un tatouage indélébile. Le syndrome pied-noir du «paradis perdu» a gagné une grande partie d'une société qui, en 1961, était favorable à l'indépendance de l'Algérie. Aujourd'hui, alors que la conscription a disparu, l'armée de métier est un lobby qui pousse encore devant lui le deuil de la guerre perdue et d'une revanche possible. Des militaires, parmi les plus sots, ont ainsi signé une pétition pour «pacifier» les banlieues, moyen de continuer la guerre d'Algérie dans l'Hexagone. Les relations franco-algériennes sont en constante régression et le choix de demander à Benjamin Stora d'établir une sorte de bilan conduisant à un dialogue est une insulte faite à l'Algérie.

Pensez-vous qu'Israël a une influence sur les prises de position françaises sur l'Algérie.?
Bien sûr, l'alliance avec le Maroc est la réalisation d'un rêve et le moyen d'être aux portes de l'Algérie. La France n'a pas dit un mot pour désapprouver cette alliance qui pose question puisque en échange, le Maroc a reçu en cadeau le Sahara occidental alors que l'ONU a exigé un référendumd'autodétermination.
Cette terre n'appartient ni à Trump ni à Mohammed VI. Si le Maroc bombarde des camionneurs algériens c'est qu'il se sent puissant, appuyé par Israël et, caché derrière aussi, les Etats-Unis. Depuis des années, par le truchement d'un gouvernement à sa solde, Washington attend de prendre pied à Alger. Il ne faut jamais oublier que les néoconservateurs américains ont formé le projet d'un grand croissant musulman -et docile- de l'Iran au Maroc. Pour l'instant, l'affaire s'est mal passée en Irak, en Syrie et en Libye. Mais l'idée est toujours là. Je vous mets au défi de trouver une occasion où la France a contré une décision israélienne.

Quelle lecture faites-vous de la relation entre la France et le Makhzen marocain?
Je cite une anecdote qui a un sens. Audrey Azoulay, qui est franco-marocaine, mais dont on connaît la position de son père, celle d'un proconsul, a été introduite par Hollande à la tête de l'Unesco alors que la tradition voulait qu'un titulaire de passeport français se tienne à l'écart. Mieux, elle a été reconduite sous la pression française. C'était en même temps une façon de mettre aussi le Maroc sur le trône de l'Unesco. Entre la bourgeoisie «républicaine» française et la bourgeoisie «monarchique» marocaine il y a osmose. Tout le monde connaît la Marrakech connexion, les séjours agréables à l'hôtel Mamounia ou la Gazelle d'or à Taroudant. Les puissants des deux pays sont entre eux à Rabat et à Paris.

Vous êtes l'une des victimes de l'État sioniste dans les territoires palestiniens occupés. Pourquoi les médias français et RSF ne se sont pas mobilisés avec autant d'ardeur comme ils le font pour ceux qui répondent à leur feuille de route fondée sur l'ingérence?
J'ai été victime d'une tentative d'assassinat de la part d'un État qui a réussi, en dépit de ses crimes, ceux de la colonisation et de l'occupation, à se donner l'image d'un État démocratique. Vous ne pouvez rien contre un tel pouvoir. Quand on sait que RSF est allé à la recherche d'argent au Gabon et a accepté l'équivalent du «prix Nobel» israélien.
Il faut être sot pour ne pas comprendre.
Financement américain, récompenses en Israël... le message est passé et, sur l'attentat dont j'ai été la victime, les «journalistes» français ont tourné la tête ailleurs. Ajoutons que dans «le monde arabe», ce crime n'a entraîné aucune émotion.

Quel est le moyen le plus efficace pour lutter et faire face aux guerres de quatrième génération?
La «guerre de quatrième génération» est un gadget inventé par les marchands d'armes pour que les États consa-crent encore plus d'argent aux budgets militaires. Souvenez -vous de Reagan et de sa «guerre des étoiles»...Du vent. En revanche une nouvelle guerre froide semble mise en place par les pays de l'Otan. Elle se joue sur Internet et par la supposée défense des droits de l'homme.
L'Algérie a vécu l'épisode scandaleux du «qui-tue-qui?», alors qu'elle était attaquée par Daesh en larve. Pour la Chine, la cause des Ouighours est le bazooka que l'on braque sur Pékin.
Des experts, qui ne savent rien, font des rapports sur des parties du globe où ils n'ont jamais mis les pieds. En ce moment, après l'épouvantable Powell et son tube d'anthrax qui a conduit à la destruction de l'Irak, après la fable des élections américaines truquées par Poutine, les menteurs prennent quelques coups de bâton. Mais ils vont persévérer.

Pensez-vous que le «printemps arabe» a servi comme instrument par l'Occident pour affaiblir les États souverains et mettre sur pied la stratégie de la reconquête coloniale?
La reconquête coloniale selon le vieux schéma? Non. Maintenant l'arme c'est le marché, le pillage des matières premières avec l'aide de complices locaux.
Mais il est clair que les supposés «Printemps» n'étaient que l'application de la théorie de Gène Sharp, lui qui a inventé la guerre «civilisée», «sans armes»,gagnée par l'intoxication, la provocation et l'utilisation sur les réseaux sociaux des mouvements populaires.

Le monde connaît une nouvelle redistribution des cartes au plan de la géopolitique internationale.Quelles seront les retombées de cette reconfiguration sur les relations internationales?
Qui peut prévoir les destins de l'Afrique avec sa forte démographie, mais en face sa pau-vreté, le réchauffement climatique et le pillage dont elle fait l'objet. La guerre «mondiale» est improbable puisqu'elle serait un suicide pour le capitalisme. On va continuer avec les os actuellement rongés, l'Ukraine, la Crimée, les Ouighours et d'autres à venir. Vous noterez que personne, ou presque, n'a manifesté contre les milliers de morts provoquées par Obama avec ses drones tueurs. Obama convient à l'Occident, il a fait une grande université, il est beau garçon, il danse bien et joue au basket. Aujourd'hui pour avoir les mains libres, un État doit s'acheter une image, une réputation. Regardez le Qatar, c'est une dictature bien aimée.
Il a réussi à se construire une image de liberté «musulmane» et de «modernité». Tout cela est faux, mais avec une stratégie intelligente, et de l'argent, le noir peut devenir blanc.

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