L'ultime adieu aux braves

Le moment de l'adieu éternel adressé aux valeureux résistants et martyrs rapatriés après 170 ans d'«errance» et de transhumance forcée par le colonialisme français, a été bien accompli par l'Etat algérien via son président de la République, Abdelmadjid Tebboune, au Palais de la culture. C'était l'ultime adieu de l'Algérie à ses vaillants et valeureux martyrs de la résistance et des soulèvements populaires contre l'armée coloniale française. L'instant était pétri de nostalgie, de tristesse et de gloire, c'est un moment dont la charge émotionnelle et de l'Histoire étaient quasiment omniprésents.
Le Palais de la culture a assumé la tâche d'accueillir nos valeureux ancêtres résistants pour qu'ils puissent servir comme témoins saillants et manifestes de cette nation rebelle et orgueilleuse de sa souveraineté et de sa dignité. Les restes mortuaires et les crânes des 24 chefs de la résistance populaire ont été soigneusement honorés par l'Etat algérien, la cérémonie militaire solennelle en est le témoin fort. Un adieu éternel à travers un cortège funéraire digne des héros a été réservé à nos valeureux martyrs de la résistance par les autorités civiles et militaires de l'Etat. Un signe de reconnaissance et un hommage à ces hommes téméraires et stoïques. Le cortège funéraire était bariolé de l'emblème national et entouré des vaillants descendants et héritiers des aînés, à savoir les soldats de l'ANP qui ont porté la symbolique de la fidélité et de l'attachement au serment des ancêtres. Le retour au «bercail» de ces vaillants résistants et dignes fils de cette terre signe un acte d'allégeance à la patrie et sa mémoire qui doit être récupérée, sauvegardée et enseignée aux générations futures qui ont besoin de repères et d'identité propre en termes de cap et de fondement historique et politique.
Les restes mortuaires et les crânes de nos martyrs constitueront l'élément avéré d'une étape faite de meurtrissure, de barbarie et de génocide par une «civilisation» qui se targuait d'être la porteuse d'une mission civilisatrice et de progrès.
Le message est à ce niveau d'appréhension et de l'analyse. Il est indéniable de ressusciter la mémoire, la relire sur la base de son processus historique réel pour déceler les enjeux et les vérités tant escamotés par les tenants de la «domination» et de la déraison du plus fort. L'histoire vient d'être réhabilitée et mise en branle à nouveau avec cet événement majeur, celui de la restitution des restes mortuaires et les crânes de nos valeureux résistants et martyrs. Le 5 Juillet 2020 marquera de sa charge historique, avec le retour des restes mortuaires de nos martyrs, une étape porteuse d'un sens et d'un contenu dont l'Etat national s'identifiera à ce prolongement des aînés libérateurs et les sacrifices suprêmes de tous les martyrs et toutes les martyres qui ont tracé la voie à travers le lourd tribut qu'ils ont versé pour qu'aujourd'hui le pays vive son indépendance et sa souveraineté dans la dignité et l'attachement au serment des ancêtres.
Il est temps de redonner cette flamme au pays et à la jeune génération qui a tant besoin d'apprendre et de connaître son histoire glorieuse et rayonnante.
L'amnésie est l'ennemi viscéral de l'histoire, surtout l'histoire des nations et des Etats. Il faut mener encore le combat mémoriel et insister sur la nécessité de faire de l'histoire de combat libérateur de tout un peuple un élément de la consolidation de la souveraineté et un ciment de l'unité nationale.
Une nouvelle brèche doit être ouverte dans ce sens, c'est la réappropriation de notre histoire pour la réécrire avec objectivité et fierté pour barrer la route aux imposteurs et aux contrebandiers de l'histoire qui ont été missionnés par les haineux et les nostalgériques dans le but d'escamoter le long processus de la lutte armée et du mouvement de libération des plus retentissants dans l'histoire du monde moderne.