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Après les élections législatives du 12 juin 2021

L'urgence d'un sursaut national

Les dossiers qui attendent le nouveau gouvernement sont nombreux et complexes...

Les élections législatives du 12 juin 2021 ont vu la domination des trois partis traditionnels FLN, MSP, RND, à un degré moindre deux partis El Bina et le Front El Moustakbel, les indépendants en deuxième position avec une composition hétérogène avec plusieurs anciens du parti du FLN.
La moyenne internationale du taux d'abstention, ces dernières années, au vu de la méfiance des populations vis-à-vis des partis politiques, pour les cas extrêmes, peu nombreux, varie entre 60/65% et la moyenne internationale entre 40/50%. L'Algérie doit tirer toutes les leçons, l'épidémie du coronavirus qui a paralysé l'appareil de production, en plus de la restriction des importations des inputs sans ciblage, la dévaluation du dinar, sans véritable relance économique, le retour de l'inflation et la détérioration du pouvoir d'achat, les emprisonnements de hauts responsables qui, dans leurs discours prônaient le nationalisme à travers les détournements des biens publics créant une névrose collective, le manque de vision stratégique du gouvernement avec des discours contradictoires et parfois provocateurs de certains ministres, peuvent expliquer les faibles taux de participation des différentes dernières élections en Algérie et notamment celle du 12 juin 2021. Le retour des partis traditionnels, surtout avec ce faible taux n'est donc pas une surprise en référence aux expériences internationales, notamment des pays de l'ex-camp communiste. Sur le plan politique, la tendance générale repose sur une concurrence entre différents partis dont, le nombre ne dépassent pas quatre, les partis de droite, les partis de gauche mais modérée de tendance altermondialiste, les partis écologiques et les partis du centre de tendance socio-démocrate.
Cependant, il y a lieu de ne pas comparer ces résultats avec ceux des anciennes élections du fait qu'ils ne sont pas significatifs ayant reposé sur des quotas et le bourrage des urnes. La leçon à tirer est qu'il reste un long chemin à parcourir pour redonner confiance afin de rapprocher l'Etat du citoyens, tout en rappelant que les pays développés ont mis des siècles à asseoir la démocratie et qu'avec la nouvelle révolution des télécommunications qui influe les comportements, il y a de plus en plus méfiance des citoyens vis-à-vis du politique. Plusieurs dossiers sensibles attendent le nouveau gouvernement supposant une nouvelle gouvernance et une planification stratégique reposant sur un système d'information performant en temps réel avec l'importance des réseaux sociaux, par la maîtrise des nouvelles technologies de l'information dont l'intelligence artificielle, qui s'est totalement écroulée, ne permettant pas des prévisions réalistes.
Les dossiers qui attendent le nouveau gouvernement sont nombreux et complexes, mais devant, pour l'action, s'inscrire au sein d'une planifications stratégique qui fait cruellement défaut, ne pouvant naviguer à vue. L'on peut citer sans être exhaustif par priorité, une nouvelle organisation institutionnelle et territoriale posant le problème de la refondation de l'Etat et d‘une réelle décentralisation autour de grands pôles régionaux, afin de lutter contre le pouvoir bureaucratique sclérosant qui engendre la corruption et la mauvaise gestion, celui de la réforme du système financier dans toute sa composante-douane-fiscalité, Domaines, banques; le dossier de la transition énergétique combinant le développement des énergies renouvelables et l'efficacité,énergétique; celui des subventions ciblées supposant la maîtrise de la répartition du revenu national par couches sociales renvoyant à la maîtrise de la sphère informelle; dans le cadre des valeurs internationales, tenant compte des avantages comparatifs de l'Algérie, évitant les projets de prestige, pour le développement des sections hors rente, la dynamisation des PMI/PME innovantes, l'agriculture sans oublier une nouvelle politique de l'eau, cet or bleu enjeu du XXIème siècle, du tourisme, des segments XXème siècle(santé, éducation, loisirs, les industries écologiques et les nouvelles technologies).

Les axes du redressement national
Pour se faire une appreciation de la situation socio-économique de l'Algérie en 2020, il me semble utile de rappeler le dernier rapport du 14 juin 2001 de la Banque mondiale. Ce rapport publié signale que l'économie algérienne ne devrait se remettre que très partiellement en 2021 des crises sanitaire et économique causées par la pandémie de Covid-19 du fait que la lenteur de la vaccination en Algérie ce qui laisse penser que certaines mesures de confinement pourraient rester en place dans le pays jusqu'en 2022. Cela est du en grande partie à la chute des prix du pétrole, conjuguée à la baisse des volumes d'exportation, a provoqué une chute brutale des recettes d'exportation, l'industrie des hydrocarbures, qui représentait 20% du PIB en 2019, 41% des recettes fiscales et 94% des recettes d'exportation connaissant un déclin structurel En conséquence, bien que l'industrie des hydrocarbures devrait rebondir en 2021, l'activité dans le reste de l'économie mettra du temps à se redresser en raison des pertes d'emplois et de revenus et de la faible confiance des consommateurs et des entreprises. La BM estime que la croissance du PIB réel s'est contractée de 5,5% en raison de mesures de verrouillage strictes pour contenir le Covid-19 et d'une baisse simultanée de la production d'hydrocarbures, la production pétrolière tombant en dessous du quota Opep de l'Algérie. Les secteurs à forte intensité de main-d'oeuvre, tels que les services et la construction, largement concentrés dans l'économie informelle, ont été profondément touchés, entraînant la perte temporaire ou permanente de nombreux emplois.
Ainsi, la pauvreté a augmenté en 2020, en raison de la baisse de la croissance et de l'emploi, bien, qu'avec l'effritement du système d'information, les données à ce sujet fassent défaut. Selon la BM, avec la baisse structurelle des recettes des hydrocarbures, les niveaux actuels des dépenses publiques ne sont pas viables et que les politiques conçues pour générer des recettes fiscales supplémentaires doivent être complétées par des mesures visant à améliorer l'efficacité et l'équité des dépenses publiques. Bien que l'industrie des hydrocarbures doive rebondir en 2021, l'activité dans le reste de l'économie mettra du temps à se redresser en raison des pertes d'emplois et de revenus et de la faible confiance des consommateurs et des entreprises.
Pour l'Algérie, il s'agit d'éviter le mythe que les exportations de matières premières brutes et semi-brutes sont facteur de développement, ce modèle conduisant à terme le pays dans l'impasse dans la mesure où aucun pays ne s'est développé sur la base de ce modèle. Et miser toujours sur la rente des hydrocarbures actuellement étant en déclin, et dont les filières à l'aval sont contrôlés par six à sept transnationales, ne donnant pas de rente, mais un profit juste moyen, fonction de la rentabilité, ou le mythe monétaire, à savoir préserver à tout prix les réserves de change, produit de la rente sans relance économique, pouvant conduire à l'implosion sociale Remémorons-nous le déclin de l'Espagne pendant plus d'un siècle, après avoir épuisé ses stocks d'or venus d'Amérique, le cas du Venezuela premier réservoir mondial de pétrole en semi-faillite et tous ces pays riches en minerais d'Afrique, en sous-développement. Voyez l'expérience de la Roumanie communiste de Nicolae Ceausescu avec une dette nulle, des réserves de change, mais avec, une corruption généralisée et une économie en ruine. Comme il faudra éviter l'illusion de l'effet de la planche à billets car les recettes néo-keynésiennes de relance de la demande globale ne s'appliquent pas à l'Algérie qui ne souffre pas de rigidités conjoncturelles, mais de rigidités structurelles (l'offre). Durant cette conjoncture difficile, la cohésion sociale est vitale, mais évitant de distribuer des revenus sans contreparties productives qui conduisent à terme au suicide collectif. Comme il faudra tenir compte de la pression démographique souvent oubliée c'est une véritable bombe à retardement (plus d'un million de naissances chaque année entre 2015/2020 contre environ 600.000 vers les années 2000).

Pas de sentiment dans les affaires
Il y a lieu donc de procéder sans complaisance à un examen très lucide de la situation pour mieux réagir dans plusieurs segments de la vie économique et sociale: tels l'éducation-formation, le savoir pilier du développement, la santé, la modernisation de l'agriculture, la culture financière des acteurs économiques, l'efficacité de l'administration, la relance des entreprises, à travers une nouvelle politique industrielle, lutter contre les déséquilibres régionaux et les inégalités sociales, la formation civique et politique de la jeunesse et tant d'autres domaines. Dans la pratique des affaires, il n'existe pas de sentiments. L'attrait de l'investissement productif, y compris les services à valeur ajoutée, qu'il soit étranger ou national repose principalement sur huit facteurs: premièrement, sur une visibilité dans la démarché socio-économique à moyen et long terme, supposant une planification stratégique, évitant des décisions au gré de la conjoncture; deuxièmement, sur la bonne gouvernance, de profondes réformes structurelles, la corruption détournant les investisseurs créateur de valeur ajoutée; troisièmement, sur la levée des obstacles bureaucratiques centraux et locaux qui constituent le facteur essentiel du blocage, trop de procédures alors que l'investisseur agit en temps réel existant des opportunités à travers le monde et pas seulement en Algérie; quatrièmement, comme rappelé précédemment, sur la réforme du système financier lieu de distribution de la rente qui n'a pas fait sa mue depuis l'indépendance politique car enjeu énorme du pouvoir se limitant à des aspects organisationnels techniques; cinquièmement, sur la réforme du système socio- éducatif fondé sur les nouvelles technologies, avoir une main-d'oeuvre non qualifiée à bon marché n'étant plus d'actualité avec l'avènement de la quatrième révolution économique mondiale fondée sur l'économie de la connaissance; sixièmement, sur l'efficacité des start-up, malgré des compétences, qui sera limitée sans une base économique et des institutions efficientes adaptées au digital et à l'intelligence économique, risquant de renouveler les résultats mitigés, malgré de nombreux avantages, de tous ces organismes de l'emploi des jeunes;
septièmement, sur l'épineux problème du foncier car actuellement le mètre carré est trop cher et souvent les autorités attribuent souvent du terrain sans viabilisation et utilités: routes, téléphone, gaz, électricité; huitièmement, éviter des changements périodiques de cadres juridiques. Il est reconnu après les scandales financiers que la règle des 49/51%, a eu un impact néfaste permettant à certaines oligarchies proches du pouvoir d'avoir une rente sans apporter une valeur ajoutée, mais devant définir clairement ce qui est stratégique et ce qui ne l'est pas idem, pour le droit de préemption qui peut décourager tout investisseur sans compter les nombreux cas de litiges au niveau des tribunaux internationaux.
En résumé, pour des raisons de Sécurité nationale, la situation socio-économique préoccupante implique une nouvelle gouvernance et un sursaut national où après les élections législatives du
12 juin 2021, l'important pour l'avenir de l'Algérie est le redressement économique et social du fait qu'il existe un lien dialectique entre sécurité et développement. L'objectif stratégique est de mettre en oeuvre une nouvelle politique économique, autour de grands ministères dont celui de l'Économie, évitant des micro ministères pour satisfaire des clientèles qui se télescopent nuisant à la cohérence globale, une réelle décentralisation et devant s'orientant vers un véritable processus démocratique, se fondant sur une société plurielle plus participative des partis politiques crédibles et la responsabilisation pleine et entière de l'ensemble de la société, conciliant la modernité et la préservation de notre authenticité.

*Professeur des universités, expert international

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