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Salah Goudjil, Président du Conseil de la Nation, à L’Expression

«La France coloniale est coupable de génocide»

Quand il s'exprime, Salah Goudjil pèse ses mots au trébuchet. Il n' y a pas de place à l'approximation, même si parfois la rigueur du propos cède la place à la sincérité du Moudjahid pétri des valeurs de Novembre dont il s'en revendique crânement. Il est astreint à cette stricte exigence, parce qu'il est le deuxième homme de l'État et de ce fait ses propos constituent un écho, voire un amplificateur, de la parole présidentielle. Il nous a fait honneur de nous accorder un entretien à la veille du 60e anniversaire de l'Indépendance nationale, Salah Goudjil aborde l'actualité de l'heure sans fioritures. Au sujet du projet de «la main tendue du Président», il insiste sur le fait que cette initiative traduit une vision stratégique et non pas une politique conjoncturelle ou circonstancielle. Goudjil rappelle à ce propos que « la main tendue» du Président est une promesse électorale faite par Abdelmadjid Tebboune. Donc ce projet cadre bien avec son approche consensuelle. Le président du Sénat explique que ce consensus national est dicté par les diverses menaces qui nous encerclent avec leurs lots d'instabilité multiple et d'ingérences étrangères. Goudjil aime à le rappeler: le présent est toujours conditionné par le passé. À propos de ce passé tourmenté justement, le président du Sénat a délivré ce message important «notre insistance concernant ce dossier (mémoriel, Ndlr) n'est pas de maintenir le peuple algérien dans un état de révolte constante». «Nous nous attendons à ce que la France reconnaisse ses crimes commis en Algérie durant les 132 ans où elle a occupé ce pays, en essayant de changer le peuple algérien par un peuple européen.»

L'Expression: L'Algérie célébrera, dans quelques jours, le 60ème anniversaire de son indépendance. Que vous inspire ce grand rendez-vous de notre histoire en tant que Moudjahid de la première heure?
Salah Goudjil: En cette journée particulière et mémorable, je dois en premier lieu m'incliner avec beaucoup de respect à la mémoire de nos glorieux Chouhada qui ont donné leurs vies pour libérer et affranchir le pays d'un colonialisme de peuplement abject sans équivalent à travers toute l'histoire de l'humanité.
En second lieu, je me dois également de rendre un hommage particulier, à mes compagnons de lutte Moudjahidette et Moudjahidine qui sont encore en vie pour leur apport dans la libération de l'Algérie et le développement du pays. Nous célébrons, cette année, le 60ème anniversaire de cette indépendance reconquise grâce à une Révolution qui reste unique de par sa grandeur et son aura, sachant aussi, que notre pays a institué le 5juillet, Fête de l'Indépendance et de la Jeunesse, en reconnaissance de la lutte et des sacrifices de jeunes artisans de la liberté de l'Algérie. Par ailleurs, quand on évoque la date du 5 juillet, nous nous rappelons le choix de jumeler les fêtes de l'indépendance et de la jeunesse, un choix qui traduit visiblement une volonté profonde d'assurer le prolongement du combat mené, hier, par des jeunes qui ont combattu le colonialisme pour que l'Algérie soit indépendante, tout comme à l'heure actuelle, où les jeunes générations sont appelées à fournir plus d'efforts pour
bâtir l'Algérie nouvelle. L'indépendance de l'Algérie a été arrachée au prix fort payé par des générations de résistants et de militants qui se sont succédé pour briser la matrice coloniale. La journée mémorable du 5 juillet consacre aussi l'aboutissement de la Révolution du 1er Novembre 1954, fruit d'un lourd tribut payé par notre Peuple. Enfin, célébrer cette journée nous rappelle, celle vécue le 5 juillet 1962 où des foules en liesse sont descendues dans les villes et les douars pour fêter un moment imprescriptible qui met fin à cent trente-deux ans de colonisation. Le Peuple qui s'est dressé comme un seul héros a su faire preuve d'anticipation en dépassant tous les clivages pour entamer la grande marche vers l'émancipation et le développement malgré toutes les difficultés et les blocages qu'il a eu à connaître.

Dans le sillage de la célébration de ce 60ème anniversaire, le président de la République a lancé l'initiative de «la main tendue». Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce projet dont les contours restent flous pour l'instant?
D'abord il serait juste de souligner que le président de la République avait dit lors de sa campagne que s'il était élu, il serait le président de tous les Algériens, donc, ce projet de «main tendue» cadre bien avec son approche consensuelle, ce qui démontre encore une fois, que ses engagements ne sont pas de simples promesses électorales, mais plutôt un projet national qui se concrétise graduellement. Cette initiative traduit véritablement une vision stratégique et non pas une politique conjoncturelle ou circonstancielle. Elle symbolise aussi une approche de rassemblement qui a pour but essentiel de réunir toutes les franges composant le peuple algérien et de consolider l'unité nationale dans le but de servir les intérêts suprêmes de l'Algérie. C'est pourquoi, nous disons que les Algériennes et les Algériens sont conviés à se mobiliser autour des institutions et à s'engager autour du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, dans son projet de renouveau national pour l'édification d'une nouvelle Algérie. Et là, je ne cesserai jamais de saluer le dévouement de l'Armée nationale populaire (ANP) digne héritière de l'Armée de Libération nationale (ALN) à ses missions constitutionnelles, consistant à préserver l'indépendance, à défendre la Souveraineté nationale et à déployer des efforts considérables aux côtés des différents corps de sécurité pour garantir la défense, la sérénité et la stabilité de notre pays.

Dans vos différentes interventions vous insistez sur les dangers qui menacent la stabilité de l'Algérie et soulignez la nécessite de consolider un front intérieur. Comment, selon vous, s'exprime concrètement cette «menace extérieure»?
Il n'y a que celui qui ne veut pas voir la réalité en face qui ne peut apercevoir ces menaces. Je commence par rappeler que notre pays est totalement encerclé par des situations de conflits et de tensions avec leurs lots d'instabilité multiple, d'ingérences étrangères et de menaces sécuritaires complexes. Ensuite, vous devrez inclure dans ce tableau la tendance belliqueuse du voisin de l'ouest et qui s'est aggravée après la normalisation de ses relations anciennes avec l'entité sioniste en acceptant la soumission et la servitude... Par ailleurs, vous n'avez qu'à consulter les réseaux sociaux pour vous rendre compte de l'ampleur de ces manoeuvres et velléités déstabilisatrices ciblant notre pays et sa Souveraineté nationale. Raisons pour lesquelles et encore une fois, je dirai que toutes ces menaces et tous ces défis, me laissent croire qu'il est impératif de consolider un front interne uni pour la sauvegarde des intérêts suprêmes de notre pays.

La relance économique est une donne essentielle dans la stabilité du pays. Selon vous, peut-on faire de l'année 2022 une année économique?
Durant ces deux années et demie du mandat présidentiel, l'Algérie a pu réaliser les principaux équilibres nécessaires pour asseoir une assise de construction solide d'une Algérie nouvelle, à travers l'adoption d'une stratégie globale fondée sur une profonde révision constitutionnelle consensuelle et une vision politique claire à même de ressouder les liens de confiance du peuple en son Etat. Cette démarche a eu comme objectifs aussi le renforcement de l'arsenal juridique relatif à la lutte contre la corruption, la garantie de la transparence et le parachèvement de l'édification de l'Etat de droit. Dans ce cadre, le pays a connu un processus de renouvellement de la classe politique, par le biais d'une reconfiguration de la composante politique de l'Assemblée populaire nationale (APN) à l'issue des législatives de juin 2021 et des Assemblées populaires communales et de wilayas à l'issue des locales de novembre 2021, puis avec le renouvellement partiel du Conseil de la Nation avec plus d'implication de la société civile, du mouvement associatif et de la catégorie des jeunes. Il y a eu également un processus de mise en place de nouvelles institutions couronné par la promotion du Conseil constitutionnel en Cour constitutionnelle indépendante, aux larges prérogatives puis l'installation de plusieurs institutions constitutionnelles consultatives dont celle du Conseil supérieur de la jeunesse qui a eu lieu dernièrement. À partir de l'année actuelle, le pays s'active à accélérer la relance économique, après une conjoncture sanitaire exceptionnelle et des effets négatifs de la situation économique mondiale. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a de tout temps affiché sa volonté politique d'accélérer la relance économique en dépit de toutes les contraintes endogènes ou exogènes. Il avait même affirmé que «l'année 2022 sera celle du décollage économique dans une Algérie ouverte à la coopération avec tous les partenaires». Dans cet ordre d'idées, la relance économique devient un objectif stratégique qui prend forme petit à petit à la faveur des mesures prises par les autorités publiques, notamment avec la rationalisation des dépenses publiques, la diversification de l'économie nationale et l'atténuation de la dépendance aux hydrocarbures, tout en maintenant la subvention de l'Etat qui sera destinée aux catégories vulnérables dans l'objectif de protéger les acquis sociaux. Toutes les bonnes volontés sont mobilisées pour réunir les conditions d'une relance économique nationale avec une vision inclusive visant à adapter l'économie nationale aux normes de connaissance et de compétence. Cela implique également, l'adhésion de tout un chacun pour la levée des entraves bureaucratiques, se libérer des mentalités de la rente et contrer les tentatives de démoralisation. Cependant, certains acteurs de la classe politique font preuve de réticence à l'égard de cette démarche et apportent par leurs déclarations de l'eau au moulin des tenants du négativisme à l'égard de notre pays, notamment à l'étranger et des fois ils sont plus acerbes que ces derniers.

Au plan diplomatique, l'Algérie marque son retour en s'imposant comme acteur incontournable. Cette nouvelle donne n'est-elle pas la cause des plans de déstabilisation contre notre pays?
L'impact direct de cette dynamique globale de changement que connaît le pays depuis l'élection du président de la République, a renforcé davantage l'indépendance de la décision politique. Elle a consolidé également les positions souveraines de l'Etat algérien et consacré le principe de réciprocité dans nos relations diplomatiques avec les autres pays, les différentes organisations et alliances internationales. Partant de ce constat, l'approche stratégique élaborée par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, pour conforter le rôle de l'Algérie aux plans régional, continental et mondial, a permis à notre pays de réaliser des avancées remarquables en matière de redéploiement diplomatique et de reprendre sa véritable place après un net recul des années durant, en s'imposant comme un acteur incontournable dans plusieurs dossiers.
L'Algérie privilégie toujours dans sa politique étrangère une démarche fidèle aux principes fondamentaux de l'Etat algérien, à savoir la voie du dialogue et les moyens diplomatiques pour la résolution des conflits et crises régionales ou internationales.
C'est pourquoi, l'action diplomatique algérienne a marqué ces deux dernières années sa présence dans les efforts de règlement de nombreuses situations conflictuelles en Afrique, notamment dans la région, comme la Libye, le Mali et le Sahara occidental, en participant à des sommets internationaux ou en échangeant directement avec les acteurs concernés.
Grâce à la politique extérieure judicieuse et pertinente que dessine le président de la République, l'Algérie est respectée et sa voix est de plus en plus écoutée ce qui également consacre la consolidation de la place de l'Algérie dans le concert des nations.

Sur la question de la mémoire, vous soutenez qu'elle doit être traitée dans le cadre d'un dialogue d'Etat à Etat, indépendamment des personnes et des groupes. C'est une manière pour vous d'extirper ce dossier des polémiques médiatiques mémorielles qui se jouent dans l'espace public?
Quand on évoque ce dossier de la mémoire, nous pouvons constater aisément que ces deux dernières années ont été celles de «la Mémoire» par excellence, car elles ont été marquées par la récupération des crânes des Chouhada et le lancement d'une chaîne de télévision dédiée à la Mémoire. Ensuite, le président de la République a décrété la journée du 8 mai «Journée nationale de la Mémoire» et décrété l'observation d'une minute de silence, le 17 octobre de chaque année, à la mémoire des Chouhada des massacres du 17 octobre 1961 à Paris. Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a clairement souligné à plusieurs reprises, tout l'attachement qu'il accorde à la question de la Mémoire en considérant que la question mémorielle, élément fondateur de notre identité, est indissociable de la Souveraineté nationale et constitue l'un des socles sur lesquels se construit la nouvelle Algérie. Elle a aussi figuré en bonne place parmi les 54 engagements de son programme électoral pour une nouvelle République.
En tant que Moudjahid, je voudrais bien revenir sur quelques notes en rapport avec cette problématique centrale qu'est la Mémoire.
Nul ne doit oublier qu'un Peuple vaillant comme le nôtre qui a, jadis, rompu les chaînes d'un rude système colonial ayant duré un siècle et demi, en luttant, combattant et en se sacrifiant par amour pour sa patrie, mû en cela par une forte volonté de reconstruire son pays après l'indépendance, ne peut aucunement négliger la question de la mémoire. Toutefois, l'objectif recherché par notre insistance concernant ce dossier n'est pas de maintenir le peuple algérien dans un état de révolte constante, même s'il l'est de nature, mais notre principal souci est la vérité, rien que la vérité. Nous nous attendons à ce que la France reconnaisse ses crimes commis en Algérie durant les 132 ans où elle a occupé ce pays, en essayant de changer le peuple algérien par un peuple européen.
Le Peuple algérien entier demeure sourcilleux et intransigeant dès que l'on touche à l'indépendance du pays, à la colonisation et à ses exactions, cela est tout à fait naturel car la lutte pour l'indépendance nous a collé à tout jamais à la peau.
Par conséquent, on ne peut oublier ou effacer par n'importe quel procédé que ce soit, le génocide humain, le génocide culturel et le génocide identitaire dont la France coloniale reste coupable.
Cette réalité historique que nous connaissons si bien et mieux que quiconque, nous fait rouvrir malgré nous nos pages d'histoire et celles de la colonisation. Cependant, pour ce qui est de l'écriture de cette histoire, nous comptons sur nos historiens qui doivent jouer un rôle prépondérant dans ce sens.
On constate que la volonté sincère des deux Présidents Tebboune et Macron est régulièrement entravée par des déclarations et des actions lancées par des lobbies colonialistes?
Nous savons que l'objet de controverse jusqu'à nos jours avec certains milieux politiques et intellectuels en France est tout ce qui a trait au débat mémoriel, car ils sont nostalgiques d'une époque révolue, celle d'un colonialisme qui a commencé un matin de juillet 1830 par un fait de bandits en s'emparant du trésor important de la Casbah (Dar el Mal) et qui s'est suivi par des crimes coloniaux sans égal.
Ces lobbies n'ont pas voulu admettre que la résilience admirable du peuple algérien a fini par vaincre ce colonialisme abject dont ils se revendiquent, c'est pourquoi ils ne cesseront jamais de bloquer tout rapprochement entre Alger et Paris, particulièrement, quand ils savent que notre relation avec la France ne sera pas apaisée tant que la France ne reconnaîtra pas son crime colonial.

Des collectifs d'Algériens suggèrent la construction d'un mémorial pour les étrangers ayant défendu au péril de leur vie la cause algérienne...
Dès l'indépendance de l'Algérie, en juillet 1962, les autorités ont pris en charge l'édification de monuments commémoratifs. Elle s'est poursuivie par la suite avec l'accompagnement de l'Organisation nationale des moudjahidine créée en 1963.
Les monuments commémoratifs de la guerre de libération et d'indépendance retracent l'histoire de l'Algérie combattante. L'édification de ces monuments contribue à la consécration du consensus national autour d'un événement fondateur qui est notre Révolution nationale, à laquelle? effectivement, ont participé des Européens ayant lutté avec nous pour l'indépendance de l'Algérie.
Dans ce cadre il faut rappeler que la stèle commémorative de Maurice Audin, militant de la cause algérienne assassiné par l'armée coloniale française, a été inaugurée le 05 juin passé à la place portant son nom à Alger, et ce à la veille de la commémoration du 65ème anniversaire de sa tragique disparition.
Cet événement confirme à la fois la consécration de la grandeur et la bravoure de ce partisan de l'indépendance qui a sacrifié sa vie pour la cause algérienne, et consacre également la reconnaissance de la contribution de militants européens dans la lutte pour l'indépendance. Par conséquent, il n'y'a pas à mon sens d'inconvénient à ce qu'un mémorial leur soit dédié.

Si on vous demandait de donner un message aux jeunes générations, que leur diriez-vous M. le Président?
Mon message consiste à leur dire que l'amour de la patrie doit être une constante indéfectible et que la consolidation de la libération exige la poursuite de l'édification nationale, notamment pour bâtir une Algérie nouvelle qui doit être l'oeuvre de notre jeunesse porteuse de toutes nos espérances. Pour ce faire, elle doit s'armer de savoir, de connaissance et de compétence.
Gloire à nos Martyrs, Vive l'Algérie éternelle!

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