AHMED OUYAHIA
«La sécurité, une nécessité de la démocratie»
L´ancien chef de gouvernement, l´un des principaux initiateurs du dialogue pouvoir-archs, n´est pas allé par quatre chemins pour se positionner par rapport à la question en rapport avec le retour des brigades de la Gendarmerie nationale en Kabylie.
Il a déclaré, jeudi dernier à Blida, que «le retour des services de sécurité à travers le territoire de la wilaya de Tizi Ouzou est une nécessité pour la démocratie, la citoyenneté et pour la protection des biens et des personnes.»
La déclaration de Ahmed Ouyahia intervient quelques jours après la sortie médiatique du wali de Tizi Ouzou, annonçant le redéploiement dudit corps de sécurité et au lendemain de l´action de protestation des archs. Laquelle manifestation a conduit à l´interpellation, pour quelques heures, des délégués du mouvement citoyen.
En prenant le soin d´associer le retour des gendarmes «à une nécessité pour la démocratie» dans toute la région, l´ex-chef de gouvernement donne l´impression d´assumer le dialogue et insinue que ce dernier est clos. En effet, Ahmed Ouyahia, qui a engagé le processus avec l´interwilaya des archs, est allé assez loin dans les promesses faites aux 20 animateurs, délégués par le mouvement citoyen pour conduire le dialogue.
L´engagement, au nom de l´Etat algérien, à mettre en oeuvre la plate-forme d´El Kseur constitue, en soi, une promesse qui n´est manifestement pas encore tenue, réduisant, de fait, le fameux dialogue à sa plus simple expression.
Et pour cause, les principaux points de la plate-forme d´El Kseur n´ont pas encore été satisfaits par les pouvoirs publics. Parmi les revendications premières du mouvement citoyen, le retrait de toutes les brigades de gendarmerie de Kabylie figure en bonne place.
Ainsi, à travers sa déclaration, Ouyahia recentre sa position sur la question du dialogue et donne une portée politique à la décision de l´Etat de faire revenir la gendarmerie à Tizi Ouzou, notamment.
Le secrétaire général du RND, a, en effet, insisté sur le fait que «la question de la sécurité doit être réglée par l´Etat dans le cadre de la prise en charge de ses responsabilités». Une mission, très difficile à assumer dans le contexte que vit, présentement, la Kabylie, puisque l´on relève un déficit en sûretés de daïras et de brigades de gendarmerie, qui a donné l´occasion au crime de droit commun de «fleurir» en Kabylie. Un constat que Ouyahia déplore et parle de «triste record enregistré par la wilaya de Tizi Ouzou en matière de criminalité».
En fait, cette sortie de l´ancien chef de gouvernement est synonyme de rupture entre lui et les archs en matière d´appréciation de la situation sécuritaire en Kabylie.