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Le professeur Sidi Mohammed Bouchenak Khelladi, président du Cnese, à L’Expression

«Le CNESE est l’éclaireur des pouvoirs publics»

Installé, il y a exactement six mois, à la tête du Conseil économique social et environnemental, le professeur Sidi Mohammed Bouchenak Khelladi n'est pas un novice dans les rouages des institutions de la République pour avoir occupé de hauts postes de responsabilité depuis des années. C'est une évidence puisqu'il a fait partie des premières promotions de diplômés sortis de l'Université algérienne après 1962. Après un diplôme en sciences financières et commerciales en 1975 à l'université d'Alger, il s'envole pour la Grande- Bretagne et ne reviendra qu'en 1982, avec dans ses bagages intellectuels un PhD in Management Science, University of Swansea. Mais ce qui retient l'attention chez ce cadre de valeur, ce sont ses prestigieuses distinctions internationales. En effet, en 2005, il a été désigné Éducateur international de l'année 2005 et 2006 par l' «International Biographical Centre» de l'université de Cambridge en Angleterre. Et en mars 2008, il a été nommé parmi les 2000 intellectuels remarquables du XXIe siècle pour figurer dans l'Oxford English Dictionary. C'est cet homme qui s'est prêté modestement au jeu des questions- réponses de L'Expression pour nous éclairer sur les visions de son institution, ses projections et sa contribution dans la construction de la nouvelle Algérie.

L'Expression:L'Assemblée générale extraordinaire de la Ligue des Conseils économiques et sociaux arabes aura lieu demain, à Alger. Comment se prépare le Cnese pour cet événement?
Sidi Mohammed Bouchenak Khelladi: Permettez-moi de rappeler d'abord que cette organisation régionale a été créée à l'initiative des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires arabes et sous les auspices de l'Organisation arabe du travail. Elle a tenu son premier congrès constitutif à Alger en 2015 et l'Algérie avait alors été choisie pour abriter son siège et assurer son secrétariat général.
Par ailleurs, l'Algérie avait été élue à la présidence de la Ligue pour un mandat de trois ans, succédée par le Liban jusqu'en 2019. Depuis, la situation pandémique qui a prévalu dans le monde a fait que pendant trois années les activités des différents organes et instances de la Ligue étaient de facto gelées. En juin 2021, et à l'initiative de l'Algérie, une réunion extraordinaire du Conseil d'administration de la Ligue s'est tenue en visioconférence. Elle a abouti à un certain nombre de décisions, dont la plus importante a été l'approbation de la proposition de l'Algérie d'accueillir l'Assemblée générale extraordinaire dans la capitale algérienne.
Il importe de signaler que tous les membres de la Ligue ont confirmé leur participation à ce rendez-vous, placé sous le Haut patronage du président de la République, Monsieur Abdelmadjid Tebboune, qui vise à insuffler un nouvel élan à l'organisation en renouvelant ses structures et en relançant ses activités. D'ailleurs, cette session extraordinaire verra l'élection du nouveau président de la Ligue des Conseils économiques et sociaux arabes et institutions similaires ainsi que l'adoption de son plan d'action pour la période 2022-2025.

La présidence de cette institution doit revenir à un pays du Maghreb, après le Liban. Quelle sera la plus-value diplomatique si l'Algérie arrive à reprendre la tête des Conseils économiques et sociaux arabes, surtout que nous sommes à quelques mois de la tenue de la réunion de la Ligue arabe prévue à Alger?
La reprise de la présidence, quoique importante, ne peut aucunement constituer une fin en soi tant notre pays, l'Algérie, a toujours inscrit son action inhérente au travail arabe commun parmi les priorités de sa politique étrangère. S'agissant de l'institution qui est la nôtre, en l'occurrence la Ligue des Conseils économiques et sociaux arabes et instituions similaires, dont l'Algérie aura, demain, le privilège d'accueillir son Assemblée générale extraordinaire, celle-ci représente une nouvelle pierre apportée à l'édifice arabe commun, à la faveur d'une démarche à laquelle ont pris part nombre de pays arabes frères, lesquels ont investi leur confiance en notre pays en lui confiant l'organisation des réunions de ses instances dirigeantes.
Par ailleurs, la convocation de l'Assemblée générale extraordinaire à Alger préside d'une vocation jamais démentie de l'engagement de l'Algérie pour asseoir des règles d'interaction et de coopération pérennes au sein du monde arabe dont l'Algérie n'a de cesse agi en vue de conjuguer les efforts de façon à faire face aux défis que connaît le monde en général et le monde arabe en particulier.

Les difficultés économiques antérieures à la Covid-19 sont toujours là, aggravées par la pandémie et le contexte sécuritaire mondial instable, entraînant une flambée des prix des produits de première nécessité. Que faire face à cette situation critique?
La crise sanitaire mondiale provoquée par la pandémie de la Covid-19 a engendré des bouleversements majeurs sur le plan social, économique et politique pour un grand nombre de pays. L'Algérie n'a pas été épargnée par ce fléau et ses perspectives économiques ont été impactées.
Dans un contexte marqué par une tendance haussière qui affecte le pouvoir d'achat des Algériens et dans le but d'éviter les conséquences de la crise ukrainienne, depuis la mi-février, Monsieur le président de la République a ordonné au gouvernement de prendre toutes les mesures et procédures visant à faire éviter aux citoyens l'impact de la flambée vertigineuse des prix dans les marchés internationaux durant l'année en cours jusqu'à leur stabilisation.
Ainsi, un ensemble de mesures courageuses dont l'augmentation des salaires, la révision de l'impôt sur le revenu global, le gel de tous les impôts et taxes sur certains produits alimentaires de large consommation, le gel de l'ensemble des opérations d'exportation de produits alimentaires afin d'éviter au pays des tensions sur certains produits de large consommation, le renforcement de la lutte contre les fléaux du gaspillage, de la contrebande aux frontières et de la spéculation ont été rendues effectives.
Par ailleurs, l'Etat s'est engagé à couvrir la différence des prix des produits destinés aux citoyens par l'Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic) et ce, compte tenu de l'augmentation des prix à l'international. Aussi, dans l'objectif de renforcer les stocks en denrées alimentaires de base, dont les prix ont atteint des records inégalés sous l'effet de l'aggravation de la crise ukrainienne.
L'Oaic a, ainsi, multiplié les appels d'offres sur les marchés mondiaux pour l'achat de blé. Il s'agit là, de mesures à court terme alimentées par une conjoncture pétrolière favorable à une hausse des cours sur le marché mondial, en attendant que le conflit opposant les deux plus grands producteurs et exportateurs mondiaux de blé, s'estompe.
À long terme, la nouvelle donne géopolitique et économique à travers le monde impose la reconstruction d'une économie forte pour assurer une sécurité et souveraineté alimentaires pérennes en tenant compte des contraintes climatiques et de la rareté de l'eau, de la limite des surfaces arables et des besoins alimentaires du pays. Il est résolument urgent de s'orienter vers une économie productive des biens et diversifiée pour réduire les importations, et d'ajuster les disponibilités, notamment les importations, aux besoins réels du pays en luttant contre le gaspillage. Enfin, une politique de soutien à la production locale et aux investisseurs s'impose afin de sécuriser à long terme l'approvisionnement du pays en biens alimentaires.

Le Cnese a toujours accordé dans ses communications et analyses un intérêt particulier pour les ressources humaines et à la jeunesse. Or, nous assistons au regrettable phénomène de la fuite des cerveaux en plus de celui des harraga. Avez-vous fait des propositions dans ce sens au gouvernement?
L'exode de la ressource humaine qualifiée a toujours suscité un intérêt particulier pour le Conseil. Récemment, et plus précisément en avril 2022, nous avons élaboré un projet d'étude sur la fuite des compétences traitant la problématique du point de vue des politiques de rétention et d'attraction du capital humain qualifié, mises en place par les pouvoirs publics et comment mettre à profit l'expérience de la diaspora dans le développement socio-économique de notre pays.
Cette étude recommande, entre autres, l'adoption de politiques visant à améliorer la gouvernance, à consolider les institutions et à renforcer la qualité des services publics. Elle préconise également d'enrichir et d'améliorer l'offre de formation dans l'enseignement supérieur, d'accroître la productivité et d'offrir des salaires plus compétitifs dans les métiers fortement qualifiés, de lutter contre la discrimination à l'encontre des femmes sur le marché du travail et de développer la connectivité.
En somme, le moyen le plus efficace à long terme pour endiguer la fuite des cerveaux, selon cette étude, est d'offrir à cette ressource humaine les raisons de rester dans son pays, en lui assurant des emplois adéquats, davantage de perspectives et un niveau de vie plus élevé. Ce, à quoi s'attellent à accomplir les pouvoirs publics sous l'impulsion de monsieur le président de la République.
S'agissant de l'émigration irrégulière, connue sous le terme populaire de la «harga», ce phénomène n'est pas nouveau, ni propre à l'Algérie; il prend de l'ampleur dans le monde, surtout avec l'amplification des déséquilibres de niveau de développement entre les pays du Nord et du Sud.
La maîtrise de ce phénomène et son élimination nécessitent une réponse qui doit être pensée dans une approche globale incluant plusieurs dimensions puisque les causes qui en sont à l'origine sont nombreuses et sont de nature multiple.
En ce sens, la solution sécuritaire qui est nécessaire, ne peut être, à elle seule, suffisante.
D'autres solutions doivent être initiées ou renforcées. Le premier facteur sur lequel il serait pertinent d'agir est celui d'offrir plus d'opportunités de réussite aux jeunes. Cela implique, en premier lieu, une formation qui soit en adéquation avec les besoins du marché.
Il y a lieu, également, de combattre la pauvreté et les effets de la cherté de la vie.
De multiples mesures et dispositifs ont déjà été mis en place pour aider les personnes vulnérables et favoriser leur insertion professionnelle, notamment les jeunes. Néanmoins, pour plus d'efficacité, le ciblage des populations bénéficiaires devrait être amélioré. Il faudra aussi travailler sur le sentiment de confiance et d'espoir chez les jeunes. Sur ce point, le Conseil spérieur de la jeunesse qui sera installé ce lundi est un mécanisme qui permettra aux jeunes de participer à la vie active du pays pour son édification et son développement. Au niveau de la coopération régionale, il y a lieu de travailler avec l'objectif de renforcer la prise en compte du principe de libre circulation des personnes.

Les investissements directs étrangers (IDE) ont été évalués à 403 millions de dollars pour l'année 2021. Le montant est dérisoire, même si on était dans un contexte de pandémie. Comment voyez-vous l‘évolution de ces IDE, notamment avec la promulgation du nouveau Code des investissements?
Dans son rapport sur l'investissement dans le monde, édition 2022, la Cnuced a estimé, qu'en 2020, les investissements directs étrangers (IDE) mondiaux ont baissé de 35%, passant de 1481 milliards de dollars en 2019 à 963 milliards de dollars en raison de plusieurs restrictions dues à la pandémie de Covid-19, notamment des fermetures d'entreprises, d'usines de fabrication et de chantiers de construction, pour freiner la propagation du virus. En 2021, les IDE mondiaux ont fortement augmenté, notamment dans les énergies renouvelables et l'immobilier industriel, atteignant 1582 milliards de dollars, soit une augmentation de 64%. Néanmoins, les IDE vers l'Afrique du Nord ont continué de baisser, atteignant 9,3 milliards de dollars en 2021, soit 5% de moins qu'en 2020 (9,8 milliards de dollars en 2020 et 13,5 milliards de dollars en 2019). À l'instar d'autres pays de la région comme l'Égypte et le Soudan, les flux d'IDE vers l'Algérie ont chuté de 23,8%, passant de 1,143 milliard de dollars en 2020 à 870 millions de dollars en 2021.
La nouvelle loi relative à la promotion de l'investissement en voie d'adoption, qui est basée, notamment sur le principe de la liberté d'investissement, et qui prévoit la création d'un guichet unique à compétence nationale, pour les grands projets et les investissements étrangers, devrait encourager les investissements étrangers dans notre pays. Ceux-ci permettront à notre pays d'intégrer les chaînes de valeur internationales à travers le transfert de nouvelles technologies innovantes, de créer davantage d'emplois qualifiés et d'améliorer l'accès aux marchés internationaux.

Le Cnese a toujours milité pour la reconsidération de l'Accord d‘association avec l'UE. Maintenez-vous cette revendication?
Effectivement, le Conseil national économique, social et environnemental a toujours aspiré la révision de l'Accord d'association pour une approche bilatérale «gagnant-gagnant» comme l'a affirmé Monsieur le président de la République en octobre dernier.
Actuellement, l'Union européenne est considérée comme le principal partenaire économique de l'Algérie avec un volume d'échange de 83,46% du total des accords préférentiels. L'évaluation des échanges de et vers l'Union européenne démontre un déséquilibre entre les importations évaluées à six (06) milliards USD pour l'année 2021 contre deux (02) milliards USD d'exportations hors hydrocarbures. La révision de l'Accord d'association devra s'articuler sur l'équilibre des échanges commerciaux, visant à lever les obstacles pour permettre aux produits algériens, de mieux se positionner sur les marchés européens et de gagner de nouvelles parts de marché.
Il ne faut pas perdre de vue que la volonté de révision dudit accord s'inscrit dans le contexte des réformes économiques et structurelles profondes engagées par les pouvoirs publics, et ce afin de créer une cohérence et une synergie entre l'appareil économique et la politique du commerce extérieur. Autrement dit, le renforcement du rôle de la diplomatie économique, la promulgation de la loi relative à la promotion de l'investissement et de la loi relative à l'exploitation des zones franches, sont autant de mesures prises par les pouvoirs publics contribuant à la création de cette cohérence.

De nombreux chantiers économiques sont ouverts. Sur quoi porteront les prochains travaux de votre institution?
Lors de la dernière Assemblée générale du Conseil national économique, social et environnemental, une feuille de route s'étalant sur trois années et contenant des projets de travaux touchant aux trois dimensions du Conseil, à savoir: les dimensions économique, sociale et environnementale, a été adoptée. Ces travaux menés par les sept commissions qui composent le Conseil et, en référence aux 54 engagements de monsieur le président de la République, visent à formuler des recommandations aux pouvoirs publics sur les enjeux stratégiques de l'heure.
Pour ce semestre, il est question des thématiques suivantes: le développement territorial et la cohésion sociale, l'éducation, l'e-gouvernance, la numérisation du secteur de la santé, la filière lait, le climat et la transition énergétique, l'adaptation pour un développement durable en Algérie, la sécurité alimentaire, la diplomatie économique et le renforcement de la démocratie participative.
Ces travaux, feront, bien entendu, l'objet de rapports circonstanciés qui seront remis à Monsieur le président de la République.

L'Algérie célèbre le 60ème anniversaire de son indépendance. Avez-vous un mot à dire en tant que président du Cnese à l'occasion de ce rendez-vous de notre Histoire?
La glorieuse révolution algérienne est et restera l'une des plus grandes épopées pour la libération des peuples que le monde ait connues. Elle est et elle restera une source d'inspiration et de fierté pour les générations à venir. La célébration du 60ème anniversaire de notre indépendance est un moment de recueillement à la mémoire de nos valeureux martyrs dont le sacrifice suprême nous permet, aujourd'hui, d'être libres et souverains dans notre pays. C'est surtout une occasion pour nous d'être, plus que jamais, unis et solidaires face aux menaces, à l'adversité et aux défis que nous imposent les contingences régionales et internationales du fait des soubresauts que connaissent les relations internationales dans un monde de plus en plus déstructuré et de plus en plus agité. Vive l'Algérie et Gloire à nos martyrs!

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