La trajectoire financière 2025-2027/Travaux publics, industrie minière, énergies renouvelables, agriculture, dessalement de l'eau de mer et hydrocarbures
Le grand bond
L'année 2027 verra l'entrée en production d'innombrables mégaprojets.
Les députés débattent depuis, hier, un projet de loi de finances historique. Il n'est pas un acteur politique dans le pays qui n'ait pas pris conscience du virage stratégique que négocie le gouvernement avec la loi de finances 2025. Ce texte, de loin le plus lourd dans les annales de la République, est, en réalité, la première marche d'une trajectoire à trois phases censée placer l'économie nationale en orbite de ce qu'on pourrait qualifier de la puissance. Les 125 milliards de dollars du budget de l'exercice 2025, les 72 milliards de réserves de change, les 1 800 milliards de dinars du Fonds de régulation des recettes, constituent les digues qui vont supporter d'éventuelles tempêtes financières qui pourraient s'abattre sur l'économie nationale.
La démarche budgétaire pensée sur trois années, de 2025 à 2027, est dédiée principalement au soutien aux investissements et incontestablement aux investissements publics dans d'exceptionnels projets lancés par l'Exécutif avec l'association de grandes entreprises internationales. Dans les travaux publics, l'industrie minière, les énergies renouvelables, l'agriculture, le dessalement de l'eau de mer et les hydrocarbures, l'Algérie a ouvert des chantiers pharaoniques. Retenons que trois immenses mines, au sud-ouest, au centre et à l'extrême est du pays sont toutes en phase de démarrage. La logistique censée sous-tendre ces mégaprojets est quasi prête. Un précédent dans les annales du pays: le timing est respecté, les engagements des opérateurs aussi. Les cinq stations de dessalement de l'eau de mer qui propulseront l'Algérie en tête de liste des pays africains dans ce domaine, démarreront bel et bien la production dans le courant du premier trimestre 2025. La vingtaine d'usines d'électricité photovoltaïque seront fonctionnelles à l'horizon 2026.
Dans le secteur agricole, on ose à peine sérier les très nombreux projets qui, à terme, remiseront l'année agricole 2023-2024 au musée, malgré son éclatant succès. On retiendra à propos de l'agriculture dans le sud du pays et les Hauts-Plateaux, le projet «Baladna» de production de lait en poudre, le projet du groupe italien «Best Food» (BF) de production de céréales et de légumineuses, le projet de l'entreprise «Tafadis», filiale de Madar Holding, dans les wilayas d' Ouargla et de Touggourt, sur une superficie de plus de 20 000 hectares, pour la production de betterave sucrière et une unité de transformation d'une capacité de 60000 tonnes/jour, avec un objectif de production de 720000 tonnes/an, en plus de la production d'autres cultures stratégiques dans le cadre du programme de rotation des cultures. Annonçons également le projet d'investissement algéro-saoudien dans la commune de Hassi Gara, dans la wilaya d'El Menia, sur une superficie de 20000 hectares, pour la production agricole et l'élevage du bétail et l'important investissement dans le cadre d'un partenariat algéro-chinois dans la filière de l'aviculture et des cultures stratégiques, au niveau de la wilaya d'Adrar.
À cela, il faut ajouter les mégaprojets du rail, destiné à réaliser un maillage dense des Hauts-Plateaux et du sud du pays et lier ces deux régions aux villes du nord, aux ports de l'ouest, du centre et de l'est.
Tous ces chantiers sont cofinancés par le Trésor public et les entreprises des pays partenaires. Et convaincre autant de géants à investir des dizaines de milliards de dollars n'est pas donné à n'importe quel pays. L'effort à déployer est immense.
L'Algérie a pris la résolution de le faire et tracer pour cela la voie censée la mener à l'émergence. Les trois lois de finances qui vont accompagner ce déploiement exceptionnel de toutes les filières industrielles et agricoles à l'unisson représente la colonne vertébrale juridique d'un rêve qui a pris naissance en décembre 2019 et qui connaît ces jours-ci un début de concrétisation. Il va de soi que cette trajectoire financière qui a déjà été «pensée» en 2017, sans succès, n'aurait pu trouver un chemin vers la concrétisation, sans les trois déplacements stratégiques du président de la République en Russie, en Chine et en Italie. Il fallait donc baliser le terrain et cela ne s'est pas seulement fait par ces visites, mais aussi par un gigantesque effort de mise en ordre de bataille d'un secteur économique qu'il fallait soustraire à la bureaucratie. Le chantier n'est pas fini et la loi de finances 2025 atteste du travail qu'il faut encore abattre pour débarrasser le pays de ce fléau.
En définitive, on retiendra les déclarations du président Tebboune sur les 400 milliards de dollars de PIB, l'autosuffisance en produits stratégiques, la fin du stress hydrique, le décloisonnement du sud du pays et surtout la diversification de l'économie nationale. Et pour cause, la loi de finances 2027 verra l'entrée en production de tous les projets cités plus haut. À cette échéance, l'Algérie aura fait son grand bond en avant.