Mouvance islamiste
Le potentiel électoral s'amenuise
La base islamiste préfère voter et donner sa voix à un candidat porteur d'un projet national.
L'élection présidentielle anticipée du 7 septembre prochain sera un véritable test pour la mouvance islamiste en matière d'électorat et de potentiel. L'émiettement des islamistes et leur division ne favorisent pas une gestion efficace et rigoureuse des voix de leurs adeptes en faveur d'un candidat portant l'étendard de l'islam politique. Le mouvement de la société pour la paix, le MSP, ne dispose pas d'un électorat islamiste massif. La composition de la mouvance islamiste est tellement complexe et «ombrageuse» que le MSP se verra soutenu et défendu par une infime force islamiste dont la base est dépourvue d'existence comme c'est le cas du Mouvement d'Ennahda qui a exprimé son soutien clair et net au candidat du MSP, à savoir son président, Abdelali Hassani Cherif.
Cette aide n'est pas déterminante en termes de calculs politiques propres au représentant unique de la mouvance islamiste durant la prochaine élection présidentielle. Le MSP sait pertinemment que son potentiel électoral a été amputé durant la période de crise qui l'a frappé de plein fouet en 2012 et dont les conséquences étaient désastreuses sur l'unité et la cohésion du Mouvement qui se disloquait à travers les transfuges qui ont eu lieu et en se transformant en mouvements politiques affichant une rivalité sans précédent vis-à-vis du MSP. Le potentiel électoral a été «phagocyté» par le mouvement El Binaa de son président, Abdelkader Bengrina, qui arrive à se positionner sur l'échiquier politique national en faisant partie des partis de la majorité emboîtant ainsi le pas au Mouvement de la société pour la paix (MSP). Cette montée du mouvement El Binaa s'est effectuée en puisant dans le potentiel électoral de la mouvance islamiste en général et le MSP, son ancien mouvement, en particulier.
Cette nouvelle donne a fait qu'aucun mouvement islamiste qui existe sur la scène politique actuellement ne pourrait à lui seul «coopter» et coiffer un électorat s'identifiant à la mouvance islamiste dans son ensemble. Le MSP, qui a engagé un candidat dans la course à la présidentielle anticipée du 7 septembre prochain, sait que l'enjeu électoral constitue un véritable casse-tête pour lui, à cause de la situation d'émiettement qui caractérise la mouvance islamiste et les différences qui se font jouer sur le plan doctrinal et schismatique. Ce rapport de forces pèse lourdement dans le choix d'un candidat durant la prochaine présidentielle. Le potentiel électoral patauge et est balloté au point que la majorité de la base islamiste préfère voter et donner sa voix à un candidat porteur de projet national, au détriment de celui qui se targue de dire qu'il représente la mouvance islamiste. L'exemple de mouvement El Binaa est édifiant quant à un «changement» tactique de cap politique dans la conjoncture actuelle, allant jusqu'a annoncer ouvertement de soutenir le candidat Abdelmadjid Tebboune à travers un appel officiel à ses militants.
Il est clair que les voix qui se voulaient être l'expression de la mouvance islamiste seront orientées vers un candidat du courant nationaliste, montrant ainsi que le potentiel électoral de la mouvance islamiste se fait amputer pour qu'il soit dirigé en dehors de sa sphère d'origine. Les «cartes» sont ainsi «distribuées», même si le concerné, Abdelkader Bengrina en l'occurrence, se dit à tout bout de champ qu'il fait partie de la famille islamiste et qu'il est toujours défenseur de l'héritage de son maître, Mahfoud Nahnah.
Une chose est sûre: la mouvance islamiste fait face à une situation dont l'élection présidentielle anticipée de 7 septembre prochain sera un test décisif et manifeste en ce qui concerne le potentiel électoral qui sera «orienté» vers une autre sphère politique durant la prochaine joute et qui portera un coup dur au candidat qui s'autoproclamera représentant de la mouvance islamiste.
L'enjeu sera à ce niveau de repositionnement de l'échiquier électoral qui va connaître une véritable métamorphose, y compris pour ladite mouvance islamiste dont les voix traditionnelles seront orientées en dehors de sa propre sphère politique et doctrinale.