Opération Oiseau Bleu et retournement de la Force K
Les 2 grands échecs du 2e Bureau
Lorsque les hommes du FLN mettaient en échec les services de renseignement coloniaux.
C’était un mois d’octobre. Le ciel était maussade. Beaucoup de personnes s’en souviennent encore dans cette région située sur le littoral, à la lisière entre la commune d’Iflissen et d’Aghribs, au nord du chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou. Ce jour-là, des chouhada sont tombés au champ d’honneur mais la victoire était au rendez-vous pour les morts comme les survivants qui ont mis à nu le caractère faible de l’armée coloniale devant le désir de tout un peuple de retrouver son indépendance. C’était le 9 octobre. Deux années seulement après le déclenchement de la guerre de Libération. Une grande bataille opposait les maquisards de l’ALN à des colonnes de l’armée française dans un lieu appelé Agouni Ouzidhodh. Le nom sera plus tard attribué à la bataille qui a mis fin à une des plus importantes actions d’espionnage lancée par la France coloniale, l’opération «K».
L’opération Force K consistait, en fait, pour la France à récupérer des Algériens pour les armer et les retourner contre l’Armée de libération nationale (ALN). C’était une vaste opération, mais ce serait sans compter avec la vaillance et l’intelligence des dirigeants de la Révolution qui ont, non seulement fait échouer l’opération mais ont pu récupérer les armes et un grand nombre de ces hommes armés jusqu’aux dents pour aller dans les maquis et combattre les colonnes de l’ALN. À l’œuvre dans cette opération de contre-espionnage menée par la direction de la Révolution, il y avait Saïd Iazouren, Abdelkader Saïd Iflis et Amar Toumi.
Lors d’un hommage qui a été rendu aux onze chouhadas morts lors de la bataille d’Agouni Ouzidhodh, les témoins ont souligné la supériorité de l’intelligence des dirigeants de la Révolution face à celle de l’armée coloniale. Les maquisards en charge de l’opération de récupération des armes ont réussi à retourner presque tous les volontaires qui ont reçu des armes pour combattre l’ALN dans le cadre de l’opération K. Les autorités coloniales ne se rendront compte de leur échec que lorsque des colonnes entières de l’armée coloniale sont décimées avec ces mêmes armes. L’une des opérations les plus éclatantes s’est, pour rappel, déroulée le 30 septembre 1956, aux alentours du village Iguer Salem à Iflissen. Conduite par Omar Toumi, l’attaque a décimé tout une colonne de l’armée coloniale. Le village sera par la suite bombardé et décimé par la 25e division Alpine lors d’une opération de représailles.
Le 9 octobre, sur le lieu d’Agouni Ouzidhodh, du nom de l’oiseau appelé Palombe, se déroula l’une des plus importantes batailles qui a, à l’avance, scellé le sort de la France coloniale qui a, à cette époque, misé sur l’éthnopolitique pour diviser les rangs d’un peuple décidé à reconquérir sa liberté. L’échec du renseignement colonial dans l’opération Oiseau bleu et de la constitution de la Force K, qui s’est retourné contre son manipulateur, a sonné comme un début d’échec de l’œuvre coloniale tout entière.