À J-8 du début de la campagne électorale
Les états-majors affinent leurs stratégies
Chaque candidat a ses atouts. Il lui reste à bien en user pour convaincre les électeurs.
Brahim Merad, Ahmed Sadok et Djamel Belloul sont les directeurs de campagne des trois candidats en course pour la magistrature suprême. Dans tout processus politique majeur lié à l'importance du scrutin, la désignation du chef d'orchestre de «la symphonie électorale» constitue la touche finale au dispositif devant permettre aux messages de candidats de parvenir à un maximum de citoyens. Cela pour dire que les états-majors sont censés, dans les tout prochains jours, élaborer leurs tactiques, à l'image des armées qui se lancent à la conquête de territoires. Dans le cas présent, il s'agit principalement des voix de millions d'électeurs.
À chaque équipe de campagne sa stratégie, mais l'on peut d'ores et déjà affirmer que ces stratégies vont se recouper sur les espaces et les modules de communication qui seront mis en oeuvre pour atteindre leurs objectifs. Il reste, cependant, une importante marge dans l'appréciation des campagnes au regard de l'ingéniosité des équipes de communication. Les outils du moment offrent un très large spectre de canaux à exploiter et, au-delà, l'ingéniosité des ingénieurs sera tout aussi cruciale que le discours politique qu'elle est censée véhiculer. Brahim Merad, Ahmed Sadok et Djamel Belloul miseront certainement beaucoup sur les nouvelles technologies pour frapper les imaginaires. Si la bataille se déroulera sur le terrain des programmes et des idées, les armes qu'utiliseront les candidats seront essentielles pour optimiser les messages.
À J-8 jours du début de la campagne électorale, il est clair que les trois candidats, Youcef Aouchiche, Abdelmadjid Tebboune et Abdellali Hassani, partent à égalité sur le plan de l'usage des moyens technologiques. Les directions des campagnes n'auront objectivement aucune difficulté à réunir les compétences humaines et le matériel nécessaire pour animer une très bonne campagne sur les réseaux sociaux. La différence ne sera pas dans les plate-formes, mais dans la perspicacité des équipes. Ce seront les ressources humaines qui vaudront de l'or dans cette campagne qui s'annonce, prioritairement «technologique».
Il reste que l'ingéniosité des directeurs de campagne n'est pas seulement dans le management d'une équipe pluridisciplinaire qu'il faudra mettre en ordre de marche pour donner toutes ses chances aux candidats, il y a également les qualités intrinsèques de ces derniers qui entrent en ligne de compte. Le charisme, la prestance, le «savoir-dire» constituent des éléments déterminants dans le choix des électeurs, au-delà des programmes et promesses électorales.
L'autre facteur décisif dans la bataille politique que se mènent les trois candidats est forcément le poids des appareils politiques qui soutiennent les candidats. En cela, force est de constater que Abdelmadjid Tebboune bénéficie du soutien direct de deux grands partis que sont le FLN et le RND, véritables machines électorales, auxquelles s'associent de nombreuses petites formations politiques et des organisations de la société civile. Il reste que Abdelmadjid Tebboune fait face à deux candidats, dont les partis peuvent se targuer d'être, eux aussi, des machines électorales au sens plein du terme. Ils ont mené de nombreuses «batailles» ces trente dernières années. Le FFS de Youcef Aouchiche connaît parfaitement les rouages des campagnes et ses militants excellent dans le travail de proximité. Ils ont la force de la conviction et l'intelligence du discours. Ils partent avec un passif positif du fait du respect qu'inspire le fondateur du FFS, feu Hocine Aït Ahmed, auprès de l'ensemble de la société algérienne.
Le MSP de Abdellali Hassani n'est pas en reste. Ces militants ont, eux aussi, de qui tenir. Le défunt Mahfoud Nahnah, fondateur du mouvement, constitue, lui aussi, l'une des références politiques de la démocratie algérienne. Sous sa direction, le MSP a intégré l'alliance présidentielle et a démontré des compétences dans la gestion par le biais des ministères dont il a hérités. Cette expérience en a fait «un parti de gouvernement» qui peut développer un discours rationnel et mener une politique raisonnable.
Cela pour dire que chaque candidat a ses atouts. Il lui reste de bien en user pour, d'abord convaincre un grand nombre d'électeurs d'aller voter et, ensuite, rafler la majorité des suffrages. À huit jours de l'entame de la campagne électorale, force est donc d'admettre que la bataille se mènera sur plusieurs terrains. Et chaque espace de confrontation a son importance, son public et ses messages. Les directeurs de campagne ont la lourde mission de bien cibler chaque public et d'en tirer le meilleur, à savoir l'amener vers l'urne.