APRÈS LE DÉMANTÈLEMENT DU RÉSEAU MAROCAIN ANSAR EL-MAHDI
Les méthodes du Makhzen dénoncées
La police est au centre d’une polémique ayant trait à la pratique de la torture dans cette affaire.
Les 52 personnes, membres du présumé groupe terroriste marocain ´´Ansar Al Mahdi´´, démantelé début août à Casablanca, passeront devant le juge d´instruction le 13 septembre prochain. La cour d´appel de Rabat, attend donc ces présumés terroristes, au moment où les services de sécurité du royaume sont au centre d´une polémique ayant trait à la pratique de la torture et des violations des droits de l´homme dans cette affaire.
En effet, malgré les annonces «très médiatiques» du ministre de l´Intérieur, au lendemain du démantèlement du réseau de Hassan Khattab et les mesures draconiennes de sécurité imposées aux aéroports marocains, la «bonne foi» des autorités, actuellement «accusées» de maltraiter les terroristes présumés.
L´Association marocaine de défense des droits humains (Amdh) pointe un doigt accusateur en direction des autorités sécuritaires du royaume, en dénonçant hier, des violations graves des droits de l´homme en rapport avec cette affaire.
Dans une lettre transmise, vendredi au ministre marocain de la Justice, l´Amdh évoque des intimidations contre les avocats. Se basant sur les déclarations de membres des familles des personnes arrêtées ainsi que leurs avocats, l´Organisation de défense des droits de l´homme révèle que les membres du réseau de Hassan Khattab ont été soumis à la torture.
Plus encore, enlèvement, séquestration et intimidation des avocats sont également rapportés dans la lettre de l´Amdh qui souligne: «nous avons constaté la réapparition des atteintes à la liberté d´expression et d´opinion contre certains membres de la défense des personnes arrêtées dans cette affaire».
La même organisation des droits de l´homme a fait état d´une décision de justice visant à poursuivre deux des avocats des personnes arrêtées au motif que les deux robes noires avaient notamment souligné, dans des déclarations à la presse, que «l´affaire du réseau terroriste -Ansar Al Mahdi- était montée de toutes pièces». Signe que Rabat entend «imposer» sa vérité par rapport à ladite organisation. Or, des observateurs mettent en exergue le fait que des zones d´ombre subsistent encore sur cette affaire, notamment le recrutement de «jihadistes» à destination de l´Irak, ainsi que le flou entretenu quant aux grades et identités des militaires arrêtés dans cette affaire.
Le réseau, qui comptait en son sein cinq militaires, trois gendarmes et un officier de police, ainsi que quatre femmes, dont deux se trouvent être mariées à des pilotes de la Royal Air Maroc, projetait, selon le ministère marocain de l´Intérieur, de créer des sections militaires avec comme base d´entraînement les montagnes du nord du pays, avant la phase «de combat» durant laquelle étaient prévues des opérations militaires contre les forces de sécurité et des attentats ciblés.
En effet, des sources policières marocaines ont révélé, récemment, que Ansar El-Mahdi avait pour projet l´enlèvement de deux ministres et d´un secrétaire d´Etat marocains. Cette organisation a eu accès aux agendas de toutes les personnalités politiques ciblées grâce aux «tuyaux» fournis par un officier de police âgé de 36 ans.
Le ministre de l´Intérieur, Chakib Benmoussa avait indiqué le 24 août (avant l´interpellation des trois femmes), que le réseau Ansar El Mahdi comptait 52 membres dont cinq militaires, trois gendarmes et un officier de police. Selon M.Benmoussa, cette organisation comptait «annoncer le jihad dans les montagnes du nord marocain, attaquer des cibles sensibles, des intérêts étrangers et des personnalités marocaines, parce qu´elles symbolisent l´Etat ou pour des raisons d´ordre moral».