L’hexagone en proie à la folie coloniale
Les vieux démons se réveillent
Voilà des décennies qu’une campagne insidieuse est engagée en France contre l’Islam, les Arabes et l’Algérie, mais elle s’est singulièrement cristallisée ces derniers mois, au lendemain d’une élection législative qui a vu la droite extrême et l’extrême droite faire front commun pour une hypothétique falsification de l’Histoire…
Depuis sa première visite en Algérie en février 2017, alors qu'il posait sa candidature à la présidentielle en déclarant que la colonisation fut bel et bien «un crime contre l'humanité», Emmanuel Macron, une fois élu puis réélu, n'a pas cessé de souffler le chaud et le froid dans les relations entre la France et l'Algérie.
Sa dernière sortie, autour du cas Sansal, fait partie de toute une panoplie de déclarations provocatrices dont il use à profusion chaque fois qu'il juge nécessaire de détourner l'attention d'un peuple en proie à une crise totalement inédite.
Les sondages se suivent et se confondent pour dire que jamais un président français n'a atteint un tel degré d'impopularité, au point que la Gauche a brandi le carton rouge et revendiqué sa démission, au plus vite.
Le provocateur provoqué a choisi l'escalade envers l'Algérie, après avoir franchi une ligne rouge avec la volte-face sur la question du droit du peuple sahraoui à son autodétermination, et ce au mépris des résolutions des Nations unies.
La carte Sansal sert seulement de détonateur pour aggraver la crise et offrir à l'extrême droite, devenue une menace réelle sur l'échiquier politique de l'Hexagone, l'occasion de mener la cabale de concert. Voilà des décennies qu'une campagne insidieuse est engagée en France contre l'Islam, les Arabes et l'Algérie, mais elle s'est singulièrement cristallisée ces derniers mois, au lendemain d'une élection législative qui a vu la droite extrême et l'extrême droite faire front commun pour une hypothétique falsification de l'histoire, face à une gauche au sein de laquelle un parti a obtenu le soutien décisif des communautés maghrébines. Il n'en fallait pas plus à l'actuel chef de l'État pour changer son fusil d'épaule et, dans sa tirade «sansaliste», il fait semblant d'oublier que l'ancien cadre au ministère de l'Industrie est un justiciable algérien comme un autre et que ses élucubrations sur l'intégrité du territoire national constituent bien une atteinte grave au pays, à son histoire, à sa mémoire et à sa résistance héroïque face à la France coloniale, durant 132 ans. Macron dont le peuple algérien n'a entendu parler qu'en 2017 a, certes, mentionné quelques victimes de la barbarie coloniale, comme Boumendjel ou Audin, mais la colonisation, aime-t-il rappeler, n'est pas sa tasse de thé. À cela, une raison toute simple: il est totalement en marge du problème qu'il prétend disséquer. Et il l'a démontré à plusieurs reprises, non seulement pour la partie algérienne, mais aussi pour les autres anciennes colonies que sont le Mali, le Burkina, le Tchad, le Sénégal, la Côte d'Ivoire et j'en passe. Durant ses mandats, truffés de déclarations, sinon blessantes du moins irresponsables, il a maintes fois enfoncé le clou, à force de se prétendre donneur de leçons, moralisateur autoproclamé et un tantinet paternaliste. De quoi faire largement déborder le vase de la cordialité diplomatique, même dans les pays les plus enclins à avaler l'amère mixture d'une France ancrée dans ses certitudes archaïques et son aura de pays des Lumières, alors que celles-ci se sont éteintes depuis fort longtemps. Comme en Algérie où il était revenu peu après son élection en 2017, Emmanuel Macron avait affirmé à des Ivoiriens qui l'interpellaient sur les crimes de l'occupation française: « Les trois quarts de votre pays n'ont jamais connu la colonisation.» Et c'est là que se situe son erreur monumentale, sa méconnaissance dramatique de la personnalité algérienne. Notre peuple a, sans doute, tourné la page, mais il ne l'a jamais déchirée. Sa considération épidermique, il l'a répétée au Burkina Faso et sous d'autres contrées alors qu'il lui suffit, aujourd'hui, de se référer à la situation misérable de Mayotte dont la population est, tout à fait par hasard bien sûr, musulmane pour comprendre ce que sont, en vrai, les bienfaits de la colonisation. Mais là n'est pas son souci, pas plus qu'il n'est dans l'immense traumatisme infligé à tant de peuples, en Afrique et ailleurs, et dans les crimes innombrables et imprescriptibles qui n'empêchent guère les «héritiers» des Bugeaud et autres criminels de battre la campagne, sous différents prétextes. Que disait le général Vô Nguyên Giàp, à ce sujet, déjà?