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Hannane Z. Meftahi, une scientifique IBM certifiée et ingénieure

«Nous manquons d'infrastructures en Algérie»

Hannane Z. Meftahi est ingénieure en informatique, développeur d'applications androïd (Java), développeur flutter et une scientifique de données IBM certifiée. Hannane est également une formatrice et une instructrice chez Udemy. En somme, une spécialiste des questions des réseaux sociaux et des applications Hi Tech. Elle nous livre son sentiment au sujet de la réalité de l'omniprésence du géant des plates-formes sociales Facebook et ses influences sur les pays. Elle aborde, également, l'option d'une alternative, liée à la mise en place de réseaux sociaux domestiques ou continentaux.

L'Expression: Est-il possible, aujourd'hui, que le Maghreb, l'Algérie ou l'Afrique puissent se doter de leur propre réseau social et supplanter le géant Facebook?
Hanane Z. Meftahi: Supplanter Facebook est à la fois impensable et utopique. En règle générale, pour attirer les clients, il faut sortir du lot, se distinguer, et ceci ne sera possible que si on propose le même produit mais avec des fonctionnalités supplémentaires (ou améliorations) qui pourront susciter la curiosité des clients. Offrir le même produit ne nous conduira nulle part, c'est une perte de temps et d'argent.
D'ailleurs, au point où on en est, je doute que quiconque puisse reproduire un réseau social tel que Facebook, cela va de même pour Instagram.
Le réel problème vient de leur «business model», qui, d'une manière implicite, a établi un marché social dans lequel les utilisateurs ont donné à Facebook la possibilité d'accéder et de collecter autant d'informations personnelles qu'ils veulent en échange de l'utilisation gratos de leurs produits.

Comment cela est-il possiblee?
Le fait d'avoir les données des utilisateurs leur donne un grand avantage, celui de donner aux utilisateurs exactement ce qu'ils recherchent. N'avez-vous jamais eu l'impression que Facebook lisait dans votre esprit, en vous suggérant des gens que vous connaissez, en mettant en avant les médias qui vous intéressent et en proposant des produits avant même que vous sachiez ce que vous voulez.
Ils essaient de garder toujours une longueur d'avance sur leurs utilisateurs pour leur offrir une expérience optimale. Et ça, c'est en grande partie, grâce aux données collectées. De plus, Facebook possède d'énormes centres de données comparables à Google et IBM. Quiconque envisage même de défier et d'affronter Facebook devrait construire des centres de données encore plus grands. La seule menace potentielle pour Facebook était Instagram et WhatsApp. Alors Zuckerberg les a rachetés et a éliminé la concurrence une fois pour toutes.
Donc, à moins que quelqu'un ne crée une meilleure application de messagerie ou une meilleure application de partage d'images ou de plus grands centres de données ou une meilleure plate-forme publicitaire, Facebook continuera d'être ce qu'il est aujourd'hui...

Mais quel est le secret d'une telle réussite?
En fait, la seule constante dans Facebook est le changement, à l'inverse d'autres réseaux sociaux antérieurs à Facebook qui ne proposaient aucune nouvelle fonctionnalité, et qui ont coulé et ont été remplacés facilement.
Donc, Facebook sera toujours en avance. Et, à mon humble avis, seul Twitter peut rivaliser avec Facebook. Et pour l'Algérie, prenons un autre scénario, s'il y avait le siège social d'Amazon où de Uber sur Alger, pensez-vous que les gens se tourneront vers Jumia et Yassir? Les frais de livraison pour l'Algérie depuis Amazon et peu importe l'emplacement du siège sont super chers, et Uber ne s'est pas étendu jusqu'au nord de l'Afrique. Si le choix s'offrait à nous, on choisirait les entreprises les plus réputées et les plus fiables.

Mais disons que si l'on venait à mettre au point un réseau tel que Kingui Social basé sur le communautarisme, cela pourrait-il donner des résultats probants...?
La réponse est oui. Mais ça ne remplacera pas complètement Facebook. Kingui social n'était développé que l'an dernier, donc ça serait mieux de prendre comme exemple un réseau social plus ancien et qui a connu un grand succès au niveau local et presque continental. Je parle bien, évidemment, de Line (développé en 2013, le concurrent de WhatsApp) et le 2e réseau social utilisé au Japon, il est plus populaire que Facebook et WhatsApp réunis et offre les mêmes fonctionnalités que ces deux dernières.
La différence, c'est la confidentialité des données! Et c'est ce que les Japonais privilégient le plus. Contrairement à WhatsApp, Il n'est pas essentiel de partager son numéro de téléphone avec d'autres pour les ajouter. Il suffit de partager un code QR qui peut être régénéré ou son Id qui peut être réinitialisé. Et aussi contrairement à Facebook, les comptes Line n'apparaissent pas dans les recherches publiques. Ce qui leur assure l'anonymat (une chose à savoir à propos des Japonais est qu'ils sont si réticents à révéler leur véritable identité en ligne, ce qui explique probablement pourquoi Line est plus populaire là- bas).
Le deuxième aspect (et vous allez trouver ça drôle ou insensé), ce sont les stickers..., Line s'est démarqué avec ses galeries d'émoticônes et émojis animés. Et ce n'est pas étonnant, puisque les Japanimes et Mangas font partie de la culture japonaise et les Japonais adorent ce genre de trucs. Line a déjà dominé trois nations en Asie (le Japon, la Thaïlande et le Taïwan), qui ont été les plus influencées par la culture japonaise.

Donc un tel réseau peut s'avérer payant et solvable?
Mais oui, s'il est basé sur le communautarisme, ça pourrait marcher. Mais remplacer Facebook «complètement», j'en doute. En tout cas, ce n'est pas arrivé au Japon malgré la popularité et le dessus qu'a pris Line. Un clone bon marché de Facebook ne remplacera pas Facebook. Il faut toujours qu'il y ait une valeur ajoutée. Et s'il arrive à attirer le public algérien comme Line au Japon, ça pourrait fonctionner au niveau national seulement. Et comme je vous ai dit, Facebook ne se dissipera pas de sitôt. Pensez à la quantité d'applications liées aux comptes Facebook, comme les applications mobiles qui vous permettent de vous connecter via FB. Beaucoup de gens perdraient l'accès à ces comptes à moins qu'ils ne se connectent avec leur Gmail. La technologie Graph Ql, FB et Google sont les principales applications offrant cette possibilité.
Et pour être franche avec vous, personnellement, je ne vois aucun intérêt d'un autre réseau social, le marché est déjà saturé avec ce genre de technologie.
Donc il faudra innover et trouver d'autres solutions qui domineront peut-être le marché et non pas faire du copier- coller sur une idée existante et qui a été reproduite au moins un million de fois. Les réseaux sociaux, il y en a des centaines dans le monde, si ce n'est pas plus, mais aucun ne fait le poids contre Facebook.

Qu'est-ce qui gêne une telle entreprise locale? Est-ce que c'est la technologie data center, la connaissance ou la compétence, notamment la gestion de ce data ou encore c'est autre chose? L'Algérie avec ses ressources peut-elle acquérir un tel matériel autour d'un projet grandiose?
Aujourd'hui, les jeunes ne peuvent plus compter sur ce qu'ils apprennent à l'université. On apprend beaucoup de théories et les technologies qu'on utilise sont obsolètes. Il faut bien dire la réalité des choses. Heureusement que l'alternative existe pour eux. Avec Internet et ces plates-formes qui proposent diverses formations, on a la possibilité d'apprendre et d'accéder à du contenu de qualité provenant de grandes entreprises et universités internationales. Donc niveau, chasse aux infos, on se débrouille très bien.
Ce qui nous manque, c'est l'infrastructure. Je connais quelques entreprises qui utilisent des infrastructures cloud, qui sont moins coûteuses, mais il y a un risque que les données soient volées où mal utilisées. On a besoin des infrastructures classiques, y en a de moins en moins. Et L'Algérie dispose des moyens financiers pour réaliser des Data Centers et encore plus. Faut juste être visionnaire du côté des dirigeants.
Avant que Silicone Valley ne soit la Silicone Valley qu'on connaît aujourd'hui, le gouvernement américain a joué un grand rôle dans le développement de ces entreprises.

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