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Ibtissem Hamlaoui, présidente du Croissant- Rouge algérien, à l'Expression

«Nous sommes le bras humanitaire de l'État»

Le Croissant-Rouge algérien ne se limite pas qu'à distribuer des couffins et des aides. Dans cet entretien, Ibtissem Hamlaoui nous parle à coeur ouvert de cette noble institution, de ses projets et surtout de ses capacités de réaction. Elle nous parle du Centre national de réponse rapide aux catastrophes naturelles situé à Sidi Rached dans la wilaya de Tipaza. Il comprend 5000 tentes d'une capacité de 12 personnes, des milliers de lits de camps, dix cuisines mobiles, des sanitaires mobiles, des bâches à eau, des matelas et couvertures et un stock de denrées alimentaires renouvelable chaque trois mois. C'est grâce à ce stock que le CRA a réagi très rapidement à la catastrophe de la Syrie. En six heures, tout était prêt et l'Algérie était le premier pays au monde à réagir.

L'Expression: Peut-on connaître votre programme à l'occasion de ce mois sacré de Ramadhan?
Ibtissem Hamlaoui: On a commencé les opérations dix jours avant le début de Ramadhan et on a préféré commencé par le Grand Sud. Notre objectif essentiel est de toucher les nomades dans toutes les communes dans le Sud. On a touché In Salah, Beni Abbès, Béchar, Adrar, Timimoun, In Guezam, Tamanrasset, Naâma, El Bayadh, Illizi et Djanet. Dure opération que celle de repérer et identifier les nomades dans le Grand Sud. Pour cela, le CRA a ses méthodes. Nous avons des bureaux dans les 58 wilayas qui a ses représentants au niveau de chaque commune et la plupart de ces représentants sont des Touareg qui connaissent aussi bien les personnes que le terrain. Par ailleurs, nous travaillons en étroite collaboration avec les APC, les walis et éléments de l'ANP déployés dans le Sud.

C'est énorme comme logistique à déployer pour mener à bien vos opérations...
En effet, c'est très lourd comme logistique. Il y a Logitrans qui a nous a donné un grand coup de main. Vous savez que pour le Grand Sud, c'est deux, trois, voire quatre jours de route. Il fallait que les denrées alimentaires arrivent au niveau des wilayas pour être transférées aux communes avant qu'elles ne soient distribuées aux concernés souvent très éloignés des villes. Le défi était qu'il fallait terminer cette opération avant le début de Ramadhan. À ce titre, je dois sincèrement saluer le ministère de la Défense nationale dont l'aide nous a été très précieuse.
Pour les aides, je cite l'exemple de Bordj Badji Mokhtar où on a reçu des statistiques, notamment pour les nomades qui ont exprimé leurs besoins: il avaient besoin de tentes, de médicaments et de denrées alimentaires. En concertation avec le walis de Bordj Badji Mokhtar, on a envoyé deux avions porteurs contenant plus de 60 tonnes d'aides, 200 tentes d'une capacité de 12 personnes chacune et 30 palettes de médicaments, ainsi que des effets vestimentaires.

Pour autant l'action du Croissant -Rouge algérien n'est pas terminée après ces distributions faites avant le Ramadhan?
On a touché les 58 wilayas du pays à des degrés divers mais pour autant, les opérations ne s'arrêtent pas. Elles se poursuivent même durant le mois sacré.
Je dois mentionner qu'il y a deux types d'aides au niveaux des wilayas. Il y a celle menée à partir du siège national, mais il y a aussi la contribution des comités locaux qui ont leurs bienfaiteurs et leurs réseaux qui sont d'une grande efficacité. La plupart des wilayas sont entre 500 à 1000 colis locaux et nous on leur vient en appoint.
S'agissant des restos du coeur, on dénombre 332 restaurants. Cette année, on a mis un nouveau concept; il y a ceux qui viennent manger sur place et il y a ceux qui prennent la nourriture à domicile. Pour des mamans, des familles dans le besoin qui ont des malades, nous leur livrons à domicile. Notre credo est de préserver la dignité de la personne.
Enfin, il y a le 10-05 qui est le numéro vert du Croissant-Rouge algérien. Toute famille dans le besoin, toute personne nécessiteuse, peut appeler ou une autre personne pour alerter le Croissant -Rouge algérien qui va se déplacer vers eux et les prendre en charge durant tout le mois de Ramadhan.
Dans cette opération grandiose, nous avons l'aide des opérateurs économiques qui nous ont prêté main forte, dont Djezzy, le Groupe Algérie Télécom.
On a aussi les bons d'achat pour les orphelins. L'idée est d'aller vers les grandes surfaces d'habillement qu'on paye à raison de 800 DA. Munie de ce bon, la famille va dans cette surface et achète selon le besoin de son enfant. On voulait étaler cette opération sur plusieurs mois, malheureusement on n'a que quatre wilayas où il y a de grandes surfaces. On est actuellement à 1500 bons d'achat de 800 DA, on veut faire plus car ce n'est que le début de l'opération. Au niveau local, on organise des opérations de circoncision au 27e jours de Ramadhan, on va aider également les familles des prisonniers et prisonnières. À cela, nous avons tout un programme avec la direction générale des structures pénitentiaires À cela s'ajoutent les opérations ponctuelles

Le territoire est vaste, le nombre de citoyens ciblés est très important. Comment faites-vous pour faire fonctionner ces restaurants ?Où trouvez-vous le personnel?
Nous avons des bénévoles spécifiques au mois de Ramadhan, notamment les cuisiniers et les cuisinières. Comme au mois de Ramadhan il n' y a pas de fête, ils se portent volontaires et viennent nous donner un coup de main. Il est à mentionner également que nous avons quelque 800 comités locaux à travers le territoire national, ce qui représente la moitié des communes du pays. Chaque comité a sa propre cellule avec ses bénévoles, ses cuisiniers, ses maçons, ses électriciens... pour l'anecdote, on dit qu'on est le parti, le plus fort et le plus structuré en ce moment en Algérie. Nos éléments sont partout au sein de la société et connaissent parfaitement les besoins des citoyens. Ils sont d'une aide très précieuse, notamment pour les walis.

Quel est votre rapport avec les structures étatiques. Êtes-vous aidés et soutenus?
Il y a surtout un grand manque de collaboration. C'est une réalité que nous ne devons pas nier. Cependant, nous trouvons de l'aide dans des régions où les walis sont réceptifs et connaissent la valeur du Croissant-Rouge et qui obligent les directeurs à travailler avec nous. Cela étant, nous travaillons essentiellement avec le ministère de l'Intérieur puisque nous sommes des auxiliaires des pouvoirs publics. Malheureusement, il existe encore des responsables qui ne comprennent pas le rôle du Croissant- Rouge algérien.

Mais il faut avouer aussi que votre institution a sa part de responsabilité. Il est arrivé que la crédibilité du CRA se soit quelque peu émoussée...?
J'en conviens. En effet, nous avons notre part de responsabilité. À un certain moment, il y a eu en effet une certaine décadence du CRA. Là nous sommes en train de reconquérir cette crédibilité perdue et de redorer le blason.
Je suis venue avec une grande ambition et surtout une autre vision. Actuellement nous sommes obligés d'assumer ce rôle de distribution de denrées alimentaires mais j'ai tenté de signer des conventions avec des partenaires. Mon objectif est de créer des microentreprises pour arriver à donner une certaine liberté économique aux citoyennes et citoyens du Grand Sud. Je vous donne un scoop: on va organiser une rencontre sur l'économie solidaire et sociale. C'est un concept qui existe partout dans le monde mais pas en Algérie. On va essayer de faire des assises avec le Cnese.
Sur un autre niveau au Croissant-Rouge algérien nous avons entamé la numérisation. Nous avons une plate-forme de bénévoles, des familles nécessiteuses ainsi que pour les secouristes. À ce niveau, je dois souligner que nous avons une liste de 500 secouristes qui sont prêts avec leurs passeports à intervenir dans n'importe quel coin du monde.

Pour terminer, d'où viennent vos financements?
Malheureusement le CRA ne bénéficie plus des subventions de l'État depuis 2017. J'ai adressé des écrits au ministère de l'Intérieur, des Finances, au Premier ministre et j'attends leur réponse.
Pourtant nous ouvrons droit à des subventions des autorités locales en plus du détachement de certains de nos personnels. Mais on ne peut pas compter que sur les subventions qui par ailleurs sont nécessaires pour les comités locaux pour payer certaines charges comme l'électricité, le téléphone, l'eau etc.. on doit donc aller la reconquête des opérateurs économiques qui ont pris leurs distances avec le CRA. La recherche des fonds c'est aussi à l'international et je vous avoue que c'est le chantier le plus facile pour nous. On l'a entamé en force et on a pu jusque- là bénéficier d'un million de francs suisses. Cette année, ce qui est quand même important. Mais c'était dans des circonstances particulières, dues au feux de forêts.
On travaille beaucoup avec les agences onusiennes, le PAM, l'Unhcr, l'Unicef, l'Unesco et le Cicr qui nous paye certains salaires. Tout ce qui est à la charge du CRA au niveau central est pris en charge par les agences onusiennes. Globalement nous avons une entente parfaite avec ces organismes.Et pour terminer je ne saurais oublier l'autisme. On a signé un convention avec la Fédération nationale de l'autisme. On a mis à sa disposition les crèches du Croissant-Rouge algérien et c'est à eux d'avoir des agréments. On compte ouvrir 16 centres d'ici la fin de l'année.

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