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67e anniversaire du déclenchement de la Révolution

Que d’occasions ratées!

Au tout début du siècle dernier, un jeune Algérien en exil découvre son pays d’origine, en rendant visite à sa famille qui avait choisi de s’installer définitivement en Algérie, en 1892. Ce jeune a passé son enfance en Syrie puis en France où il était lycéen. En revenant, il est saisi par la force inouïe de l’attraction de la terre de ses ancêtres. Depuis cet instant, il est hanté par cette force indescriptible de tout abattre pour reprendre son dû.

L'Emir Khaled sème sa graine
Cet enfant s'appelait l'Emir Khaled, fils de Hachémi, fils de l'Emir Abdelkader. Après l'obtention du bac, son père l'inscrit à l'Académie militaire de Saint-Cyr. Là-bas, il apprit à manier les armes et à saisir le sens du racisme dans toute sa splendeur. Il quitta l'armée avec un grade de capitaine et entra de plain-pied dans les dédales de la politique.
La Premiète Guerre mondiale venait de se terminer. Le président Wilson anime une conférence en France et appelle au «droit des peuples de disposer d'eux-mêmes». L'Emir trouve, dans cette déclaration, un soutien inestimable qu'il devra exploiter pour introduire la question algérienne à la Société des Nations (SDN). Il écrivit une lettre à Wilson puis entama une série de conférences à Paris et créa le journal El Ikdam, un journal de très bonne facture et bien écrit dans les deux langues.
L'Emir Khaled était un tribun hors pair. Taille haute, les yeux noirs brillants, l'allure austère, il parle avec assurance dans les deux langues. En guise d'exemple, il disait devant une assistance de 12 000 personnes, en juillet 1924 à Paris: «Je voudrais, bien avant d'entrer dans le sujet, pouvoir vous dire à quel parti j'appartiens. Malheureusement, je ne suis qu'un «sujet», et, comme tel, soumis aux lois d'exception».
À cette époque, la gauche française tenait le haut du pavé, sous le «cartel des gauches» et les partis progressistes. Le PC au nom de la IIIème Internationale socialiste appelait déjà les peuples coloniaux à se soulever contre «les oppressions capitalistes». Le moment était propice pour créer un parti algérien qui militerait pour l'émancipation du peuple. Mais la naissance de l'Etoile nord-africaine (ENA) n'aura lieu qu'en 1926. Elle est présidée par Hadj Ali et l'Emir Khaled fut son président d'honneur. Elle avait un programme autonome; elle revendiquait l'indépendance de l'Afrique du Nord en général, et de l'Algérie en particulier». Messali Hadj, encore inconnu, fut membre fondateur. Délégué l'année suivante pour participer au Congrès de Bruxelles au nom de l'ENA, il fit sa première apparition publique.
Condamné à un an de prison, il se réfugie en Suisse chez Chakib Arslane, un Libanais chevronné qui disait: «Je suis musulman avant d'être arabe parce que l'Islam est la religion de l'humanisme. L'humanisme prime sur les pluralismes».
Messali crée le PPA
L'Emir Khaled fut interdit de séjour en Algérie. Il retourna en Syrie après avoir semé le grain de l'indépendance. Messali le reprit à son compte. En 1936, se tient, à la salle Majestic (Altas de Bab El Oued), le Congrès musulman, qui réunissait les principaux partis algériens. L'ENA a été entre-temps dissoute. Y participèrent donc les Oulama, le PCA, la Fédération des élus qui ont versé un peu dans«l'assimilation». Messali condamna cette soumission aveugle au fait accompli. Il créa le Parti du peuple algérien (PPA), à Nanterre près de Paris, dans la lignée de l'ENA, et entra en conflit avec les «assimilationnistes». Et grâce au journal El Oumma, il parvint à rassembler des militants dans toutes les régions d'Algérie et dans la diaspora.
Au printemps de l'année 1937, il se rendit à Alger où il fut accueilli par une foule immense.
Aux festivités du 1er Mai, ses nombreux militants, brandirent pour la première fois le drapeau algérien et entonnèrent Fida'ou al-djazaïr (chant patriotique écrit par Moufdi Zakaria), avec les slogans: «Indépendance», «Terre aux fellahs», «Parlement algérien», etc. Messali est arrêté et incarcéré à Serkadji avec Zakaria, Gherafa et Ben Amer) et condamné lui et Gherafa à un an de prison ferme et les deux autres à deux ans. Suite à une grève de la faim d'une semaine il est transféré à El Harrach où il put recevoir des visites et lire les journaux, en français seulement, parce que l'arabe était considérée «langue étrangère». Arezki Kehal, qui assurait l'intérim à Paris, mourut en détention et provoqua des funérailles nationales.
En septembre 1939, le président Albert Lebrun pondit un décret prononçant la dissolution du PPA, interdit El Oumma et le Parlement algérien (les deux journaux du PPA).
Libéré le 20 août, Messali fut aussitôt arrêté le 4 octobre 1939. Les bruits de bottes résonnaient sur le pavé. Hitler était sur le point de lancer la «grande guerre». Le PPA entra définitivement dans la clandestinité. Pour ne plus «servir de chair à canon», des militants du PPA focalisèrent sur l'Allemagne. Une fois informé, Messali les avertit de s'éloigner de cette idée car les Français n'attendaient que ça pour taxer les militants de «traîtres» pour mieux les écraser. Robert Murphy, qui dirigeait les troupes américaines, écrira plus tard dans ses Mémoires que Ferhat Abbas l'avait contacté et qu'il lui avait répondu: «La priorité est de vaincre Hitler».
Sétif était à ce moment-là la capitale politique. On y retrouvait Ferhat Abbas, El Hadi Mostefaï représentant de Bendjelloul, Ahmed Maïza, cadi et trésorier des Oulama, Ahmed Francis, etc. Ils prônaient la participation à la guerre sous conditions, comme la reconnaissance de l'indépendance de l'Algérie et la création d'une armée algérienne. Debaghine rencontra Bendjelloul à Constantine, le jour même où débarquèrent les Alliés en Afrique du Nord.
Giraud décrète la mobilisation dans le «corps des Français d'Afrique» et beaucoup d'Algériens moururent en campagne d'Italie.
Pétain rejeta l'indépendance de l'Algérie, pendant que De Gaulle, dans son ordonnance du 7/03/1944, annonça que les «musulmans algériens devaient avoir les mêmes droits».
Carnage du 8 mai 1945
Puis le 1er mai 1945, à l'occasion de la Fête des travailleurs, les cortèges conduits par les militants du PPA marchèrent à Alger, Oran et Blida, appelant à l'indépendance du pays et la libération de Messali et des autres détenus. Les Alliés avaient fixé la date du 8 mai pour fêter la victoire. Ce jour-là, Ferhat Abbas et Saâdane sont arrêtés, au moment où éclatèrent les événements sanglants à Sétif et Guelma. Devant ces massacres, perpétrés par les colons et les forces de sécurité et l'armée, certains militants ont sorti leurs armes de chasse pour riposter. À Kherrata, l'aviation a ciblé des manifestants désarmés. Le carnage dura 15 jours. Dans la nuit du 24 au 25 mai le parti décida d'enclencher l'action armée dans tout le territoire et envoya des émissaires dans les différentes régions. Ils furent arrêtés et l'ordre ne fut pas transmis. Le bilan du carnage fut poignant: 45 000 morts, tous des civils. Il fut le produit de la Résistance et des «ultras», les propriétaires qui voulaient étouffer l'insurrection dans l'oeuf.
Ferhat Abbas créa l'Union démocratique du manifeste algérien (UDMA);qui participa aux élections de 1946 et remporta 11 sièges sur les 13 réservés aux musulmans. Le comité central du PPA-MTLD refusa d'y participer. Puis, dans un second temps, décida de participer et présenta même la candidature de Messali, en résidence surveillée, qui fut bien sûr rejetée. Reportées à 1947, on fit appel à Naegelen pour les truquer. Le MTLD triompha, toutefois, avec neuf sièges et sept pour l'UDMA. À la séance d'ouverture, les élus algériens entonnèrent leur chant patriotique et dirent que «La Marseillaise ne retentira plus à l'Assemblée algérienne.»
Guerre larvée au PPA-MTLD
Le congrès du MTLD s'annonça houleux, le parti fut accusé d'avoir provoqué le carnage du 8 mai. Dans cette foire interne du parti, l'Organisation spéciale (OS) fut créée et confiée à Mohamed Belouizdad qui s'avéra être un vrai stratège. Mais il était déjà malade. Il fut envoyé en France pour suivre un traitement, en cédant l'état- major de l'OS à Hocine Ait Ahmed.
On assista désormais à l'entrée en scène des jeunes loups qui vont faire précipiter les choses. Mais, suite à la «crise berbériste» de 1949, Aït Ahmed fut remplacé par Ahmed Ben Bella. Ce dernier se fera remarquer dans le cambriolage de la poste d'Oran et fit transporter l'argent dans la voiture du député Mohamed Khider, qui jouissait de l'immunité parlmentaire.
Ainsi, le premier chargement d'armes de 103 fusils Statti fut convoyé de Libye, via El Oued, jusqu'aux Aurès, grâce à l'équipe de Ben Boulaïd. Il fut suivi par un second de 33 fusils vers Biskra...
Les éléments de l'OS furent pris en charge par Belhadj qui leur réserva sa ferme à Zeddine (Chef) et qui leur dispensait une formation militaire de guérilla. En 1949, l'OS comptait déjà un million d'éléments prêts pour passer à l'action.
La guerre sera encore retardée, à cause de l'affaire de Tébessa, quand un commando fut envoyé pour arrêter une taupe. Ils furent arrêtés en cours de route. S'ensuivit une grande chasse à l'homme où furent poursuivies les têtes pensantes de l'OS et les militants aguerris. Elle fut suivie de procès retentissants de militants. Le parti gèla l'OS et accusa les Français de fomenter cette politique et donna ordre aux militants arrêtés de ne rien divulguer, quitte à se déjuger. Seul Belhadj refusa de faire marche arrière après avoir parlé puis s'orienta vers l'autre rive et devint par la suite un harki potentiel. Ben Bella et Mahsas s'enfuirent de prison.
Dans cette ambiance de guerre larvée au sein du parti, Messali décida de faire une grande tournée. Il fut arrêté à Chlef dans une action musclée qui laissa deux morts. Il fut déporté à Niort, dans une région «où il n'y a aucun arabe», comme il l'écrira dans sa lettre destinée au congrès. La guerre entra au sein même du CC, depuis que Messali refusait sa composante et renvoyait les délégations qui tentaient de le clamer. In fine, il adressa un mémoire que lut Moulay Merbah où il disait: «Je retire la confiance au secrétariat général et je demande les pleins pouvoirs pour redresser les parti.» A Hornu, il adopta la même attitude très agressive.
Nuit du 1er Novembre
En mars 1954 fut créé le Comité révolutionnaire pour l'unité et l'action (CRUA). Son objectif principal était de réconcilier l'irréconciliable. Mais ses initiateurs sont pris à partie par les sbires de Messali. Boudiaf et Bitat son agressés à la Casbah et d'autres militants sont pourchassés un peu partout.
Puis vint le coup salvateur. Le 8 mai 1954, soit 9 ans après le carnage de Sétif, Ho Chi Minh infligea une humiliante défaite aux troupes françaises à Dien Bien Phu (2000 morts et 10 000 prisonniers). Désormais, les Algériens pourraient passer à l'action.
Tout se précipita, en juin 1954 se tint la réunion des «22» à Clos Salembier (Alger) qui donna -par vote- à Boudiaf le loisir de désigner la direction collégiale. Il choisit les «six» historiques: Benboulaïd, Ben M'hidi, Bitat, Didouche, Boudiaf puis Krim.
Le 23 octobre, les «six» décidèrent d'enclencher la guerre le 1er novembre à minuit. Sous l'égide de la nouvelle désignation Front de Libération nationale (FLN), la guerre est engagée contre la colonisation française. Des petites groupes armés sont placés dans toutes les régions de pays pour agir en même temps. Et le choc fut terrible. Les attentats de la nuit du premier novembre eurent un écho retentissant partout dans le monde et déboussolèrent l'Empire qui pensait s'être définitivement installé.
Le premier martyr tomba, cette nuit-là, du côté de Mostaganem, dans un village qui porte aujourd'hui son nom: Abdelmalek Ramdane.
Mais aux Aurès la première nuit fut foudroyante pour les Français de manière générale et les gros colons en particulier, qui s'enfuiront sept années plus tard, laissant derrière eux la «terre brûlée».

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