Réforme des Codes communal et de wilaya
Tebboune concrétise sa promesse
En installant cette commission, avec à sa tête Daho Ould Kablia, le chef de l'état n'a pas tardé à mettre en branle ce mécanisme, promis lors de la campagne électorale.
Une Commission nationale chargée de la révision des Codes communal et de wilaya a été installée, hier, par le président de la République. Engagement fort d'Abdelmadjid Tebboune exprimé lors de la campagne électorale pour sa réélection à la tête du pays, la réforme de l'administration constitue l'un des chantiers majeurs du second mandat présidentiel. La présidence de cette Commission a été confiée à l'ancien ministre de l'Intérieur Daho Ould Kablia. Ce choix est justifié par la longue expérience de l'homme dans la gouvernance de l'administration locale et centrale. Ould Kablia a, en effet, entamé sa carrière en 1963. Il a pris les commandes de la wilaya de Mostaganem dans un contexte post-colonial on ne peut plus particulier. L'homme n'a pas déçu les autorités centrales de l'époque, puisqu'il occupera ce poste dans pas moins de 7 wilayas, jusqu'en 1980, année où il rejoignit le secrétariat général du ministère de l'Intérieur, après deux ans en qualité de wali d'Alger. Sa carrière dans l'administration centrale a été aussi longue, puisqu'il y exercera les postes de ministre délégué, puis ministre de l'Intérieur de 2001 à 2013. Cette longue expérience lui a permis de développer une véritable expertise dans la gestion locale et centrale. De fait, le profil de Daho Ould Kablia est idéal pour engager une réflexion sérieuse, basée sur des données de terrain, et proposer un texte fonctionnel destiné à décloisonner une administration, aujourd'hui, plus encline à compliquer la vie des citoyens qu'à la faciliter. Il reste que la longue expérience ne suffit pas pour imaginer et mettre en pratique une vision moderne du fonctionnement des communes et des wilayas du pays. La digitalisation est, dans ce contexte, un élément essentiel de toute procédure de décloisonnement. En clair, la Commission d' Ould Kablia a la délicate mission d'insuffler la vie dans les institutions en y mettant une forte dose de démocratie participative, tout en démultipliant le facteur efficacité, qui lui fait malheureusement défaut.
Et plus que la flexibilité nécessaire pour un bon fonctionnement des cellules de base de l'État, les membres de la Commission auront à proposer un modèle qui puisse permettre à chaque commune de créer ses propres richesses. Ce n'est pas véritablement à l'ordre du jour pour nombre d'entre elles, mais la mise en place d'un cadre, susceptible de donner à la commune et à la wilaya une perspective de développement harmonieux, est en soi un objectif stratégique à atteindre.
Cela pour le fond, concernant la forme, il convient de noter que la vice-présidence de la Commission reviendra à Abdellah Mondji, actuel secrétaire général de la présidence de la République. La composante de la Commission fait ressortir le sérieux de la démarche et promet des débats intéressants, en ce sens que le président de la République ne s'est pas contenté de l'expertise d' Ould Kabila. On en voudra pour preuve, le fait que 5 membres du Conseil de la nation, 5 autres de l'Assemblée nationale populaire y siégeront. De même pour les Assemblées de wilayas et de communes qui seront représentées par 5 présidents d'APC et 5 autres de wilayas.
Face à ce collège d'élus, la Commission comptera des représentants de l'administration. Le Président a «pioché» pour ce faire, dans le corps des walis qui sera représenté par 5 des leurs. Ils seront épaulés par 5 directeurs de la réglementation et des affaires générales.
La Commission nationale pour la révision des Codes communal et de wilayas, ainsi constituée entamera ses travaux dans les plus brefs délais. On aura retenu le souci du président de la République de veiller à ce que les institutions locales de la République ne puissent pas connaître dans le futur une situation de blocage. Le dialogue élus-fonctionnaires est certainement la meilleure voie susceptible d'éviter un texte trop rigide ou au contraire trop laxiste. Il va de soi que le projet de texte que présentera cette Commission au président de la République fera l'objet d'un enrichissement à divers niveaux de responsabilité. À commencer par le chef de l'État, lui-même qui, faut-il le rappeler, a fait une grande partie de sa carrière dans l'administration locale, pour avoir été, lui aussi, plusieurs fois walis.