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PLUS DE 2000 MÉDECINS RÉSIDENTS DEVANT LE MINISTÈRE DE LA SANTÉ

Un sit-in silencieux

L’opacité des critères dans l’attribution des postes par wilaya préoccupe les nouveaux médecins spécialistes.

«Si on m´affecte vers le Sud, je déclinerais le poste et ferais un recours», déclare le Dr R.N., la tête entourée d´un foulard, devant le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière à Alger. Dans ses yeux se lit une profonde inquiétude. Elle habite à Annaba, mariée et mère d´un nourrisson de quatre mois. Son éventuelle affectation dans les wilayas du Sud lui impose un choix cornélien: accepter le poste ou préserver son foyer. L´inquiétude se lit, également, sur les visages de ses confrères et consoeurs. Dure condition pour un médecin assistant qui vient d´achever 12 ans d´études en médecine. «Nous sommes choqués», révèle le Dr Ali Boucetta Hami, spécialiste en anesthésie- réanimation. L´origine du choc? Le ministère a lancé, hier, la campagne de recrutement et d´affectation des nouveaux médecins-assistants. Pas moins de 1126 spécialistes seront affectés dans les Hauts-Plateaux et le Sud.
La cérémonie de lancement de cette campagne a été présidée par le ministre Djamel Ould Abbès. «Les nouveaux salaires, a-t-il poursuivi, atteindront 84.000 DA (contre 44.000 DA auparavant) auxquels s´ajouteront des mesures incitatives», a-t-il assuré. M.Ould Abbès s´est, aussi, engagé a améliorer l´équipement des services techniques dans les établissements hospitaliers pour faciliter la mission de ces spécialistes. Cette campagne d´affectation se déroulera sur trois jours. Seulement, elle a été lancée dans un contexte de contestation: le torchon brûle entre les médecins-résidents et la tutelle. Pour preuve, ils étaient plus de 2000 médecins devant le siège du ministère. Ils ont observé un sit-in.
Silencieux, ils portaient des brassards noirs. Retour sur ce sit-in. «C´est un jour triste pour nous. Plusieurs médecins seront affectés dans les régions du Sud alors que le problème du caractère obligatoire du service civil reste posé», dénonce le Dr Mohamed Sahnoun, l´un des porte-parole du Collectif autonome des médecins-résidents algérien (Camra).
Pourtant, le ministre Djamel Ould Abbès a convié, lundi, les délégués du Camra à la réunion du comité des sages. Ce même comité devait traiter de la question du service civil. Annoncée en grande pompe, cette réunion s´est terminée en queue de poisson. «Nous avons demandé au ministre si cette commission devait traiter de la réforme du service civil ou préparer l´après-abrogation de son caractère obligatoire. Le ministre nous a clairement dit que c´était à la commission de trancher cette question», explique le Dr Sid Ali Merouan de déplorer: «Alors que la réunion (celle de lundi) n´était pas encore levée, le ministre a annoncé au journal télévisé de 20h que le comité s´était prononcé contre l´annulation du caractère obligatoire du service civil.»
Cela dit, que s´est-il réellement passé durant cette réunion?
La première réunion du comité des sages s´est déroulée d´une façon particulière, selon les délégués du Camra. Ces derniers ont relevé plusieurs «anomalies». «Des professeurs et docteurs que nous avons proposés pour figurer dans la composante n´ont pas été invités. C´est le cas du Dr Bekkat-Berkani, le président de l´Ordre des médecins», regrette le Dr Mérouane. Une autre anomalie: le débat a été focalisé sur l´intérêt géopolitique que requiert la région du Sud pour le pays. «Nous sommes allés pour débattre de nos revendications. Finalement, nous avons eu droit à un débat sur la géopolitique», s´étonne le Dr Yellès, membre actif du Camra.
Rien que cela! La fonction du médecin est avant tout politique, dans les wilayas du Sud, regrettent les délégués du Camra.
Le récit de Dr Yellès laisse pantois les observateurs les plus avertis.
«Séance tenante, un député qui est aussi chef de tribu au Sud, nous a dit cela: «Si vous ne voulez pas venir, nous ferons appel à des médecins du Mali et du Niger», révèle-t-il. Le Dr Yellès pousse le bouchon plus loin: «On a assimilé notre revendication de la levée de l´obligation du service civil à une volonté de provoquer un soulèvement des populations du Sud.» Ainsi, l´opération d´attribution de postes pour la promotion des médecins assistants de cette année est lancée dans un climat de confusion. «Le ministère n´a pas tenu compte des fiches de voeux portant sur cinq choix», témoigne un médecin spécialiste de la wilaya de Annaba. Les concernés avaient reçu, ces dernières semaines, des fiches de voeux établies par l´administration de tutelle.
Par ailleurs, l´opacité des critères dans l´attribution des postes par wilaya préoccupe les nouveaux médecins- spécialistes. Exemple: la wilaya de Annaba bénéficie, seulement de deux postes, pour 68 anesthésistes, signalent des témoins. «La wilaya d´Alger a reçu 16 postes», précise un médecin qui a requis l´anonymat. Au demeurant, une autre promotion est attendue pour le mois de juillet prochain. Elle comprend 850 membres. Cela portera le nombre global de spécialistes affectés à près de 2000 médecins, toutes spécialités confondues. En attendant, le conflit entre médecins en cours de spécialisation et le ministère continue.

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