Yasmina Khadra s’explique

J'ai toujours loué, chanté, magnifié la Kabylie. En témoigne la place incommensurable qu'occupent les Kabyles dans mes romans et dans mes déclarations. La vidéo que mes détracteurs ont manipulée à leur guise et annoncée comme datant de la veille, alors qu'elle est ancienne, ne s'attaque aucunement aux Kabyles. Elle parle de certains de nos compatriotes qui, en France (ou peut-être ailleurs aussi), se présentent comme Franco-Berbères, et non comme Franco-Algériens. Cette attitude m'a outré, et j'ai réagi contre elle dans cette vidéo. Comme j'ai déploré ceux qui, à la question de savoir leur pays d'origine, répondent «je suis Kabyle», comme si dire «je suis Algérien» était honteux.
Je ne voyais aucune raison, pour ces personnes, de renier leur patrie; pis, de préférer adjoindre leur identité ethnique au bourreau de leurs ancêtres plutôt que de défendre leur algérianité. Tel est l'objet, tout l'objet, l'unique objet de cette vidéo.

Aux menteurs
J'avoue que la dextérité de votre hostilité à mon encontre a été imparable. Franchement, vous avez tapé très, très fort. Le buzz et la haine que vous avez suscités sont un formidable succès. Mais attention, les Algériens s'énervent d'abord, ensuite ils réfléchissent. Vous verrez, vos appels au meurtre et au boycott ne sont que votre propre cri d'agonie. Beaucoup de mes lecteurs, choqués par votre manoeuvre, une fois le flou de la colère dissipé, vont se dire: «Comment nous sommes-nous laissés avoir aussi facilement que des benêts?»
Vous pouvez brûler mes livres, vos autodafés n'éclaireront pas votre noirceur abyssale. Vous pouvez brûler TOUS mes livres, j'en écrirai d'autres, plus forts et plus beaux encore, car je ne sais rien faire d'autre. Si vous vous réjouissez d'ores et déjà de voir les étals des librairies de Kabylie orphelins de mes romans, sachez que mes lecteurs sont légion dans le reste de mon pays. (A noter que mon lectorat algérien représente moins de 2% de mon lectorat général.) Ceux qui me suivent depuis mes débuts m'accompagneront encore et encore car ils savent dans quelle pierre philosophale j'ai été taillé.
Vous avez peut-être gagné la première mi-temps en dominant tous les compartiments, attendons la fin du «match» pour voir qui, de la vertu ou de la diablerie, sortira victorieuse. Vive la Kabylie, vive le Tassili, vive les Aurès, vive Fellaoucène, vive chaque empan et chaque brave de cette terre d'Algérie que rien au monde ne pourra profaner, le sang de nos martyrs l'irriguant comme une sève prophétique.