Don d’organes
Bientôt un fichier national
Ceux qui n’exprimeront pas, de leur vivant, leur refus de donner leurs organes et ne figureront pas sur le fichier des refus, seront considérés comme présumés consentants.
Le don d'organes a toujours été sujet à polémique en Algérie, mais les choses ont beaucoup évolué depuis que le ministère des Affaires religieuses a fait sienne cette cause noble en émettant des fetwas claires sur le sujet, expliquant les gestes qui sont autorisés par la religion et ceux qui ne le sont pas. Cela a certes, libéré les initiatives, mais la cadence n'a pas réellement suivi et beaucoup d'Algériens appréhendent à la pratique. Afin de promouvoir le don, le ministère de la Santé a décidé de lancer un fichier national des donneurs potentiels d'organes. L'initiative vise à donner une nouvelle dynamique au procédé comme l'a expliqué, hier, le directeur général de l'Agence nationale des greffes (ANG), le professeur Hocine Chaouche. Ce responsable affirme que l'ANG axera ses efforts, à l'avenir, sur la communication et la sensibilisation pour pouvoir passer de la phase actuelle de transplantation rénale à partir de donneurs vivants dans l'entourage du receveur à celle du prélèvement d'organes à partir de donneurs en état de mort encéphalique (EME), et ce, après le lancement du fichier national. Il précisera également que ceux qui n'expriment pas, de leur vivant, leur refus de donner leurs organes et ne figurent pas sur le fichier des refus sont «présumés consentants». Le DG de l'ANG a, en outre, fait savoir que le ministère de tutelle ouvrira à Blida un centre qui prendra en charge la gestion informatique du fichier, ainsi que la gestion des activités de transplantation et de greffe. Outre le renouvellement de son staff et l'association de médecins des secteurs public et privé à la gestion de ses activités, l'Agence nationale des greffes compte augmenter le nombre de greffes à partir de donneurs vivants dans l'entourage du receveur, a indiqué le professeur Chaouche, appelant les centres hospitalo-universitaires à relancer ces activités suspendues en raison de l'épidémie de Covid-19. «La greffe de la moelle est une greffe de cellule. Il y a également la greffe de tissu (la cornée) qui va être lancée très prochainement. Le problème sera réglé avec le prélèvement sur cadavre. Normalement on ne devrait plus importer, les greffons seront prélevés localement», a-t-il précisé. Du point de vue qualité, la question de la greffe de la cornée «ne se pose pas», mais quantitativement «nous rencontrons des problèmes matériels outre la propagation du coronavirus (Covid-19)». La transplantation multi organes, à l'instar du foie, du coeur et du poumon ne figure pas à l'ordre du jour, vu que l'opération nécessite une bonne préparation et des moyens, a-t-il fait savoir, précisant que le lancement de cette opération exige la pleine disposition de tous les staffs médicaux. Par ailleurs, la loi sanitaire de 2018 a fixé les bases essentielles de la transplantation et de la greffe d'organes. Le ministère de tutelle doit, donc, «accélérer la mise en place de textes d'application pour faciliter le lancement effectif». Le professeur Chaouche a tenu à rappeler les difficultés rencontrées dans les années 90 ainsi que les différentes entraves à la poursuite de la greffe d'organes à cette époque. Toutefois, a-t-il dit, les personnes en charge de l'opération sont parvenues à assurer une opération hebdomadairement à des malades qui ont longuement attendu et qui sont toujours en vie. Concernant les campagnes de sensibilisation sur les greffes d'organes, le professeur Chaouche a appelé à associer les mosquées, étant proches du citoyen, tout en formant les imams autour des messages qui doivent être diffusés lors des horaires de prière et des prêches de vendredi et choisir ceux qui seront présents constamment au niveau des hôpitaux aux côtés des médecins.