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Iwejjiben ou le début des labours chez les anciens

Une tradition qui résiste

Le tracteur, malgré sa force, n’a pas la délicatesse de ce matériel, en bois, des anciens, qui flirte avec les racines des arbres…

Les anciens s'en souviennent. Le rite est encore présent mais avec, hélas, une perte de nombreux détails sur ses objectifs. Le rite est encore maintenu vivant mais les générations actuelles, qui en ont ce mérite se trouvent confrontées aux aléas de la modernité. Iwejjiven est une date qui coïncide généralement avec le 17 du mois d'octobre du calendrier agricole, le 29 du calendrier grégorien en usage actuellement. Elle marque le lancement de la saison des labours. En Kabylie, elle est désignée selon les régions par Iwejjiven, Ahellal n tyerza, amedmun n tyerza. Les anciens, sachant subtilement et avec un superbe équilibre, arrimer leur quotidien profane à la religion, appellent le lancement Lehlal pour donner le coup d'envoi des travaux de la terre. Le rituel est marqué comme une date phare qui signifie la reproduction, le maintien de la vie et la fertilité.
À partir de cette date, les champs sont le théâtre de labours. La majorité des familles possédant une paire de boeufs bien entraînés au travail, se lance dans les semailles.
«Khour syagui ammi ar d noughal kha!», fuse de toutes les crêtes. Une phrase que tous les laboureurs devaient connaître pour diriger les boeufs. Il faut dire que même les bêtes percent le secret du langage humain et réagissent à cet appel. «Je me souviens de ces temps bénis. Le peu qu'on semait était suffisant pour remplir nos greniers et assurer notre alimentation annuelle. Le travail à l'araire (lmaôun) était dur, mais la complicité des boeufs nous rendait heureux et surtout infatigables. Je suis triste pour moi de ne plus pouvoir vivre comme en ces temps-là, mais je suis aussi triste pour le monde qui est privé de cette joie naturelle qu'on ressent à la terre labourée», affirme Si Amar, un vieux de Yaskren C'est vrai que ce monde s'est évanoui avec l'arrivée de la modernité, mais ces traces existent encore et refusent de s'effacer. Le labour à l'ancienne, avec des boeufs, est une pratique qui existe encore. Le tracteur, malgré sa force, n'a pas la délicatesse de ce matériel, en bois, des anciens, qui flirte avec les racines des arbres. «Jusqu'à aujourd'hui, je travaille ma terre avec des boeufs et l'araire. C'est cher de notre temps. Mais je ne pourrais toucher mes oliviers et les figuiers avec un tracteur», reconnaît un vieil homme de Boudjima. Pour de nombreuses personnes que nous avons interrogées, le labour avec des boeufs protège les arbres et ne coupe pas les tissus des racines superficielles. Ils déconseillent l'utilisation du matériel moderne pour ce genre de travaux. «Le tracteur, c'est bon pour labourer les terres ou semer des céréales. De grandes surfaces, mais pour l'agriculture de montagne, on n'en a vraiment pas besoin».
Mais, avant d'aller au travail, les Kabyles doivent d'abord implorer Dieu pour une bonne récolte (Ssava). Ils devaient aussi honorer les saints et surtout organiser Timechrat. C'est ce rituel qui donne le coup d'envoi aux travaux des champs. Ce rituel de partage de la viande est encore vivace dans les villages de Kabylie. Les populations y tiennent encore, mais pour sa nature qui favorise la solidarité, la fraternité et l'entraide. Non, non, jusqu'à présent, je travaille avec du matériel moderne mais je suis très régulier avec ce rituel de la baraka des saints et de Timechrat. On ne peut pas aller de l'avant, si on laisse derrière les pratiques de nos ancêtres», assure Ferhat, un agriculteur qui continue d'utiliser les anciens matériels même s'il possède encore l'araire et le joug.
En fait, pour bon nombre de personnes, le travail avec du matériel moderne n'a jamais été en porte-à-faux avec les rites anciens. «Jusqu'à présent, la saison des semailles commence en octobre. Avec un araire ou un tracteur rover-croll, on peut toujours organiser une Timechrat et aller honorer les saints, avant de commencer. L'un n'empêche pas l'autre», explique Kamel, un agriculteur qui travaille ses champs avec du matériel moderne, mais qui est fidèle à cette ancienne pratique. 

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