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Belzébuth était dans les parages

A l’heure de l’appel à la prière, les fidèles pressaient le pas pour le rendez-vous quotidien avec Allah, tandis que le vieux et frêle Fadhel H., lui, se...

Le procureur siffle le fait que l’inculpé a été plutôt convaincant, puisque, juste après les terribles menaces, le détenu leva le bras gauche et demanda la parole.
« Enfin ! Ce n’est pas trop tôt ! Allons, dites-nous un peu ce qui vous a poussé à commettre le forfait », balance le président plutôt serein et calme.
Le vieillard prononça le témoignage qu’« il n’y a que Dieu et Mohammed est Son Prophète », heureux comme un gamin qui a retrouvé son jouet en entendant la formule de la Chahada du prévenu, le magistrat montra la blancheur de sa dentition et lança : « Bravo !
Le tribunal apprécie lorsque les justiciables sont raisonnables ! Alors, dites-nous ce qui s’est passé à l’intérieur de la mosquée, juste avant la prière du Maghreb, alors que la majorité était occupée par le rituel des ablutions ?
- A dire vrai, je me dirigeais vers la mosquée Khaled Ibn El Oualid, quand mon regard tomba sur une jolie paire de savates de «là-bas». J’oubliais, du coup, la prière, ses buts, les anges et tout ce qui s’ensuit. Et je regrette...
- Vous regrettez quoi ? coupe le magistrat, pas encore rassasié des regrets crachés par l’inculpé qui ne gigote plus depuis la reprise.
- Je regrette d’avoir regardé dans la mauvaise direction, vers la maudite paire de chaussures. Je n’aurais jamais dû le faire.
- C’est bien. Mais est-ce que vous avez pensé à Allah et aux catastrophiques conséquences, matérielles et morales pendant la seconde d’égarement ?
- Bien sûr, mais l’envie d’aller au-devant de la belle paire de chaussures, était trop forte, et que voulez-vous, lorsque Satan vous titille, vous n’ y pouvez rien.
-Ben voyons ! Et dans ce cas, il faudrait mobiliser toutes les forces de la police judiciaire pour procéder à l’interpellation de Satan et encore, il faudra l’attraper par la queue, sinon, c’est peine perdue ! ironise le président, car il sait, par expérience, que ce genre d’individus est rude à faire parler. Alors, autant prendre pour argent comptant ce qu’il vient de déclarer au tribunal.
- C’est tout ce que vous avez à déclarer ? » rumine le juge qui estime qu’il n’y a plus rien à tirer de ce coco, portant résigné à répondre à mille questions gênantes du tribunal.
Il préfère passer outre et décide de s’adresser au représentant du ministère public qui était installé tel un bonze attendant son heure.
« Monsieur le procureur, je pense que l’inculpé est à vous, voulez-vous ! ».
Le parquetier va commencer par un verset du Saint Coran. Ensuite, il va énoncer quelques lignes du Code pénal, avec les mots les plus durs et réclame la lourde peine de trois ans d’emprisonnement ferme et une amende aussi ferme.
Le tour de l’avocate arrive. Elle s’avance d’un pas sûr et mesuré vers la barre, comme si elle se dirigeait vers un brasier éteint où fument encore les dernières braises rouges pour-pres...
Elle tourne la tête en direction du client atterré et inquiet au plus haut point avant de commencer à plaider la bêtise humaine qui, de nos jours, fait faire aux gens mille et une bêtises et pousse l’individu, quel qu’il soit, quelle que soit sa formation et même son éducation, à commettre l’irréparable, car le diable était probablement et sans invitation, SVP, dans les environs au moment où il s’approchait du lieu de culte et commettre, les yeux fermés, tout comme sa raison, son forfait.
« C’est la seule explication que nous ayons sous la main car, comment expliquer que ce pauvre bougre fut mené par le bout du nez par Belzébuth dans le périmètre où il ne devrait pas roder ? » Ce scénario devrait être avalé par le tribunal pour une raison bien simple.
Sur le siège, le magistrat inflige une peine de trois ans ferme.
Ici, il convient de mettre en valeur l’absence d’amende car elle serait payée par les proches qui seraient ainsi doublement punis.

De Quoi j'me Mêle

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