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La chronique judiciaire

Le juge a raconté une anecdote

C’est pénible de parler du bien de l’Etat, ou, pour la vieille génération, le bien du « beylik »...

Au cours de l’audience correctionnelle du mercredi, une affaire de « destruction par le feu d’un bien d’autrui », notre attention fut attirée par le comportement de l’inculpé qui s’amusait à taquiner le tribunal en réaffirmant que son geste était prémédité car il n’aimait pas le «pouvoir » en place.
«Le pouvoir n’a pas besoin de prendre les bus acquis par une société nationale, en direction du public, notamment ! Et puis qu’est- ce que c’est que cette honteuse mentalité qui veut qu’un étourdi-abruti qui ne gobe point le «pouvoir» casse ou brûle le bien appartenant au peuple ?» s’exclame le juge qui ira même jusqu’à raconter une anecdote remontant au mois de juin 1984, date de la promulgation du Code de la femme.
Le magistrat se fit un réel plaisir à narrer cette véritable histoire qui, non seulement intéressa toute la salle, mais encore, fit un boom fantastique dans la salle et le public s’en donna à cœur joie, car une catégorie de citoyens, aime bien se marrer des trucs qui dérangent le « gouvernement » ou si vous le voulez bien, le « pouvoir » et surtout, rire au nez de l’autorité.
Le président allait gaspiller quelques secondes en déclarant qu’à l’époque, les policiers avaient embarqué un jeune de vingt et un ans, neutralisé en flagrant délit de vouloir détruire en entier, une cabine téléphonique publique : « Au moment où le procureur de l’audience lui demanda pourquoi s’en être pris précisément à un bien public, poursuivit le magistrat, devant une assistance toute ouïe après avoir suivi la première partie de l’anecdote, l’inculpé eut le culot de répondre méchamment et sans regret que son geste l’a été contre la promulgation du Code de la famille, code qui « avait été dressé contre... l’homme » !!! » Sur ce, le magistrat releva qu’après plus de trente ans, les mentalités n’ont pas évolué d’un iota et qu’il le regrettait visiblement, plus qu’amèrement. Une sortie que le président avait voulue plutôt pédagogique qu’autre chose, comme par exemple répressive ! Oui, chers lecteurs, c’est là un signe évident que la sortie du juge l’a été, car il s’est aperçu que la salle était bondée de monde fait surtout de parents et de proches d’inculpés de délits divers. De plus, on aura fait un bon constat : l’assistance était constituée de personnes du troisième âge car ils étaient là pour un gosse ou un petit –fils détenu pour un délit donné. C’est alors que la juge appuya délibérément sur l’accélérateur en décidant d’enfoncer encore plus le clou de l’anecdote en rappelant que la position de l’inculpé d’il y a plus d’une trentaine d’années, l’avait marqué, lui, le jeune juge de l’époque, parce que l’auteur du méfait s’était enorgueilli de son acte, acte qui pouvait l’envoyer pour longtemps derrière les barreaux. Il dit en guise de récit à débiter comme s’il dictait ses dernières volontés : « A l’époque, je ne pouvais pas me faire à l’idée qu’un simple citoyen pouvait prendre le risque de se faire prendre pour avoir voulu se moquer du ‘’pouvoir corrompu’’ du moment, un pouvoir qui avait osé promulguer une loi qu’il considérait anti-hommes et, plus grave : « scélérate » ! C’est impensable de vouloir imposer une volonté à toute une masse de rédacteurs, juristes et autres gouvernants voulant impérativement une société à la mesure du temps présent ! »
Le juge a perdu quelques précieuses minutes en se remémorant l’anecdote pour gagner l’attention de ce qui s’est passé en 2019 ! Il se retourne vers l’inculpé du jour et articule sans se mettre la pression que connaissent tous les juges du siège : «Alors, inculpé ! Vous êtes-vous rendu compte de la situation où vous vous êtes mis en vous rendant coupable de destruction de bien d’autrui, fait prévu et puni par l’article 395 (loi° 06-23 du 20décembre 2006) du Code pénal ?» Après un long silence de quelques secondes qui paraissaient des lustres, l’inculpé baissa la tête et répondit lentement et à voix basse. Ce qui poussera le juge à ordonner au détenu de répéter sa réponse en élevant un peu mieux, le ton. Le détenu reprit alors ses propos qui signifiaient à peu près ceci : «Je suis désolé d’avoir dérangé tout ce beau monde parce que je n’aime pas le pouvoir en place. Je pourrais même dire que j’ai honte de ne pas aimer des gens que je ne connais même pas.
Vraiment, je peux vous dire que ce que j’ai fait, est tout simplement ridicule et très grave !»
L’inculpé pleurera pour la première fouis car il venait de mesurer l’étendue des dommages qu’il avait commis, suite au coup de «démence furieuse passagère» qu’il aurait eue lorsqu’il avait mis le feu à un bien de l’Etat. Mais attention, le tribunal jugera si c’était bien une démence passagère ou un délit délibéré.
Le terme a été utilisé pour la première fois par Maître Nassima Aïd, l’avocate du détenu. Elle avait adopté une stratégie de défense qui a déjà payé dans une autre juridiction. Serait-ce la même chose cette fois-ci ? Oui, le conseil a choisi le mea culpa, mais en mettant l’accent sur les circonstances atténuantes. «Les circonstances atténuantes», restent un concept difficile à soulever, du moment qu’il y a des délits difficiles à expliquer. Comment arriver à étaler la théorie de « la haine du pouvoir en place », juste de quoi expliquer au tribunal l’usage du feu et la destruction du bien d’autrui durant ces moments d’égarements ?
La justice tranchera dans 15 jours, le temps pour le tribunal de réfléchir sur un acte inqualifiable !

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