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Une belle-sœur blanche

A la barre, deux femmes et un homme étaient debout face à l'expérimentée et rude juge du tribunal. L'une est précisément inculpée de vol, fait prévu et puni par l'article 350 du Code pénal.
La victime, flanquée de son mari, préoccupé et inquiet, à telle enseigne qu'il ne tient pas en place: « Qui êtes-vous, monsieur? Est-ce que je vous ai appelé?» dit la magistrate qui veut visiblement avoir en main, son audience dès le début. En agissant ainsi, elle a sûrement constaté que l'homme, qui ne figurait pas dans l'ordonnance de renvoi, ne pouvait rien apporter aux débats du jour. Puis, sans trop perdre de temps, elle passa tout de suite à l'affaire du jour qui mettait en cause la belle-soeur de la victime, poursuivie pour vol de bijoux. Elle aurait, trois jours avant la comparution, nié les faits devant la police et le représentant du parquet. La jeune inculpée, enveloppée dans un étroit et un peu trop serré «hidjab», sombre et fraîchement repassé, s'approche bien du pupitre et tout à coup, fond en larmes accompagnées de sanglots saccadés. La présidente garda son sang-froid et resta de marbre. Elle regarda bien la dame, puis jeta un oeil du côté du procureur et s'exclama, en direction de la femme qui gigotait, comme si on la fouettait: «Je ne sais pas ce qui vous prend. Je n'ai même pas posé la première question que voilà l'émotion! Alors, on y va?» jeta froidement la magistrate qui n'a pas quitté des yeux, un seul instant, l'inculpée, Maria B., 31 ans. La femme leva enfin la tête et marmonna à voix basse et presque inaudible: «Comme tous les jeudis après-midi, après le déjeuner, je suis allé voir Samira.H. Ma belle-soeur qui m'a reçue comme lors de toutes mes précédentes visites. Après le café, elle s'excusa de me laisser seule pour une urgence de dernière minute dehors. Elle ne m'a pas dit où elle allait ni quand elle reviendrait. Une trentaine de minutes seulement après son retour, elle se dirigea tout droit vers le salon pour en ressortir blême, comme au jour de ses funérailles. Elle m'accusa de suite du vol de ses bijoux, soigneusement cachés dans le grand frigo et je n'ai été jamais mise au courant de cela.
La maîtresse de maison appela les policiers qui se pointèrent aussitôt, m'interrogèrent longtemps sans avoir rien eu comme renseignements.» La juge prit note et invita la victime qui commença par lever la main droite pour on ne sait pourquoi. La présidente dit qu'il était inutile de prêter serment et l'invita plutôt aux faits: «Attention, madame, vous avez des enfants, l'inculpée est une de vos proches, c'est l'épouse de votre beau-frère et la justice juge sur pièces! Alors, qu'avez-vous à déclarer ce matin, à propos de la disparition dans l'après-midi du quatre du mois courant, d'une importante somme d'argent ainsi que de vos bijoux? Quoique le tribunal n'a aucun témoin du méfait! Enfin, passons pour le moment; nous vous écoutons et ne vous adressez pas à l'inculpée!».
La bonne dame raconta les faits sans apporter la moindre preuve de ses dires, puisqu'elle répéta encore une fois, qu'elle était sortie, laissant, comme elle l'avait fait auparavant, sa belle-soeur seule. A la question de savoir, si c'était la première fois que cela se produisait, la réponse était: «Non, madame la présidente, c'est une proche et nous avons les meilleures relations qui soient! Je ne sais pas ce qui lui a pris de me faire un coup pareil!».
La juge est vigilante devant de telles déclarations et il n'est pas évident qu'elles soient fausses ou vraies! Elle relit des passages du procès-verbal de la police et rien de palpable et de valable ne transparaît. Même le parquetier chôme et bizarrement, il n'a rien à dire. Il se tait par esprit de «solidarité du siège» car tout bêtement, c'est
la loi et la tradition qui le veulent! «Dans ces cas d'espèce, dans les milieux au fait de ce genre de «bavardages», il y a un adage bien de chez nous, qui dit à peu près ceci, à propos des procureurs que beaucoup appellent amicalement des «robots»: «Qu'elle vole, même si c'est une chèvre!». Pourtant, le tribunal n'a absolument rien sous les yeux qui puisse l'emmener vers un verdict favorable à la victime. Cette dernière racontera ce qu'elle voudra, personne ne la croira, faute de témoins, de preuves et surtout que le tribunal ne peut condamner une personne sur du vent! C'est pourquoi, dans un geste magnanime, la sympathique présidente prend acte des demandes du représentant du ministère public qui ne sont autres que «l'application de la loi», relaxe sur le siège de la dame injustement poursuivie et qui n'a fait qu'une faute: elle connaissait mal sa belle-soeur! Et c'est peu dire, car voilà deux familles qui vont s'en vouloir réciproquement pour longtemps!

De Quoi j'me Mêle

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