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Des producteurs de cinéma algériens réunis,hier, à la Cinémathèque

«Nous avons le crédit de l’attente…»

«Le présidentde la République a, certes, émis le souhait de développer le secteur du 7e art, mais a-t-on la même vision des choses ?», a souligné Belkacem Hadjadj

L’Association des producteurs algériens de cinéma présidée par Belkacem Hadjadj a tenu une réunion, hier matin, au sein de la Cinémathèque algérienne afin de débattre de la situation du 7e art en Algérie et d’apporter encore et toujours des idées et propositions de réflexion pour assainir et relancer le cinéma algérien. « Pourquoi l’association ?» s’interrogera d’emblée le réalisateur de Machaho. Et de répondre : «Les professionnels du cinéma doivent s’organiser. La dégradation du secteur a atteint un point inimaginable ! Le secteur est en péril, d’où cet appel à toutes les composantes du secteur cinématographique pour s’organiser. Par manque d’organisation, le secteur est devenu pollué par des gens qui n’ont rien à voir avec le domaine. C’est devenu catastrophique !», a t-il argué. Et d’aborder en premier lieu la notion de «liberté de création» qui, selon lui, est «essentielle, plus que d’un millier de studios de cinéma».

Des lois à réviser
Le financement est le second point abordé, affirmant que le Fdatic doit être révisé avec un nouveau fonctionnement d’alimentation financière et ce, en toute transparence. L’autre idée proposée est l’obligation des chaînes télé de renflouer aussi ce financement et de lancer, y compris des fonds régionaux dans les différentes wilayas, et ainsi sensibiliser les opérateurs privés et les banques et enfin réconcilier le cinéma avec l’école. Modérant le débat, Boualem Ziani (Libre image) a donné la parole au réalisateur Djaâfar Gacem afin de parler de la formation, «Il est utile et urgent de mettre un plan d’action pour former des techniciens, grâce à un plan Marshall et ce par la création d’une école de cinéma, en intégrant des stagiaires dans les productions cinématographiques et des diplômés d’art visuel dans le cursus universitaire de manière à ce qu’ils soient reconnus pour le travail etc.». Abordant les avantages et les inconvénients des lois dans le 7e art en Algérie, Yasmine Chouikh dira pour sa part que la liberté de travailler est essentielle , or celle –ci est souvent freinée, non seulement par manque de financement, mais par des lois ou décrets qui ralentissent souvent le travail d’un réalisateur, comme l’article 6 relatif au visa d’exploitation d’un film qui met 60 jours pour être délivré… D’où le besoin de créer des coopératives et des syndicats pour défendre ces droits. Elle rappellera que des lois facilitant le travail existent mais celles-ci tardent à entrer en vigueur, notamment celle de l’institution d’une carte professionnelle définissant les corps de métiers. Elle n’omettra pas de relever la loi 11.03 qui touche à la liberté de création d’un réalisateur à plusieurs échelles, notamment, en exigeant qu’un réalisateur de film de guerre doit soumettre son film non seulement au ministère de la Culture mais aussi à celui des Moudjahidine (cas de Bachir Derraïs et son actuel litige sur son film Ben M’hidi par exemple, Ndlr).

Volonté politique
Le réalisateur du film, Le Puits, Lotfi Bouchouchi, abordera quant à lui les questions de l’exploitation et de distribution de films, regrettant le fait que l’Algérie ne soit pas dans les réseaux de distribution internationaux, mais aussi la confusion qui existe au sein de l’appropriation des droits sur les salles de cinéma en Algérie. (une partie au ministère de la Culture, une autre aux APC et une autre au privé Ndlr). «Comment faire pour les récupérer ?» s’est-il demandé et de rajouter : «Les salles de cinéma sont un point très sensible. Il faut en parler avec les exploitants.» et d’avouer : «On voit une volonté politique affichée... mais pour que le cinéma se développe, il faut que cela soit suivi par des moyens financiers et que les réglementations soient appliquées et ce durant au moins une décennie. Cela ne concerne pas uniquement le ministère de la Culture, mais tout le gouvernement pour que le cinéma devienne libre et puisse drainer une économie». A la fois négatif, mais quelque peu optimiste, Belkacem Hadjadj qui a brossé un tableau assez alarmant, quant à l’état du 7e art algérien (rappelons qu’il est le producteur du film Papicha, interdit de salles en Algérie, Ndlr), dira tout de go : «La volonté politique n’existe pas à nos jours pour libérer le secteur. Le président de la République a, certes, émis le souhait de développer le secteur du 7e art, mais a-t-on la même vision des choses ? Pense-t-il au cinéma comme un art ? Ou autre chose ?».

Des films de propagande, à l’art
Et de dénoncer certaines «réglementations archaïques qui empêchent les réalisateurs de faire des films» tout en indiquant que «certains dirigeants sont incultes». Belkacem Hadjadj qualifiera la censure de son film Papicha d’«absurde» surtout a t-il observé. «Au contraire cela a servi le film. Tout le monde l’a vu ailleurs.» Et de renchérir : «La volonté politique ce n’est pas qu’il y ait des films sur la guerre d’Algérie, mais qu’il y ait de l’art !», a-t-il réitéré. Et de faire savoir en substance : «Nous avons le crédit de l’attente. Il faudrait un plan Marshall avec un comité interministériel. Le jour où je verrai cela, je commencerai à croire à une vraie volonté politique». Balkacem Hadjadj qui reconnaîtra ses velléités d’organisation depuis 2016, fera remarquer que «le cinéma est entièrement dépendant de l’Etat. C’est une réalité qui s’applique dans le monde entier. Même en France. Si l’Etat était consentant à nous entendre, on pourrait faire cent fois mieux que la France». Malgré le fait que tous ses cris de détresse s’avèrent être des appels sans lendemains, s’apparentant à de vulgaires bouteilles jetées à la mer et ce, depuis des années, Belkacem Hadjadj ne s’avoue pas vaincu pour autant et affirme sa volonté de continuer le combat pour faire des films. «Tout le monde attend de voir si politiquement on va changer. Nous, on dit qu’on est là… On ne demande pas mieux que de travailler.» Et Yasmine Chouikh de reprendre la parole : «On ne fait le procès de personne. On est là pour avancer ensemble, en toute transparence.» Et le président de l’Apac, Belkacem Hadjadj de relever, toujours, clair, franc et sans ambages dans un énième sursaut de colère: «On souhaiterait sentir de la part du pouvoir une réelle volonté politique pour développer l’art cinématographique et non pas un instrument de propagande.» Et de conclure : «Si on ne produit pas nos propres images, d’autres le feront avec une telle maîtrise et intelligence et nous voyons, aujourd’hui, la force et le pouvoir des images dans le monde…». A noter que cette conférence, tenue hier matin à la Cinémathèque, intervient au lendemain de la réunion du Conseil des ministres, tenue dimanche sous la présidence de Abdelmadjid Tebboune, président de la République. En effet, selon l’APS, Tebboune aurait approuvé un exposé présenté par la ministre de la Culture, Malika Bendouda sur «le développement du secteur de la culture et de l’industrie cinématographique». L’exposé présenté par la ministre Bendouda porte sur une analyse détaillée de l’état du secteur et propose une stratégie de son développement pour la période 2020-2024, en collaboration avec plusieurs autres départements ministériels. Un des axes concerne justement le lancement de l’industrie cinématographique par la création d’une dynamique de diffusion de longs métrages disponibles au ministère, dans les salles de cinéma, la création d’un Centre cinématographique national, l’augmentation de la production cinématographique à 20 films par an et la régularisation définitive de la situation des salles de cinéma sous tutelle des collectivités locales, dont la plupart sont hors service. Pour réaliser un décollage dans ce domaine, toujours selon l’APS, la ministre a proposé des exonérations fiscales et parafiscales en faveur des professionnels du secteur. Le président de la République aurait en outre affirmé que «la relance de l’industrie cinématographique vise à encourager l’investissement dans les studios de production en octroyant toutes les mesures incitatives aux professionnels, notamment le foncier et les crédits bancaires, en vue de diversifier cette production pour qu’elle contribue au renforcement du patriotisme des Algériens et du sentiment de fierté à l’égard de l’Algérie et de son histoire, toute entière». Tebboune a appelé à «orienter le cinéma commercial vers le rayonnement culturel de l’Algérie à l’échelle mondiale en tant que meilleur moyen face à l’invasion culturelle». Les choses sérieuses commencent-elle vraiment à bouger ? On attend pour voir, comme l’a dit Hadjadj.

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