Le business de Yennayer

Un dîner au restaurant ou une petite escapade pour Yennayer, voilà le concept qui a fait fureur le week-end dernier. En effet, depuis l’année dernière et l’officialisation du Nouvel An berbère comme fête nationale avec la journée chômée et payée, les restaurateurs et les professionnels du voyage ont flairé le bon filon. Surtout que cette année elle a coïncidé avec un long week-end. «Le produit Yennayer a marché presque aussi bien que le réveillon», nous avoue, Nacéra Moumene, directrice de l’agence Voyage du Cœur au Télemly. «Nous avons proposé deux produits, un à Alger et l’autre à El Oued», a-t-elle indiqué. Ainsi, cette agence de voyages a organisé un dîner-gala au niveau du restaurant El Corso de Sidi Fredj. Mais le plus notable réside dans la visite de la Casbah qui a eu lieu durant la journée où les clients ont pu découvrir la Citadelle, ainsi que la célébration de Yennayer dans la pure façon algéroise. Pour ce qui est du séjour à Oued Souf, il s’agit de trois jours dans le célèbre complexe la Gazelle d’or avec des animations pour un Nouvel An façon Sud.
Nacéra n’est pas la seule professionnelle du voyage à avoir surfé sur la vague de «Yennayer». De nombreuses autres agences ont proposé de petites virées dans le… passé. La Kabylie est bien évidemment la destination phare. Les «stars» du week-end ont été les villages du Sahel à Bouzeguène et Tifirdoud à Aïn El Hammam. Sortis de l’ombre, ces derniers récemment élus comme villages les plus propres de Kabylie ont été suivis par l’organisation du festival Raconte-Arts, permettant aux villageois de profiter de ses retombées. Dans ce sens, ils ont préparé pour Yennayer des festivités avec une célébration comme celles de nos ancêtres. Les agences ont proposé des visites guidées pour cette journée au grand bonheur des jeunes et moins jeunes, surtout que les tarifs sont relativement abordables, entre 1500 DA et 3000 DA la journée, transport inclus. Certains ont même séjourné chez l’habitant pour quelques dinars en plus avec, à la clé, de savoureux dîners traditionnels accompagnés de chants bien de chez nous. D’autres villages de Kabylie ont également célébré de façon grandiose le Nouvel An amazigh, grâce aux louables initiatives d’associations culturelles telles que «Imeghi n tfsoyuth». Malgré le mauvais temps, les visiteurs y ont afflué en nombre de plusieurs régions du pays. Ils y ont découvert femmes et hommes vêtus de beaux habits traditionnels, tous motivés et heureux d’accueillir le Nouvel An amazigh avec joie, amour et prospérité.
Tikjda n’est pas en reste de la fièvre de Yennayer. La neige qui y est tombée ce week-end a fait que certains optent pour cette station de sports d’hiver qui se trouve dans la wilaya de Bouira.
Le Sud et sa longue tradition dans la célébration de cette fête a aussi fait fureur. Nombreux sont ceux qui ont opté pour un petit voyage de quelques jours à Taghit, Timimoun ou Tamanrasset. Ils ont eu droit à des programmes riches et variés, notamment au niveau des maisons d’hôtes qui pullulent dans la région. Ils ont pu y découvrir les rites locaux de cette fête, tout en s’imprégnant de la magie du désert avant de se faire bercer par la musique du «Ténéré» (Sahara en targui) pour ce Nouvel An «taàna» ( à nous, Ndlr).
Pour les petites bourses ou ceux qui ne souhaitent pas se déplacer, les «Kheimas» et autres restaurants traditionnels à la mode ont organisé des dîners avec des spectacles pour des soirées inoubliables. Bref, comme ce qui se fait dans les réveillons de fin d’année. Un business florissant qui fait vivre les agences de voyages tout en ayant des retombées positives sur les villageois qui en ont profité pleinement, avec cerise sur le gâteau, sans transfert de devises à l’étranger. Mieux encore, avec ce type de séjour et festivités millénaires, on pourrait même faire rentrer des devises au pays. Les touristes étrangers sont avides de ce genre de séjours culturels qui les replongent des millénaires en arrière. On est face à des produits touristiques uniques en leur genre. L’Algérie, ses atouts naturels et sa richesse culturelle, sont des diamants qui ne demandent qu’a être taillés. Mais… !