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La Ligue arabe à l’aune du GMO

L´honneur est sauf ! C´est ce qu´ont dû se dire les souverains et chefs d´Etat arabes présents samedi dernier à Tunis, lors du 16e sommet annuel de la Ligue des Etats arabes qui a pu finalement se tenir, même s´il n´a pu éviter les galéjades du colonel El Gueddafi. En fait, ce sommet aura suscité plus de bruit que de vraies décisions susceptibles d´indiquer que le monde arabe prend enfin conscience de l´impasse où il s´est enlisé. Ainsi, beaucoup de bruit autour de réformes présentées comme étant la panacée d´un sommet formaté au ronron du consensus. Et les dirigeants arabes ne se sont pas départis de cette habitude consensuelle, jusqu´à adopter des réformes à « la carte » et au rythme et conditions voulus par chaque pays arabe. Autant dire que les réformes n´ont jamais été perçues par les dirigeants arabes comme étant l´urgence de l´heure, mais plutôt une manière de prendre le contre-pied, selon eux, du danger, autrement pernicieux, à les croire, qu´est le projet américain de Grand Moyen-Orient (GMO ou GME en anglais). Enrobé de mots aujourd´hui très prisés, car à la mode, tels que «bonne gouvernance» «droits de l´Homme» «libertés plurielles», le document final de Tunis ne déroge pas en réalité aux précédentes rencontres arabes où le plus important était encore de ne faire ni des vagues ni remettre en cause l´ordre établi. Aussi, nombreux étaient les pays arabes plus enclins à trouver un contre-feu à l´initiative américaine qu´à réellement s´impliquer dans une véritable remise en question par l´instauration d´une dynamique de renouveau. De fait, l´absence du prince héritier saoudien, Abdallah Ben Abdelaziz, dirigeant de facto de l´Arabie saoudite, la tentative du président égyptien Hosni Moubarak d´imposer au sommet arabe une ligne égyptienne des réformes, sont indicatives, sinon de la panique, du moins du trouble de ces deux grandes autocraties arabes mises au pied du mur. La décision du président égyptien de décliner l´invitation d´assister au sommet du G8 à Sea Island aux Etats-Unis est, outre un dépit, une ultime dérobade de celui qui s´estime le maître à penser du monde arabe, allant jusqu´à demander aux pays arabes conviés en Amérique à ne pas s´y rendre. En fait, outre la prétention égyptienne de diriger le monde arabe, Le Caire encaisse mal le fait que la proposition du raïs égyptien de créer un instrument de coordination pour «faire face à l´initiative américaine» n´ait pas été retenue par le sommet. Insupportable ! C´est bien la peur de ce que pourrait être ce «GMO» américain (dont on ne connaît pas tous les tenants et aboutissants) pour le devenir des autocrates arabes qui fait agir le Raïs. En fait, M.Moubarak a fait le déplacement de Tunis pour imposer ses vues à ses pairs arabes. Aussi, Ibrahim Nafee, P-DG de l´influent Al-Ahram, proche du président Moubarak, met les pieds dans le plat en exprimant le ressentiment égyptien envers la Tunisie, qui aurait commis un crime de «lèse Egypte» en ne retenant pas la proposition du Raïs. M. Nafee écrit par ailleurs à propos du GMO : «L´instrument que veut créer le G8 est conçu pour être partie intégrante du projet du Grand Moyen Orient, s´étendant du Maroc à l´Afghanistan et comprenant des pays de l´Asie centrale et beaucoup de pays non arabes» soulignant «aussi, l´objectif du G8 est de marginaliser la Ligue arabe». La Ligue arabe, nous y voilà ! Une ligue qui, comme chacun sait, n´a jamais été qu´une annexe du ministère égyptien des Affaires étrangères, dont 90% des fonctionnaires sont des Egyptiens, son secrétaire général «perpétuel» un Egyptien, actuellement Amr Moussa, dont enfin le siège se trouve fixé au Caire. En fait, une vraie réforme dans les pays arabes mettra bas ce système sclérosé sur lequel est bâtie cette ligue d´obédience égyptienne et dont les missions essentielles consistent à veiller à la prééminence égyptienne. Aucune organisation internationale semblable (l´OEA américaine, l´UA africaine, l´UE européenne, pour n´en citer que les principales) ne se trouve sous le joug d´aucun pays membre comme l´est la Ligue arabe de la part de l´Egypte, laquelle l´a transformée en une simple filiale, une courroie de transmission des vues égyptiennes sur les affaires du monde arabe. Aussi, une réforme des Etats arabes, avec l´introduction de paramètres universels que sont la démocratie et les libertés collectives et individuelles, mettra nécessairement fin à l´existence de la Ligue arabe dans sa contexture actuelle pour lui ouvrir des horizons plus conformes aux potentialités qui sont celles du monde arabe. Sans budget, sans pouvoir réel, sans Parlement ni instruments de direction lui permettant d´avoir une marge de décision par rapport à ses Etats membres, la Ligue arabe n´est en fait qu´un «machin» aux mains de l´Egypte. Aussi, dire que les Américains cherchent à marginaliser une Ligue arabe, qui n´a de concret que le nom, c´est vraiment croire au père Noël et oublier qu´elle n´est même pas consultée sur ce qui la concerne en priorité, le dossier palestinien. En réalité, les réformes dans les pays arabes conditionnent, sine qua non, la réforme de la Ligue arabe. Et la Ligue arabe ne pourra jamais être réformée tant qu´existeront des pouvoirs autocratiques arabes, la forme de gouvernement la mieux partagée de l´Arabie Saoudite au Maroc et de la Mauritanie à la Syrie.

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