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Ahmed Bedjaoui à l’Expression

«Je regrette qu’il y ait une loi sur le cinéma»

Universitaire, producteur, critique de cinéma algérien et auteur de plusieurs livres sur le cinéma, Ahmed BEDJAOUI était présent, au Festival d'Annaba du Film Méditerranéen qui a eu lieu du 24 au 30 avril dernier, pour assister au symposium sur l'industrie cinématographique et faire part de son expérience en tant qu'expert dans ce domaine. Nous avons profité de l'occasion pour évoquer avec lui la nouvelle loi sur le cinéma, qui divise actuellement les professionnels du secteur et dont certains remettent en cause carrément certains de ses articles qu'ils jugent «liberticides» et dont le représentant du ministère de la Culture et des Arts a refusé d'en parler d'ailleurs en matinée de ce symposium préférant parlant d'autres impératifs...

L'Expression: Vous êtes ici à Annaba, que pensez-vous d'abord du festival et de son retour?
Ahmed Bedjaoui: Du festival, je retiens deux idées, deux visions qui me semblent importantes, par delà les petits détails, si l'on veut parler de l'essence même d'un festival, et les instruments de mesure pour qualifier s'il y a succès ou pas succès, je dirai qu' il y a eut un public, qui a montré indéniablement son engouement pour le cinéma, le public est toujours prêt à répondre. On l'a vue dans d'autres festivals. Donc, on ne peut pas dire que c'est le public qui a déserté mais c'est plutôt le cinéma qui a déserté le public. Ensuite, la deuxième chose que j'ai vu également, c'est la programmation. On a vu de bons films, une bonne programmation; j'étais très content de voir des gens se battre pour rentrer dans les salles. C'est quelque chose qui me semble être très importante car c'est le public qui décide de la réussite ou pas. On travaille pour le public. On ne travaille pas pour tel ou telle personne. On ne travaille pas pour satisfaire les égo des gens. Etant un enfant de la cinémathèque aussi, lorsque je vois des salles pleines comme pour «Bye Bye Tibériade» de Lina soualem où il n y avait pas un siège de libre, ça me réjouis. Voila les deux choses qui m'intéressent.

Qu'en est t-il de cette cette journée qui vient de s'écouler à propos du symposium sur l'industrie cinématographique?
Je crois qu'il faut rectifier un peu les choses. On est entrain de parler d'industrie cinématographique c'est-à-dire qu' on est en train de parler du bout de la chaîne, alors qu'en réalité, ce n'est que la fin de la chaine. Si vous n'avez pas de salles, si vous n'avez pas de recettes, si vous n'avez pas de public vous ne pouvez pas avoir de cinéastes, par ce que les cinéastes émergent du public, ensuite, ce sont les recettes des salles qui vont générer des cash-flow pour la production, les fonds d'aide vont être alimentés par ça. Après, il va y avoir des cinéastes qui vont vouloir faire des films. Ils ont besoin de studios, de laboratoires, de technicité, c'est comme ça que l'industrie cinématographique démarre. Nous, on a l'impression malheureusement qu'on commence par l'industrie, par le haut et on oublie les fondations. Il faut revenir à ce cercle vertueux.

En parlant de fondation, on ne peut occulter la loi sur le cinéma. Cette année, une loi vient d'être votée au sénat, et on sait bien que c'est la loi qui régit tout fonctionnement cinématographique sur le terrain. Vous en avez pensé quoi de cette loi qui d'ailleurs est controversée par certains membres de professionnels du secteur?
Je vais vous le dire, je regrette qu'il y ait une loi sur le cinéma. En 2010, je m'étais opposé également à cette loi, par ce que depuis l'indépendance, nous avons fonctionné avec des décrets. Dés que vous avez des lois, vous allez au parlement. Il y aura toujours des gens qui vont introduire des amendements et qui vont polluer cette loi, c'est-à-dire qu'ils vont demander des dispositions qui ne sont malheureusement pas au service du cinéma. Je trouve que le cinéma, dans beaucoup de pays fonctionne avec des décrets, avec des décisions ministérielles. Moi, je suis contre, pas contre cette loi, mais contre le principe d'avoir une loi pour régir le cinéma, par ce qu'une loi, ça amène à des excès, malheureusement condamnables et qui limitent la liberté de création. Malheureusement on en est arrivé à la. Je crois qu'il faut reprendre les choses sérieusement. Le cinéma a besoin de liberté, la création et la fiction aussi. Le cinéma n'écrit quand même l'histoire, ce sont les historiens qui écrivent les histoires. Le cinéaste ne fait que témoigner. Si vous n'êtes pas d'accord avec la manière avec laquelle Bachir Derrais a fait BenMhidi, par exemple, vous f aites un autre film sur BenMhidi et puis c'est tout.

D'autant plus que cette loi est passée alors qu'il y a beaucoup de cinéastes qui ne la cautionnent pas mais qui ne peuvent rien faire...
Oui malheureusement, moi ce que j'ai regretté, je l'ai dit et on m'en a voulu pour ça, c'est qu'on nous a réuni et on a parlé mais on n'a pas tenu compte de nos remarques, c'est-à-dire que c'est passé en force. On nous a consultés, à Alger, à Oran etc... A ce moment là, si on consulte, c'est pour tenir compte des avis des gens au principe. Même au parlement quand nous avions été auditionnés, on n'a pas tenu compte de nos remarques. Donc, c'est une loi qui a été adoptée sans tenir compte des avis des professionnels.

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