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Yacine Benchekroun, fondateur de l'Association Icosium Art

«La promotion du patrimoine algérien est notre objectif»

Défricheur de talents, Yacine Benchekroun, résidant en France, mais originaire d'Algérie, se plait d'organiser moult événements, tous liés à la promotion de l'art et la culture algériens. Sauvegarder notre patrimoine matériel et immatériel c'est aussi son dada. Pourtant, il n'est ni producteur, ni agent d'artistes, mais son travail y ressemble, tant notre interlocuteur aime investir de son temps et de sa poche pour venir en aide aux jeunes talents en herbe pour qu'ils se fassent mieux connaître par le milieu du spectacle et les professionnels du secteur. Passionné par ce qu'il fait, il se confie à L'Expression sur son travail, l'actualité, non sans évoquer ses ambitions quant à son souhait de venir en Algérie et collaborer avec une boïte événementielle afin de faire découvrir, de l'autre rive, ses «pépites»!

L'Expression: Yacine Benchekroun, vous êtes le fondateur de l'association Icosium Art, son nom déjà, n'est pas anodin. Pourriez-vous nous en parler?
Yacine Benckeroun: Cette association me tient beaucoup à coeur. J'ai croisé, un jour, un gars à Bousaaâda, un luthier qui avait de l'or dans les mains. Il fabriquait aussi plein d'instruments où il en tirait peu de profits, avec peu de moyens. Il n'arrivait pas à les vendre. Quand je lui ai demandé s'il formait, s'il y avait la relève, il m'a répondu que non, qu'il faisait ça, pour passer le temps et son fils passe son temps sur son portable. Il m'a fabriqué un oûd pour ma fille avec son nom Shaïma gravé dessus.
De retour à Paris, ça avait impressionné les gens. Ironie du sort, il n'arrivait pas à vendre ses instruments, alors qu'en France, les gens étaient subjugués par son travail. J'ai eu d'un coup cette réflexion: on défend souvent la faune et la flore, les espèces en voie de disparition, mais ce monsieur, en fait partie. Ce monsieur qui vit dans ce village à Bousaâda, s'il ne transmet pas son savoir, il va le perdre et ça va s'éteindre avec lui. De là, l'idée m'est venue de me battre pour que ce savoir -(faire ne vienne pas à disparaître, en essayant de faire quelque chose pour cela. J'ai longtemps hésité. L'Algérie, je l'ai toujours vue comme un pays sans frontières... J'ai essayé de remonter plus loin, avant les frontières, quand l'Algérie était la quintessence de pleines choses. Je suis tombé sur le nom «Alger Icosium» qui est un groupe d'ilots, en langue latine et je me suis dit que je n'allais pas me cloîtrer sur des frontières avec une appellation nouvelle par rapport à l'humanité et j'ai choisi donc le nom d'Icosium Art pour mon association qui correspond aussi bien aux Algériens quaux'autres nationalités. À titre d'exemple, j'ai croisé à Zanzibar un luthier, des peintres, des gens qui font des cadres à partir de récupération de bois etc. Je suis algérien, effectivement, il y a plein de choses à faire dans mon pays, mais je ne voulais pas me limiter à la frontière algérienne. Par contre, je voulais mettre un nom, pour qu'on sache que je suis algérien. Icosium Art est venu de là. De cette idée là. L'association est née en 2021. J'ai été plusieurs fois à Boussaâda, après, dans la maison d'hôte qui s'apelle «Dar Ema». Au sous- sol de cette maison d'hôte, se trouve l'atelier de ce luthier. Je suis parti après à Ghardaïa où j'ai eu connaissance avec la ffndation Tacha, avec Hamid qui forme les femmes au tissage artisanal. Il permettait à ce savoir-faire de perdurer tout en respectant les moeurs locales. Il permet à des femmes au foyer de travailler de chez elles. Il leur ramène tout les outils nécessaires. D'un magasin artisanal, il a créé une fondation. C'était une cause qu'il fallait défendre. Tous ces gens-làà, je leur prends leurss produits et j'essaye de les exposer maintenant à Paris, à travers des plates-formes, des consistances. J'essaye de faire jouer mon relationnel, plutôt notre relationnel car on est plusieurs dans l'association, pour faire promouvoir ce savoir-faire. Au-delà de vendre ces choses, j'invite les gens à aller sur place. Car, si ce tapis vous parle, allez voir comment ces gens le fabriquent. C'est ça le but derrière ça.
Une année plus tard, je suis venu à Alger. C'est là où je suis né, où je reviens souvent et me ressource. J'ai croisé des Pop-Artistes dont un qui s'apelle Nazim Tkherbicha et puis Yasmine Bourahli. Ce sont des gens comme ça, qui pour moi, en valent la peine, pour qui je mettrai de mon temps et de mes sous. Tant ce que je pourrai...

Votre but est de promouvoir donc les artistes, mais en quoi consistent vos activités précisément en France, en dehors de mettre en avant le patrimoine algérien?
Aujourd'hui, je suis entouré d'artistes musiciens et de poètes dont certains n'arrivent pas à vivre de leur art.
Pourtant, ils sont doués et sont pourvus d' un savoir- faire qui est rare. Ça me fait de la peine de les voir comme ça. C'est-à-dire, faire autre chose pour pouvoir vivre. il leur manque de la pub, de la com, de la promotion, de la visibilité pour qu'ils remplissent des salles, pour qu'ils puissent en vivre et multiplier les événements. De là intervient mon rôle, j'ai commencé à organiser des événements à Paris, à Lyon, à Marseille, j'ai tissé des toiles avec d'autres associations, d'autres maisons de production. Je suis perçu comme un découvreur de talents.
Les gens me contactent, quand ils cherchent un artiste ou des musiciens dans tel ou tel genre de musique..j'ai d'ailleurs découvert récemment un groupe extraordinaire qui fait du métal Andalou. Ils jouent du insiraf à la guitare électronique tout en respectant la structure andalouse parce que les gens qui font ça sont issus des écoles de musique andalouse. Je travaille aussi avec le groupe RaiM. vous pouvez découvrir tout ça d'ailleurs sur notre page Instagram «Icosium art» où je publie des choses pour que les gens regardent l'évolution, les répétitions des artistes, l'avant et après.
C'est important, car ça permet de voir qu'on a fait un chemin. Je ne travaille pas avec des gens bancables, mais plutôt avec des gens qui partent de rien. Je soutiens aussi les jeunes auteurs, pour qu'ils sortent aussi de leur isolement et trouvent un public. J'organise ainsi des événements où il y a des expos, de la musique mais aussi de la lecture et des ventes dédicaces. J'en ai fait à «la Belle Maison» notamment.
Nous avons projeté aussi le film de Malik Bourkache qui s'appelle « Azar». j'étais séduit par l'idée de son film qui montre comment des femmes en Kabylie vivent en travaillant sur de la poterie, tu tissage... Je voulais à travers cette projection rendre honneur aussi aux femmes algériennes à travers le poids qu'elles ont dans nos sociétés depuis des millénaires. Vous voyez, j'ai commencé par croiser un luthier, aujourd'hui on organise des concerts, de la lecture, des ventes -dédicaces, des expos, de la bd etc. Avant, je les cherchais, aujourd'hui, je croise tout le temps ces gens. Je suis même frustré, car on nous écrit sur le profil de l'association, je les encourage, mais on ne peut pas satisfaire tout le monde.

Vous êtes limité sur le plan financier et des moyens?
Des moyens, mais aussi par le temps, car ce n'est pas mon activité principale. J'ai mon travail, ma vie personnelle. L'association, je l'ai créée, parce que j'aime voir des gens qui ont du talent au- devant de la scène. J'aime les challenges, je vis avec ça. J'aime voir quand je travaille sur un sujet qui porte ses fruits. J'aime le fait de voir qu'Icosium Art soit connu aujourd'hui, alors que c'était juste une idée au départ. Je salue mes amis les artistes à l'instar de Youss, anciennement Intik qui était venu en premier, Djam alias Djamil Ghouli qui est venu pour nous soutenir, Nassim Dendane, Samira Brahmia, Cheikh Sidi Bémol, Aziz Sahmaoui, anciennement Onb, Zahra Harkat. Je salue tous ces artistes car ils savent ce que s'est et connaissent notre combat, car ils sont passés par là. Je suis honoré aussi par la présence féminine, car nous avons lancé des quaâdate au féminin, en organisant des jam sessions avec un plateau d'artistes cent pour cent féminin, soit des musiciennes ou des chanteuses ou en formation en groupe..On leur donne l'occasion de s'exprimer. On les aide sur les dossiers de presse, on leur monte des teasers...on les coache sur leur identité artistique.. Le mot d'ordre est «kiffer le moment!». De rester soi-même, de ne pas attendre de faire des grandes salles. Tout est permis, le but est de prendre du plaisir et le partager avec le public...

Quels sont aujourd'hui vos objectifs ou perspectives?
On est sorti, aujourd'hui, des espaces qui peuvent contenir environ 70 personnes à des lieux plus grands. On postule à des festivals, on compte monter des résidences artistiques avec certains artistes car c'est de là, où ils pourront sortir avec quelque chose de plus peaufiné..J'essaye de leur trouver des résidences un peu partout en France, car je vis en France. On postule à des festivals pour 2025 inchallah. Après, moi, je ne suis pas manager, ni producteur, même si parfois on me le demande, on me le propose, car c'est vrai que la limite est très fine entre les deux mondes...Je suis, avant tout, fondateur d'une association qui appartient aujourd'hui à tous ces gens-là. J'ai aussi des membres au sein de cette association qui m'aident beaucoup, qui travaillent parfois plus que moi, sur les affiches, les programmes, sur les prospections de lieux, les montages vidéos, la com... J'ai créé un petit écosystème que je suis, avec beaucoup de bienveillance et on s'éclate à faire cela, on apprécie quand on le partage avec le public, on apprécie beaucoup ces moments-là. C'est en train de prendre de l'ampleur, mais je sais que je vais m'arrêter à partir du moment où l'artiste aura une visibilité et quand il signera avec un producteur ou une maison d'édition par exemple. A partir de là, ce ne sera plus mon métier car c'est beaucoup d'investissement. Je ne peux pas me mettre en mode producteur, manager, programmateur ou agent alors que j'accompagne des d'artistes qui se donnent à 400 cent pour cent pour leurs projets et qui mettent des sous de leurs poches. Je les accompagne le temps qu'il faut. Je leur demande juste de ne pas oublier Icosium Art et verser un peu de sous, de temps en temps, car j y ai mis beaucoup de mes moyens personnels. Je n'ai pas de subvention, je n'ai rien. On travaille en partie avec la billetterie et des donneurs, des anonymes parfois qui croient en notre cause. J'aimerai beaucoup monter un événement en Algérie. J'aimerai beaucoup ramener RAIM par exemple ou un écrivain. J'aimerai bien venir en tant qu'Icosium Art avec le groupe de mon association et travailler avec une boîte événementielle par exemple, qui me donnera, notamment les moyens pour venir. J'en suis sûr qu'on sera à la hauteur de ce qu'ils attendront!

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