BÉJAÏA
Ce sont les moyens qui manquent le plus
Comment et où passer le réveillon, est la question qui revient comme un leitmotiv.
L´année 2012 tire à sa fin. La nouvelle année 2012 pointe du nez. La fièvre festive s'empare des citoyens de la basse Kabylie. Fêtards qu'ils sont, ils se préparent déjà. Des signes qui ne trompent pas sur cette intention aussi bien dans les villes que dans les régions rurales. On en parle entre amis et collègues de travail. Comment et où passer le réveillon est la question qui revient comme un leitmotiv. Chez d'autres on n'y pense même pas par le fait de la croyance ou celui des moyens. Alors que décors festifs commencent à apparaître sur les devantures des boutiques et magasins, les fêtards de Béjaïa font du jour de l´An une préoccupation de l'heure. Agacés par les différents «interdits», certains citoyens, les plus huppés cela dit en passant, ont, ces derrières années, opté pour une célébration des fêtes de fin d'année à l'étranger.
La Tunisie, le Maroc, la France et autres pays européens figurent parmi la liste de choix de ces citoyens. D'autres resteront dans la région, même si cette année elle n'offre pas un grand choix. Depuis que les lieux de spectacle ont été fermés par les autorités, il reste peu d'opportunités pour les Bedjaouis. Qu'à cela ne tienne! Fêtard, le Bougiote ne lésinera pas sur les moyens pourvu qu´il trouve l´endroit idéal à même de lui offrir les commodités nécessaires. Où réveillonner? Quel budget y consacrer? En famille ou entre amis, le réveillon se fêtera certes à Béjaïa. Et on cherche le meilleur cadre. De passage hier après-midi sur la côte pour une tournée d´inspection, conjoncture oblige, nous avons rencontré Salim, un jeune de 26 ans, à Aokas. Il est venu s'informer sur les différentes formules proposées. La plupart de ceux qui résident dans les régions de Béjaïa, comme le confie Salim, considèrent que «le réveillon dépasse les moyens d´un simple citoyen». A la question de savoir où va-t-il le fêter, il répond après un long soupir «entre amis probablement». Comme lui, beaucoup de personnes choisissent de se retirer dans un appartement. On s´équipe comme il se doit et le reste vient. C´est un peu ce qui se fait dans les villages. Les jeunes cotisent. Ils s´approvisionnent pour un moment de partage que rien au monde ne peut changer. «Je suis encore indécis. Rester là au risque d´avoir une mauvaise surprise ou partir au village avec les amis. Le choix n´est pas facile», soutient Ahmed. Le gros des habitants optera pour la formule familiale. Peu coûteuse et surtout plus sécurisante. Saïd est marié depuis deux ans. C´est son deuxième réveillon en famille. «Depuis que je suis marié, je fête le réveillon à la maison avec ma femme. Ça sera encore le cas cette année», comme lui beaucoup refusent de s'installer dans les hôtels en famille pour des considérations d'abord financières mais également de moeurs. «C'est mal vu», estime ce cadre des finances. A Tichy, autre localité balnéaire très prisée en cette période de fin d'année, Saïd tente de dénicher la meilleure formule proposée. Il cache mal la nostalgie d´autrefois, des années où il s´attablait dans un hôtel pour une soirée folle, si folle qu'il s'en rappelle encore. «Avant, on allait entre amis dans un hôtel pour une nuit de rêve», se remémore-t-il. Il rêve de revivre les mêmes moments avec son épouse mais apparemment ce n'est pas possible. «J'ai peur de me retrouver seul avec ma femme dans une ambiance risquée», dit-il. Dans la ville de Béjaïa, beaucoup d'agences offrent des formules très variées. La Turquie, la Tunisie, le Maroc et la France sont proposés aux clients. Il faut juste faire ses comptes avant de décider. Et c'est loin d'être facile. 50.000 dinars par personne pour un séjour d'une semaine en Turquie, cela vaut le coup a priori, mais quand on est en famille c'est une toute autre affaire. «Le réveillon est une culture qui a tendance à disparaître dans notre société», a estimé un voyagiste. Les formules proposées de nos jours sont loin d'être à la hauteur des attentes, alors les gens choisissent les pays autrement plus indiqués pour cette période.