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QUELQUES SIGNES ANNONCIATEURS D'UNE DÉCADENCE À LA FRANÇAISE

La rébellion silencieuse est bien là

Dire que la justice, dans un pays, se soit montrée défaillante est un constat qui en appelle d'autres. En effet, une justice ne faillit pas comme ça. Elle ne le fait que lorsqu'elle recule devant l'invasion de la société par de mauvaises valeurs. Ces valeurs, elles-mêmes, n'apparaissent que dans des moments propices et suite à des évènements marquants.

3ème partie
En France, de nombreux éléments ont contribué à rendre les dernières années propices à la poussée de nouvelles (et mauvaises) valeurs et de nombreux évènements ont été marquants. Parfois même très marquants. Il y a d'abord, le quinquennat de Sarkozy qui a été entaché de beaucoup d'incorrections, de scandales et d'injustice, ensuite, il y a le quinquennat de Hollande qui a été un échec sur tous les plans. Par la suite, les nombreux attentats, violents et meurtriers, ne sont pas sans laisser de trace, tant dans l'esprit des gens que dans celui de la société. La République elle-même en est affectée. Les hommes sont fatigués, les institutions usées et abusées. Tout cela a fait que, sur une période aussi longue que deux quinquennats, beaucoup de mauvaises valeurs ont eu le temps de venir se substituer à celles en place.

Deux quinquennats et des histoires de femmes,...
Lorsque le 16 mai 2007, Sarkozy succéda à Jacques Chirac, les Français savaient que les choses allaient changer. Ils le savaient parce que tout, absolument tout, opposait les deux hommes. Le Franco-Hongrois n'a ni la sagesse ni la patience, ni la clairevoyance ni la persévérance ni même l'humilité de son prédécesseur. Autant Chirac avait opposé aux Américains son droit et celui de son pays à la différence de vues et de comportements, autant Sarkozy s'est empressé de se jeter et de jeter son pays sous la semelle de Bush.Autant Chirac faisait passer en premier l'intérêt de son pays, autant Sarkozy érigeait en priorité absolue le contentement des Américains. Tout le monde aurait remarqué qu'il est allé jusqu'à changer le nom de son parti pour en faire «Les Républicains», comme il en existe outre-Atlantique.Il joua au cow-boy avec Bush et continua à le faire avec Obama qui, en fin de compte, laissa tomber un jour que Sarkozy «voulait claironner ses succès dans la campagne aérienne alors que nous avions détruit toutes les défenses anti-aériennes (de la Libye, note de l'auteur)». La fanfaronnade.
Sarkozy avait commencé son quinquennat, comme le fera Hollande après lui, par une affaire de... femmes.
En effet, à quelques jours de son élection, il était abandonné par sa femme qui s'en était allée avec quelqu'un d'autre avant de revenir le temps de son investiture et divorcer de lui, quelque temps après, lui-même qui l'avait prise à son mari, feu Jacques Martin. Pour faire «bon président» Sarkozy s'en alla alors chercher femme et il épousa Clara Bruni quelques semaines plus tard.
L'histoire des femmes a marqué aussi, et plus sévèrement encore, le quinquennat de Hollande. Homme non marié, vivant en couple, Hollande avait quatre enfants avec Ségolène Royale. Mais à son investiture, il débarque avec une autre, Valérie Trierweiler, qui lui fit voir de toutes les couleurs et de toutes les nuances en lançant des tweets contre l'élection de Royale, en embrassant Hollande de force sur les scènes où il prenait la parole et, pour tout finir, en publiant un livre ravageur contre lui le jour où elle quitta l'Elysée parce que son mari de président la laissait pour une autre, l'actrice Julie Gayet, qu'il allait voir le soir à... moto. Pizza à la main! Un «président normal», comme il se décrit lui-même!
Inutile de dire à quel point ces débuts de quinquennats avaient des impacts sur le Français moyen, catholique de confession, qui se fait une certaine idée sur le père de famille et sur le chef. Alors, lorsqu'il s'agit du président de la République...
Mais il n'y avait pas que les histoires de femmes qui auraient taché les 15 dernières années de présidence. Le mandat de Sarkozy a été marqué par plusieurs scandales, dont celui des écoutes téléphoniques des journalistes, celui du dépassement du plafond de financement de sa campagne électorale de 2012 et, notamment celui d'abus de la vulnérabilité de personne fragile dans l'affaire Bettencourt qui vit Sarkozy et plusieurs de ses ministres mis en examen. Par ailleurs, après avoir reçu El Gueddafi en grande pompe à Paris pour lui soutirer des millions d'euros pour sa campagne électorale, Sarkozy a mené une campagne atroce et haineuse contre le leader libyen contre lequel il a comploté et dont il a exigé la mort alors qu'il était prisonnier et ce malgré les appels et les indignations. L'affaire de l'argent d'El Gueddafi est toujours en cours et le fantôme d'El Gueddafi est toujours là à râder sur l'Elysée.

...haine et médiocrité à toute épreuve
Ce sont là les valeurs du président que tout un peuple regardait. Or, comme on le sait, les valeurs du chef se propagent généralement facilement, car elles viennent de hauts lieux et de chez des personnes considérées exemplaires. On est loin du temps d'un De Gaulle, d'un D'Estaing, d'un Mitterrand, ou d'un Chirac. Avec sa présidence et de par son comportement, Sarkozy a mis fin à la lignée des grands hommes d'Etat en France et ouvert le sentier à la médiocrité, à l'incapacité et à la bêtise au sommet. Choses qui, on s'en doute, allaient se propager dans les rouages de son administration.
En parallèle, aidé par les siens, il ne cessa de prôner la haine, durant tout son mandat, contre les Africains, les Maghrébins, les Arabes, les musulmans, les immigrés, les Gitans, les Roumains, les Polonais...et les fameux propos sur la racaille et le Karcher ainsi que le non moins fameux «con pov' tire-toi!» qu'il lança à un citoyen français. Le voile, la burqa, les fameux débats nauséabonds sur le hallal, l'étonnante perception des cantines scolaires de la République, l'indigente compréhension du droit d'expression, l'indigeste utilisation de la laïcité... c'est toujours Sarkozy et les siens. Des propos qui, bien entendu, allaient se propager dans la société jusqu'à atteindre les coins les plus reculés du pays et secouer les esprits les plus équilibrés.
Le mandat de Hollande fut totalement différent. Il y eut certes des égratignures des valeurs et de la morale, mais à aucun moment la présidence de Hollande ne fut marquée par la haine officielle comme ce fut le cas pour Sarkozy. Ce qui marqua plutôt le quinquennat 2012-2017 c'est, en plus des questions de femmes, surtout la médiocrité de sa présidence, sa faiblesse à toute épreuve et le sang, beaucoup de sang.
Les Français ont rapidement trouvé que Hollande était un peu «trop mou». Ce jugement apparaît dans la presse, et surtout dans les médias lourds comme les chaînes de télévision qui n'ont raté aucune occasion d'ironiser leur président et de rappeler ses échecs, ces mêmes médias qui avaient toujours été à l'affût du moindre faux pas d'un président naturellement doué pour en faire chaque mot, à chaque geste, chaque jour.
Mal conseillé et volontairement isolé dans son palais, Hollande a souvent botté en touche. Pour un président d'une puissance, ce n'est pas rien. L'affaire Léonarda, pour ne citer que celle-là, en est l'exemple typique dont les pires conséquences se firent sentir sur le reste du mandat. Mais les échecs de Hollande se mesurent aussi à la proposition de la déchéance de nationalité qu'il fit afin d'échapper à la colère de la droite et de l'extrême droite le lendemain d'attentats meurtriers et qui fut rejetée par la société. C'est la seule chose qu'il dit d'ailleurs regretter. Ils se mesurent au nombre étonnant de guerres dans lesquelles il impliqua son pays sans trop de raison ni de réussite d'ailleurs. De l'Afrique, à l'Asie en passant par le Moyen-Orient, les soldats de Hollande, ont été un peu partout et, à part la questionne malienne, le va-t'en-guerre de Hollande n'a de visibilité que pour la télévision française. Ils se mesurent aussi à l'hésitation érigée en mode de gouvernance (l'affaire de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes en est l'exemple vivant) et, bien sûr, au malaise économique et social de la France et des Français. Beaucoup plus tourné vers l'extérieur que vers les préoccupations de ses compatriotes, François Hollande a souvent donné l'impression d'être absent. Il n'est là que pour rendre compte des décisions prises suite à des attentats ou pour faire des confidences inutiles et égratigner bêtement sa fonction de président de la République.
A l'arrivée, il y eut beaucoup de mécontents durant ce mandat de Hollande. Le personnel hospitalier, les agriculteurs, les transporteurs, les enseignants, les travailleurs... Beaucoup de lois avaient eu du mal à passer, telle la loi Macron ou la loi El Khomri. Elles nécessitèrent le recours à un arsenal juridique particulier pour passer «par la force». Une action que l'instigateur, Valls, dit aujourd'hui vouloir bannir!L'autre mal du mandat de Hollande, ce furent les attentats qui sont d'autant plus marquants qu'ils ont eu lieu dans une période que l'on peut qualifier de mauvaise. Chômage, absence de croissance, migration en masse, guerre en Syrie, au Mali et au Sahel, sortie de la Grande-Bretagne de l'Europe, élection de Trump aux Etats-Unis, tout cela compte et chaque élément pèse dans l'esprit et dans le comportement des Français.

Les Français ont peur
Disons-le autrement. Les Français ont peur! Oui, ils ont peur des attentats. Mais pas seulement. Ils ont aussi peur de l'avenir. Un avenir dans lequel ils voient s'agiter le drapeau inquiétant des mouvements populistes européens et dont le FN n'est ni le moindre ni le plus sage. Ils ont peur de la contagion du Brexit. Ils ont peur de l'Europe qu'ils trouvent trop contraignante. Ils ont peur de l'effet Trump qui pourrait conduire à l'élection de Le Pen. Ils ont peur de s'engouffrer dans une impasse avec ces jeunes Français qui reviennent, de plus en plus nombreux, de territoires de conflits. Ils ont peur des socialistes qui se sont avérés incapables de les défendre ni de défendre leur système. Ils ont peur du programme de Fillon qui leur promet de réformer la sécurité sociale, de revoir le système de santé,de repenser l'éducation et d'alléger la fonction publique. Ils ont peur aussi de leur propre économie qui semble s'essouffler. Ils ne savent plus s'ils ont été mis dans cette situation à cause de ces deux mauvais mandats successifs ou s'ils l'ont été depuis bien plus longtemps.
L'économie française perd en compétitivité, l'Amérique renforce, sous le commandement de Trump, un protectionnisme déjà connu et sévère. On l'a vu à la volte-face du P-DG de Ford qui, contraint par un tweet du nouveau Président, est revenu sur sa décision d'implanter une usine au Mexique et préférer le faire chez lui aux Etats-Unis.
L'horizon n'est pas gai. La nuit semble longue pour la France et l'aube lointaine.«La peur s'installe», comme le dit Emmanuel Macron en introduction à son livre au titre plus qu'évocateur de «Révolution». A cela, il faut ajouter ces nombres croissants de jeunes et de familles qui bravent la mer Méditerranée et viennent échouer, comme des feuilles poussées par le vent du désespoir, sur les frontières de la France.
Devant un tel panorama, il faut concéder que le temps n'est pas au bonheur. «La France est malheureuse de ce qu'elle est devenue et du sentiment qu'elle glisse vers l'inconnu, qu'elle ne maîtrise plus son destin, et perd son identité.» (1) Les Français savent, cependant, que leurs gouvernants sont absorbés par des questions en totale déconnexion avec la réalité des citoyens.
Sarkozy avait bien initié un débat futile sur l'identité française, Sarkozy avait bien initié aussi une loi contre le voile dans les établissements publics, Hollande qui se confie à des journalistes sur tout et n'importe quoi, Hollande qui saute dans son char à la moindre occasion,... pas de quoi être gai!
C'est le ras-le-bol. Aussi, lorsqu'une Christine Lagarde est jugée coupable sans être condamnée, les gens comme Julien Cristofoli se rendent bien compte qu'il y a substitution de valeurs.
Avant d'être un acte, la justice a d'abord été une valeur essentielle de l'homme et des sociétés. Se peut-il qu'elle soit pervertie à ce point? Les signataires de la pétition pour un procès juste contre Lagarde ont remarqué que de mauvaises valeurs ont envahi la société et les institutions. Ils s'offusquent et s'en vont chercher dans le patrimoine bien français quelque chose pour contrer ces mauvaises valeurs. Jean de La Fontaine, par ses fabuleuses prosopopées, a bien fait parler les animaux pour dire des vérités difficiles et, faute de mieux, ce sont les mêmes propos qui sont convoqués aujourd'hui à l'appui d'argumentaires.
Les habitants de la vallée de la Roya aussi se sont offusqués de la justice qui leur est servie sur le plateau de la République. Ils ne comprennent pas comment on peut juger et condamner des hommes dont le seul tort est d'avoir aidé de pauvres malheureux. Les magistrats de leur côté, s'offusquent de ces nouvelles valeurs qui ont envahi l'esprit de la justice. Ils ne comprennent pas. Ils ne comprennent plus.
Les Français ne comprennent pas ce qui leur arrive. Ils n'arrivent pas à digérer tous ces attentats qui les secouent. Ils ne peuvent plus fermer l'oeil sur tous les changements et tous les chamboulements qui s'opèrent dans leur société. Ils bravent la loi, les lois, pour aller porter secours à des migrants fatigués, à bout et qui n'en peuvent plus. Ils le font et le revendiquent haut et fort. «Nuit debout» est une autre preuve de cette rébellion silencieuse qui s'est bien installée depuis quelque temps. Ce «mouvement s'étend sur une centaine de villes, certaines organisant des assemblées quotidiennes. L'affluence aux assemblées baisse à partir de fin mai 2016» (2), mais à côté des mouvements qui s'organisent ainsi, il y a les individus qui n'en peuvent plus et qui réfléchissent sérieusement à qui donner leur, voix lors des prochaines élections présidentielle et législatives.
Sur un autre plan, et toutes proportions gardées, la sortie bruyante de Macron du gouvernement et la création du mouvement «En Marche» n'est qu'une manière de vouloir aller puiser dans le wagon du malaise populaire. Les 15 000 personnes(3) qu'il a rassemblées pour son meeting du 10 décembre passé, soulignent bien l'ampleur de ce malaise.
L'avenir de la France est en train d'être dessiné suite aux deux mandats qui auraient fortement marqué les Français. Qu'en sera-t-il pour l'élection présidentielle d'avril prochain?
(A suivre)

Références
(1) Emmanuel Macron, (2016), Révolution, XO éditions.
(2) https://fr.wikipedia.org/wiki/Nuit_debout
(3)http://www.lefigaro.fr/elections/presidentielles/2016/12/10/35003-20161210ARTFIG00111-le-grand-meeting-parisien-d-emmanuel-macron-vire-a-la-demonstration-de-force.php

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