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Mohamed Chérif Ould Hocine

L’autre combat du Moudjahid

Il a passé une grande partie de sa vie à se battre contre une administration sourde, mais dans le strict respect des lois de la République.

Med Chérif Ould El Hocine, le résistant, officier de l'ALN, s'est éteint, lundi matin, après une très longue maladie, à l'âge de 91 ans, en son domicile, au milieu des siens... Nous avions connu cet homme exceptionnel dans les juridictions de Chéraga, Blida, Tipaza, Koléa, Hadjout, Sidi-M'hamed -Alger, durant de très longues et pénibles années judiciaires, au cours desquelles, il connut les affres de l'injustice, émanant d'une véritable bande de magistrats habitués à courber l'échine devant des individus plus fort que les «lois de la République». Il a vaillamment combattu depuis 1975, date de la création de l'Epsr, son usine de Chéraga, ou plutôt, comme il aimait à l'appeler affectueusement, «son enfant»!
Faisant face à des hommes puissants du pouvoir de l'époque, Ould El Hocine a constitué vainement des hommes de loi, susceptibles de l'aider à gagner la lutte contre une authentique mafia du foncier. Il n'a vécu que pour tenter de reprendre son usine «volée», durant toute la période avec plus d'une vingtaine d'avocats, car certains d'entre eux, avaient compris que jamais l'ancien moudjahid ne reprendrait son bien de sitôt. Lorsqu'il lui arrivait de gagner un procès, l'appel est vite constitué pour tenter le rattraper le temps gaspillé à la barre, en 1ère instance. D'ailleurs, pour l'histoire, rappelons qu'une juge du siège, dans la précipitation, avait entendu Med Chérif Ould El Hocine, inculpé de «faux et usage de faux», ainsi que sa fille, comme complice. Les débats furent sereins. Le dossier fut mis en examen sous huitaine.
Mais voilà, puisque le verdict avait été dicté à la juge du siège, heureuse de rendre service à la chancellerie, qui ne verra que du feu, en condamnant la fille d'Ould El Hocine à une peine d'emprisonnement ferme de six mois, pour complicité de faux et usage de faux! Le verdict aurait été normal, et personne n'aurait crié au scandale, si en appel, à Blida, en pleines grosses chaleurs de juillet, et la nuit, tard, Djillali, le président de la chambre pénale de la cour de Blida, solidement encadré par l'exemplaire duo de conseillers, Med-Salah Tartag/ Chérifa Aboubi, avait lancé à la fille inculpée et condamnée cette boutade: «Alors, ma fille, on s'amuse à effectuer des faux en écriture, alors que vous veniez de clôturer vos quatre (04) semaines! Je vous préviens c'est la dernière fois que vous effectuez un faux à l'âge de quatre... semaines!» lança le magistrat qui s'est bien gaussé ce soir-là, convaincu que tant qu'il y aura des magistrats au «garde-à vous», l'avenir de la justice et du pays, resteront sombres. En effet, les faits reprochés au papa Chérif, dataient de 1975, et la fille était née au cours de la même année que le... pseudo-délit!!!
Voilà comment était la marche, et la démarche de la justice, et notamment du tribunal de Chéraga (cour de Blida), à l'époque, au XXe siècle! Une cinquantaine de comparutions devant la justice, avec les amers et «truqués verdicts» ainsi que les mirages appelés «honteusement «résultats». Le malheureux justiciable avait devant lui un véritable rideau de fer, et de feu, pour l'empêcher à tout prix de remporter le moindre procès. Les milliers de correspondances, les dizaines de visites aux différents ministres de la Justice, ne pourront rien. «J'ai été royalement et respectueusement reçu par l'un d'eux. Il a été très poli. Il m'a bien écouté, mais ne suivait pas. Il savait ce que je ressentais, mais rien à l'horizon. Les incalculables conférences de presse, y compris les périodiques gouvernementaux, n'apporteront rien. Arrivé très tôt dans les juridictions, le pauvre Ould El Hocine passait à la barre dans les derniers inculpés. L'essentiel était de frapper fort ce résistant aux attaques de la mafia qui serrait très fort le bien volé, faisant en sorte que les nombreux déplacements dans la capitale, et dans les juridictions de la Mitidja, ainsi que les dépenses effectuées au profit des nombreux avocats, ne puissent lui permettre de gagner ses procès! Cela, sans compter son entourage qui, malgré le soutien d'Ould El Hocine, vacillait mais ne cédait point.
Il se soignait entre deux procès. Et lorsqu'il se déplaçait à l'étranger, il fallait jouer des coudes pour obtenir un renvoi légal! Son gendre et sa fille tenaient bon, eux aussi, ainsi que ses amis de la Révolution de 1954. Que ce furent feu le colonel Ahmed Bencherif, ou encore le colonel Dr El Khatib, les signes d'amitié, de solidarité et de résistance à toute épreuve, formaient ainsi le bouclier du lâche complot ourdi en 1975, et consistant à lui dérober la totalité de ses biens, transférés bien plus tard à El Hamiz...
À Hadjout, la présidente du tribunal l'avait convoqué pour une mise au profit de l'adversaire. Muni des pièces nécessaires, Ould El Hocine réussira à convaincre la courageuse magistrate, qui débouta l'autre partie au conflit. Voilà, en somme, l'homme que nous avons côtoyé, connu et apprécié pour sa foi en la justice qui le lui a très mal rendu. Dommage, Si Med Chérif. Vous méritiez mieux!
«À Allah nous appartenons. À Lui, nous retournons.»

De Quoi j'me Mêle

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