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Cette pratique a toujours existé

Le confinement dans notre histoire récente

«Que ceux qui l’ont oublié, s’en souviennent, ceux qui l’ignoraient, l’apprennent.»

La population algéroise s'est soumise au confinement pour éviter la propagation du coronavirus comme seul moyen à mettre en oeuvre pour échapper à la maladie, mais aussi à un probable trépas.
Ma génération a connu trois fois le confinement

Confinement de la femme au Sud-Ouest avant 1954
Il existe trois sortes de cellules familiales.
La 1ère: c'est celle des ménages européens ou juifs où l'épouse, habillée à l'occidental, sort à son aise et le couple mixte où la femme européenne mariée à un compatriote, (rarissime). Après l'indépendance, sont apparus des foyers algériens où la femme algérienne habillée elle aussi à l'occidental, vaque normalement à ses occupations quotidiennes à l'extérieur du domicile conjugal, (accompagne les enfants à l'école, se rend au marché, etc.). Elle est souvent médecin ou enseignante. L'époux est généralement fonctionnaire de l'Etat, muté dans la région.
C'est une cellule familiale qui nous vient du Nord, (du Tell).
La 2ème: c'est la majoritaire. La femme est confinée au domicile conjugal. Elle sort obligatoirement voilée d'un haïk avec un trou d'aiguille à un seul oeil, mais avec l'autorisation préalable de l'époux pour se rendre vers une destination précise.
Dans les Hauts-Plateaux et jusqu'à nos jours, la femme répond en claquant des mains pour signaler que le chef de famille est absent.
La 3ème: elle existe encore de nos jours, mais en voie de disparition. Le Chérif, c'est celui qui affirme être descendant de la lignée du prophète, (Qsssl) par la cellule familiale de sa fille Fatima et son couin Sid Ali. Celui-ci, lorsqu'il se marie, l'épouse qui rentre au domicile conjugal, ne peut jamais en sortir quelle que soit la gravité du motif. C'est le confinement total, hermétique, (que l'un de ses parents tombe malade ou décède, son frère ou sa soeur se marie ou est victime d'un accident, elle ne doit absolument pas sortir du domicile).
Dans sa vie, elle est autorisée à dire bonjour à l'intérieur du domicile à cinq personnes, mais ne peut pas rester en leur compagnie. Il s'agit du mari, du père des oncles paternels ou maternels, ses frères, mais jamais ses beaux-frères parce qu'on considère que la cellule peut être dissoute dans le temps, (j'ai relaté un cas d'espèce vécu, dans mon ouvrage: «Le destin tragique de Fatna»). Enfin, la femme est libérée de cette obligation à la mort de son époux.
Il faut signaler que la femme, toutes catégories confondues, s'était donnée à coeur joie et a savouré ces instants-là comme des moments de liberté indiscutables et inattendus, inouïs, durant la manifestation du 11 Décembre 1960. Les femmes ont été plus audacieuses que les hommes et ont bravé les forces répressives mises en place, (voir mes articles, «La manifestation du 11 Décembre 1960 à Béchar, un vrai tournant dans notre Révolution», parus à L'Expression du samedi 16.12.2017 et «La manifestation du 11 Décembre 1960 à Béchar», Alger Hebdo n°701 du 5 au 11.12.2019). Le goût de jouir de la liberté a été plus fort que le risque de la répression encourue.

Confinement instauré par la France coloniale durant la lutte de Libération nationale.
Pour la France coloniale, Béchar constituait une base militaire stratégique où une forte concentration de soldats y était stationnée. C'est aussi un lieu idéal destiné à divers essais de toutes sortes. C'est ainsi que dès le déclenchement de la lutte de Libération nationale, (il a débuté dès 1955 par des actions de résistance populaire dans la ville), il fallait pour l'occupant, (arrivé dans la région un lundi 12 novembre 1903), de prendre certaines mesures comme l'instauration d'un couvre-feu, du coucher du soleil au matin. Le confinement était total et rigoureusement respecté à l'exception des Européens qui le bravaient rarement. Les juifs, nombreux à cette époque, étaient classés à la même enseigne que les musulmans, (terme désignant les Algériens en ces temps-là). Cette restriction était renforcée en ce qui concerne le quartier de la Chaâba par un quadrillage et la fermeture à l'aide de barbelés dans toutes ses issues à l'exception de deux accès, l'un au Nord et l'autre au Sud, sans compter les contrôles militaires à chacune des sorties ou des entrées. La Chaâba, (foyer populaire de résistance farouche, détruite après l'indépendance), était située en plein centre de la ville entourée d'une part, par le quartier européen et d'autre part par la forte présence militaire de la Barga (quartier résidentiel des officiers de la base militaire et des casernes).
Pour information utile, le quartier juif, mitoyen de celui des Européens, la communauté n'avait pas bénéficié de la citoyenneté française du décret Crémieux de 1871, reconnue aux seuls juifs du Nord c'est-à-dire résidant dans les départements d'Alger, d'Oran et de Constantine qui tiennent leurs actes de naissance de l'ordonnance du 15 avril 1845, étalés légalement sur plusieurs années. A l'indépendance, elle quitta précipitamment la ville en masse en direction d'Israël. Les rares familles israélites qui ont rejoint la France, ont eu d'énormes difficultés à acquérir (ou à recouvrer) la nationalité française, après des tracasseries judiciaires de trois années, comme les harkis qui, dans leur majorité, n'ont jamais pu acquérir la citoyenneté française.
Pendant cette période, les Algériens se trouvaient dans des conditions socio-économiques lamentables. à l'issue du confinement nocturne, ils étaient quotidiennement à la recherche d'un travail précaire et mal payé. Il fallait compter avec les contrôles journaliers au faciès et prier l'Eternel d'échapper à une arrestation arbitraire ou à une accusation sans fondement pour être incarcéré au camp de concentration situé à 27 km, dans la ville de Kénadza. Ceux, arrêtés dans des conditions de délits avérés ou supposés, transitaient par le centre de torture situé à Gouraye, à la sortie de Béchar en direction de Bidon Deux, (aujourd'hui Béchar Jedid) avant de rejoindre le camp de concentration de Kénadza pour y être détenu et purger la durée de la condamnation.

Le confinement de la décennie noire
Je ne voudrais pas clore cette modeste contribution sans rappeler à certains que nous sommes rompus au confinement. Le tout récent confinement historique, obligé, sans possible contestation, encore frais dans nos mémoires, vécu dans la terreur la plus abjecte, c'est durant la décennie noire où à partir de 17 h nous restions à domicile, comme des agneaux, avec la peur au ventre d'être agressés et éventuellement assassinés.
Aujourd'hui, la vie tient à un fil, suite à la présence d'un ennemi inconnu, inodore, incolore et invisible. Le confinement d'aujourd'hui est tout de même compris, accepté et non imposé, dépendant d'une attitude dictée par une forme de liberté individuelle, alors, je vous le dis, restons chez nous, il y va de l'existence de l'espèce humaine et merci une fois encore de «rester chez soi».

De Quoi j'me Mêle

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