Paroles justes pour…

Med Boukha tem, cet ex-grand magistrat des tribunaux d'Hussein-Dey, El Harrach, de cours de Blida, Boumer vit maintenant sous l'ombre bienfaisante du bâtonnat d'Alger. Ayant quitté la Ccour suprême, pour être, à plus de soixante ans, un vieil avocat prêt à servir la justice plus que lorsqu'il était magistrat. Après les dures et amères années de feu de la magistrature, Boukhatem était, il y a quelques années judiciaires, le plus rugueux et vigilant président du tribunal d‘El Harrach (Cour d'Alger) et l'inflexible président de l'audience correctionnelle qui lui prenait pratiquement toute la journée. Il s'en tirait à merveille.
Ses audiences étaient souples, aisées et très souvent comiques, de par les réponses inattendues des inculpés, surtout les détenus! Comme ses audiences se tenaient le lundi, il était en forme ce jour-là.
Un jour, il avait, face à lui, un gaillard de cent quatre vingt- cinq centimètres qui essayait de répondre à côté, à chaque fois que le juge croyait tenir le bon bout. L'interrogatoire se déroulait sans encombre, quand tout à coup, en discutant autour de l'acquisition du lot de terrain en question, Chérif. B. Eut cette phrase qui allait mettre de l'essence sur du feu:
«Supposez, M. le président, que vous possédiez un lot de terrain de quatre hectares du côté de la rue «Malika Gaïd»; et supposez que...
-- Je ne suppose rien du toutt! Coupe sentencieusement le magistrat qui poursuit: «D' abord, je ne suppose jamais, ensuite les quatre hectares vous attendent, vous, le détenu qui iriez les rejoindre bientôt, si malencontreusement, vous persistiez à vous conduire en dribbles inutiles!»
récita, l'oeil fixe, le juge qui s'aperçut que l' inculpé resta interdit: le magistrat crut probablement à une invitation à une tentative de corruption lorsque Chérif. B. Fit la supposition au juge, constamment sur ses gardes.
Eh, oui! Med Boukhatem était comme cela: un grand juge incisif, droit dans ses bottes, direct et franc!