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Hacéne Menouar, président de l'Association El Aman, à L'Expression

«Il faut réaliser un équilibre entre l'offre et la demande»

Revenant sur la flambée des prix des produits alimentaires, le président de l'association El Aman pour la protection des consommateurs, Hacene Menouar, nous livre dans cet entretien son point de vue sur la gravité de la situation et les raisons qui l'ont engendrée.

L'Expression: Comment interprétez-vous le maintien de cette hausse des prix des produits alimentaires, malgré les fortes décisions prises par les pouvoirs publics?
Hacene Menouar: Il y a eu beaucoup de décisions, beaucoup de discours populistes, mais sur le terrain, il n'y a rien eu d'efficace. Car, tout ce qui a été fait n'a pas été réfléchi, étudié. Pourtant l'Algérie est un grand pays, avec 45 millions de consommateurs et d'importantes ressources naturelles. Nous avons aussi de la compétence. Malheureusement, il semble que tous ces paramètres n'ont pas pesé face au monstre administratif. Résultat, il n' y a pas eu un changement significatif en 2021. La bureaucratie a prévalu. L'administration n'a pas mis à l'aise les opérateurs pour qu'ils puissent s'investir avec force. à côté de ces blocages, on retiendra l'absence de l'état en matière de régulation du marché et de contrôle. La conjonction de tous ces facteurs aboutissent à la situation que nous vivons au niveau du secteur du commerce de détail.

Que pensez-vous de la décision de certains boulangers d'augmenter le prix du pain?
Beaucoup de boulangers ont pris cette décision, malgré le fait que le prix de ce produit est strictement réglementé et même régi par des textes de loi. Cet agissement illicite est en réalité le résultat d'une pratique de laisser-aller qui dure depuis plus de 15 ans.
Depuis 2016, le prix de la baguette de 250 grammes était fixé à 7,50 DA. Mais ce qu'il faut savoir, c'est que ce prix n'a jamais été respecté. La baguette a toujours été cédé à 10 DA. Et sachez que son poids est de 180 grammes pas 250, comme le prévoit la réglementation.
Et ne se contentant pas de violer la loi, ces boulangers se permettent, aujourd'hui, à titre unilatéral d'augmenter le prix du pain, sans que les pouvoirs publics ne puissent faire quoi que ce soit.
Il faut néanmoins dire à leur décharge, que le coût réel de la baguette oscille entre 10 et 11 DA. Pour ce qui nous concerne, nous avons demandé de revoir les prix en introduisant la notion de qualité. Mais nous n'avons pas été écoutés. La subvention a été maintenue, mais pour un pain de qualité médiocre.

Plus que le pain, la hausse des prix est quasi généralisée. Les fruits et légumes, la volaille et pas mal d'autres produits sont touchés par l'inflation. Avez-vous une explication à cet emballement du marché?
Tout à l'heure, j'ai évoqué l'absence de régulation. Dans notre association, nous avons de tout temps appelé à instaurer un système qui fait un équilibre entre l'offre et la demande. Cela suppose également des actions de contrôle du marché.
Mais qu'est- ce qui a été fait? Est- ce qu'on a réalisé les espaces d'entreposage? Est-ce qu'on a organisé les marchés de gros et les marchés régionaux? Est- ce qu'on a élaboré une carte agricole pour faire produire des quantités convenables et suffisantes pour la consommation des Algériens? à partir du moment qu'on n'a pas assuré tout cela, qu'on n' a pas mis en place de système de traçabilité, digne de ce nom, ce sont des spéculateurs qui profitent de la situation pour réguler eux- mêmes le marché, selon leur propres intérêts étroits.
Et ce, malgré la présence de 58 directions du commerce, la situation n'est pas sous contrôle du ministère du Commerce. Elle lui échappe complètement. Les consommateurs ressentent cette anarchie dans leur pouvoir d'achat qui s'amenuise tous les jours.

Donc, selon vous tout est à faire et le ministère du Commerce ne semble pas avoir compris les véritables enjeux...
Les responsables qui onT à charge le commerce essaient de gagner du temps. Il n'y a aucune politique d'élaborée, aucune stratégie et aucune prospective. On agit du tac au tac. Bref, on est dans la réaction. Sachez que beaucoup d'opérateurs sont en train de fermer, à cause d'une anarchie, entretenue par le secteur de l'informel. Ce dernier ne sera pas touché ni par le plafonnement des marges bénéficiaires, ni par autre mesure.
La situation risque de perdurer encore, du moment que les solutions proposées par la tutelle ne relèvent pas du technique et encore moins du scientifique. Les actions de l'administration sont populistes. Ils ne serviront qu'à gagner un peu de temps, sans effet sur le terrain. Nous en tant qu'association pour la protection des consommateurs, nous demandons à ce qu'il y ait une véritable stratégie tendant à équilibrer l'offre et la demande.
Ce n'est que comme cela qu'on va réussir à fournir des produits à des prix réels. Il faudrait libérer l'initiative pour qu'il y ait de la concurrence loyale. Il faut aussi un meilleur contrôle en amont, notamment les processus de production pour optimiser les prix de revient. D'un autre côté, il faut susciter l'émergence d'une bonne culture de consommation, de façon à ne pas créer de la spéculation négative. Tout cela doit être régulé par le ministère du Commerce, surtout l'équilibre entre l'offre et la demande, de façon à avoir les produits à fournir sur les étalages durant toute l'année, et en quelles quantités.

De Quoi j'me Mêle

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