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Conférence de Berlin sur la Libye

La genèse de la crise

Haftar a mésestimé la mobilisation de tous les groupes armés présents dans la Tripolitaine, dont les milices de Misrata, Zintan et Zaouia qui voient en lui un apprenti «dictateur».

Les pays qui participent à la conférence de Berlin sur la Libye, et principalement les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, sont appelés à agir pour consolider le cessez-le-feu obtenu
à Moscou la semaine dernière, d’une part, et mettre fin aux ingérences étrangères qui attisent le conflit libyen, nourri par des convoitises envers ses richesses pétrolières, d’autre part.
Les motivations et les calculs des pays participant à cette conférence sont tributaires de leur approche divergente. Pour en comprendre les mécanismes, voici quelques rappels :1) Au lendemain de la chute de Maamar El Gueddhafi,, en 2011, la Libye a été confrontée à un morcellement de ses institutions, construites sur des équilibres équivoques. En 2015, grâce à la médiation onusienne, un gouvernement d’union nationale a été créé par l’accord de Skhirat. Reconnu par la communauté internationale, il sera basé à Tunis, pendant de longs mois, avant de pouvoir s’installer à Tripoli avec l’aval des milices de Misrata qui contrôlent cette partie de la Tripolitaine.
2) Deux autorités rivales vont alors se disputer le pouvoir. Le Gouvernement d’union nationale (GNA) de Fayez al Serraj, établi en vertu de l’ accord parrainé par l’ONU, sera contesté par une autorité rivale installée dans l’Est, à Tobrouk puis à Benghazi, où siège l’Armée nationale libyenne autoproclamée (ANL) du maréchal Khalifa Haftar.
3) Le gouvernement de Tobrouk tire sa légitimité du Parlement, élu en 2014, et qui s’est installé dans l’Est, après la prise de la capitale par une coalition de milices de l’Ouest. En 2014, Haftar a engagé une offensive pour chasser de Benghazi et Derna (est) les groupes islamistes, qualifiés de «terroristes». Après des combats sanglants, les deux villes sont tombées sous le contrôle de Haftar, en 2018.
4) En janvier 2019, il entreprend la «conquête» du Sud désertique, s’emparant, sans aucune opposition, de plusieurs villes, avec un ralliement de plusieurs tribus. Le 4 avril, il abat sa véritable carte en lançant l’offensive contre Tripoli afin de s’emparer totalement du pouvoir. Son but : prendre tout le monde de vitesse et mettre la communauté internationale devant le fait accompli.
Depuis, Haftar et ses troupes contrôlent la majeure partie du territoire, y compris le croissant pétrolier qui est le poumon de l’économie libyenne. Haftar, le gouvernement de l’Est et le Parlement supportent mal le fait que les revenus pétroliers de la NOC, compagnie nationale libyenne, soient gérés par le GNA de Tripoli qui les redistribue pourtant, de manière équitable entre toutes les factions.
Le GNA contrôle toujours Tripoli, malgré l’offensive de Haftar, et la totalité des autres villes de l’Ouest. Haftar espérait une victoire rapide, persuadé de la faiblesse des milices loyales au GNA. Il a mésestimé la mobilisation de tous les groupes armés présents dans la Tripolitaine, dont les milices de Misrata, Zintan et Zaouia qui voient en lui un apprenti « dictateur ». Si le cessez-le-feu conclu à moitié
à Moscou – Haftar n’a pas signé le document – s’avère globalement respecté, rien ne dit que la trêve va durer.
Le maréchal Haftar est soutenu par l’Egypte, les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite. La Russie l’appuie au moins politiquement, malgré ses démentis. Les Etats-Unis ont affiché leur soutien en révélant
un échange direct entre lui et Trump. Ils ont désormais une position ambiguë.
Le GNA est soutenu par la Turquie et le Qatar. Ankara a annoncé l’envoi de troupes pour seconder son allié. Des experts de l’ONU ont relevé que les Emirats et la Jordanie avaient «fourni des armes
de manière régulière et parfois flagrante» aux forces de Haftar. La Turquie en a fait de même pour le GNA.
L’implication turque est dictée par des facteurs géopolitiques et idéologiques. La Turquie cherche à limiter l’influence des Emirats et de l’Egypte, hostiles au courant des Frères musulmans. Mais elle a aussi des motivations d’ordre économique. Des gisements d’hydrocarbures, en Méditerranée orientale, aiguisent son appétit face à la Grèce, l’Egypte, Chypre et Israël. Menacée de sanctions européennes pour
ses forages jugés illégaux, au large de Chypre dont elle occupe la partie nord, la Turquie a conclu récemment un accord controversé avec le GNA sur la délimitation maritime pour asseoir ses droits
sur ces gisements.
Quant aux pays européens, ils craignent que la Libye ne devienne une «autre Syrie», avec la multiplication des ingérences étrangères, ce qui aggraverait la pression migratoire à leurs frontières et la montée
en puissance des groupes terroristes toujours actifs dans l’ensemble de la région.

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