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Séparés par Trump

Des milliers de couples veulent sa défaite

Le décret présidentiel interdisant l'entrée sur le sol américain aux ressortissants de plusieurs pays, principalement musulmans, surnommé «Muslim Ban», a été justifié par Trump qui, dans sa campagne de 2016, avait clamé «l'Islam nous déteste».

Pamela et Afshin Raghebi fêteront leurs dix ans de mariage en décembre. D'ici là, l'élection présidentielle du 3 novembre aura livré son verdict qui déterminera l'avenir du couple, séparé depuis 2018 par la politique migratoire de Donald Trump. «J'ai besoin de lui à la maison», confie avec émotion l'Américaine, dont le mari iranien est bloqué à l'étranger en vertu d'un décret présidentiel interdisant l'entrée sur le sol américain aux ressortissants de plusieurs pays, principalement à majorité musulmane. Ce texte, surnommé «muslim ban» par ses détracteurs, a été instauré dès l'arrivée à la Maison-Blanche de Donald Trump qui, dans sa campagne de 2016, avait lancé: «l'Islam nous déteste».
En l'absence de chiffres officiels, le centre de réflexion Cato Institute évaluait-il y a un an qu'au moins 15.000 familles étaient séparées par ce dispositif validé par la Cour suprême après des mois de bataille judiciaire. Parmi ses victimes, Pamela Raghebi se languit de son mari, rencontré en 2010 dans une maison de retraite de Seattle où elle travaillait comme réceptionniste et où, vitrier de son état, il était intervenu. «Tout de suite, j'ai été impressionnée par sa gentillesse envers nos résidents», raconte-t-elle.
Après quelques mots, un premier rendez-vous, puis d'autres, le couple se marie, ouvre sa propre entreprise de verre et vitrages et se construit une vie heureuse.
En 2016, ils entament des démarches pour qu'Afshin obtienne un statut de résident permanent. Mais cet Iranien, qui a fui son pays quand il avait une vingtaine d'années pour s'établir en Suède avant de gagner les Etats-Unis en 2006, est entré illégalement dans le pays. Pour régulariser sa situation, il doit sortir des Etats-Unis et y revenir par les voies officielles. En 2018, il a donc mis le cap pour la Turquie, pour ce qui devait être un bref séjour. Il y est toujours. «C'est comme si mon pays m'avait fait divorcer», se lamente Pamela, qui peine à rester à flot émotionnellement, mais aussi financièrement.
Ramez Alghazzouli, 31 ans, et sa femme Asmaa Khadem Al Arbaiin, 28 ans, ont également fait les frais de cette politique. Ces Syriens, qui s'étaient connus à l'université à Damas, ont été séparés une première fois par la guerre civile. Lui s'est établi en Arizona où il est devenu fonctionnaire. Elle a déménagé en Turquie avec sa famille. Après avoir renoué contact à distance, ils se sont mariés par procuration en 2015 et ont commencé à monter le dossier pour qu'elle puisse le rejoindre. Mais quand elle s'est présentée à l'ambassade américaine en 2018 pour obtenir son visa, un agent lui a expliqué qu'elle ne l'aurait pas à cause du décret présidentiel. Ramez a alors remué ciel et terre.
Avocats, agents des douanes, et même le FBI, et la CIA: il a sonné à toutes les portes, en vain. Il s'est alors tourné vers les médias. Ses efforts ont fini par payer: en octobre 2019, la jeune femme a reçu le précieux sésame. «C'était comme un miracle après m'être battu aussi longtemps et durement», commente le jeune homme. Le mois dernier, le couple a eu son premier enfant, un fils, Radwan. Le candidat démocrate à la présidentielle Joe Biden a promis, s'il est élu, de supprimer le décret au centre de ces tourments, mais pour beaucoup il sera trop tard. «Des relations se sont terminées, des mariages ont été rompus et il y a des gens qui avaient des ‘‘sponsors'' pour venir aux Etats-Unis et qui ne les ont plus», souligne David Bier, analyste au Cato Institute. Les démocrates, majoritaires à la Chambre des représentants, ont adopté une loi, le «No Ban Act», pour limiter à l'avenir la possibilité pour un président de bloquer certains migrants. Mais le texte est dans l'impasse au Sénat, aux mains des républicains. Pamela Raghebi, qui compte des partisans du président Trump dans sa famille, aimerait que les conservateurs se rappellent que les Etats-Unis sont un pays de migrants. En attendant, elle souhaite leur défaite le
3 novembre. «Votez, Votez, votez!», dit-elle: «Il nous faut un nouveau gouvernement.»

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