{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Quand le Ramadhan algérien avait son arôme!

Initialement, le mois de Ramadhan était le mois de piété. Théoriquement,le mois de Ramadhan étaitle mois de la retenue. De la solidarité! C'est ainsi que nous avons appris, de nos grands-pères et de nos pères, le sens noble de ce mois sacré. C'était aussi un mois de fête, de convivialité, de visites familiales etde bonheur, pour les grands comme pour les enfants, pour les femmes comme pour les hommes.
On ne mangeait pas beaucoup, juste à notre abstinence. On ne conversait pas toute la journée sur les achats et sur la faim. On n'avait pas peur que les prix de la viande, des légumes et des fruits augmentent vertigineusement à partir de la nuit du doute! D'ailleurs, la nuit du doute, comme la nuit sacrée, était, pour nous, une nuit d'ambiance et d'attente, on ne dormait pas, on avait les yeux collés au ciel jusqu'à l'écoulement des larmes chaudes!
Jadis, le mois de Ramadhan arrivait dans notre village, dans le calme, ses jours s'écoulent dans la sérénité,et repartaient dans la fête,avec les gâteaux et les modestes nouveaux vêtements.
Tout a changé, malheureusement, vers le pire et vers la consommation hâtive et abusive. La chosification de l'homme.
Nous sommes dans un monde sans vergogne! L'image du Rramadhan s'est métamorphosée; d'une image théoriquement angélique qui s'éclipse à une autre affolée parl'envie de la consommation aveugle et sans bord.
Initialement,le Ramadhan était un mois contre la cruauté du capitalisme. Il était pour jeûner, pour manger civilement. Quand on jeûne on dépense moins! Mais la logique de Ramadhan d'aujourd'hui est autre: on ne mange pas toute la journée et on dépense plus que les autres jours sans jeûne!
Durant le mois du Ramadhan,c'est le triomphe de la brutalité du capitalisme. Tout se vend tout s'achète!
On mange et on
se mange les uns
les autres!
On importe des tonnes de viandes, rouge et blanche, des pays qui ne font pas le jeûne! On importe des tonnes d'amande, de farine, de sucre, de blé, de riz, d'oeufs, des millions d'hectolitres de boissons gazeuses! Des sociétés internationales remplissent leurs comptes, et les intermédiaires ou les importateurs remplissent leurs poches!
Ce n'est pas
de la nostalgie!
Jadis, le Ramadhan était un mois pour la lecture; on lisait beaucoup; de Sahih el Boukhari jusqu'au Khalil Gibran passant par les Mille et Une Nuits.
Durant le mois de Rramadhan on lisait les Dostoïevski, les Tolstoï, les Naguib Mahfouz, les histoires des Prophètes, les Balzac, les contes de voyage, les Zola, le Coran, les polars, les B.D....
On mangeait des livres pendant les heures du jeûne! On les dégustait!
Le Ramadhan était aussi un mois pour la traduction; dans une ancienne tradition culturelle,les traducteurs arabes se précipitaient pour traduire des romans dans leur langue et les publier en séries dans des journaux. Les gens adoraient lire des histoires universelles.
Les grands faisaient la prière sans couleur politique!
Le Eamadhan était un mois des halqa; les conteurs (h'layqiya) arrivaient dans des villes et des villages, s'installaient sur les places publiques, une petite heure avant l'appel à la prière du maghrib, avant l'heure du ftour, les gens les entouraient pour apprécier le spectacle. C'était simple, naturel et beau.
À l'heure du ftour, le Ramadhan était une réjouissance pour déguster quelques dattes! Un bol de H'rira épicée. Un morceau de galette d'orge!La galette des mamans avait une odeur exceptionnelle et un goût
inégalé!
On ne mangeait pas les baguettes faites à la farine blanche!
La prière pour Dieu n'a pas d'odeur politique. Les gens priaient Allah et non pas un parti politique. Nous adorions leurs prières avec leurs belles récitations des versets coraniques, à l'air maghrébin ou andalou.Jadis, même la prière avait un autre goût, une autre humilité, une discrétion! Tout le monde ou presque faisait la prière mais on ne voyait pas les prieurs expoer leurs prières ou leurs tapis de prière sur leurs épaules!
Lecode vestimentaire était algérien, beau pour les hommes comme pour les femmes, comme pour les enfants. Entre le blanc et multicolore.
À l'heure du ftour, autour de la table basse ronde se réunissaient, les hommes et les femmes, les parents, les soeurs et les frères. Nous les enfants,nous étions servis avant l'appel à la prière dumaghrib. Nous étions jaloux des jeuneurs. Nos pères et nos mères ne nous permettaient pas de faire le jeûne. Quand nous insistions à jeûner, les parents nous proposaient de jeûner une demi-journée et le lendemain une autre demi-journée et ils nous promettaient de coller les deux morceaux pour en faire un jour intégral de carême! Nous étions contents!
On ne comptait pas les jours de Ramadhan. Ils défilaient en vitesse, en douceur et sans accidents de route ni les nuits en urgence.
Les parents n'arrêtaient
pas leur travail
Le fellah ne quittait pas son champ et ses récoltes. Rien ne changeait ou presque.
La radio avait sa magie! Mais nous n'étions pas accros à cette boîte magique! Il n'y avait pas de publicité harcelante, de mauvais goût, sur les couches pour bébés, sur les jus, le chocolat, chawarma ou sur la téléphonie mobile!
Il n'y avait pas de frittes! Ni ketchup, ni mayonnaise! Le plat de fliflaHmissa était un régal! Il n'y avait pas de limonade gazeuse, l'eau de la source était abondante et fraîche. On buvait du Lben ou du Raieb.
Le café était le maître de la table!
Le café de Rramadhan se buvait dans des tasses spéciales! Dès le premier jour du Ramadhan ma mère faisait sortir son meilleur service à café du placard fermé à double tour! Une fois par semaine, dans une ambiance particulière, elle torréfiait les grains de café dans un tadjine en terre cuite sous un feu doux et bien surveillé!Puis, assise sur une peau de chèvre sèche, le mortier pilon entre les mains, dans un mouvement répétitif coordonné, elle concassait les grains torréfiés! L'odeur magique du café embaumait toute la maison!
Le soir, les jeunes se mettaient devant la porte, écoutaient de la musique, des improvisations du oud jouées par un cousin, qui chantait M'hamed El Anka, Mohamed Abdelouahab, Ahmed Wahbi, Cheikh el Hasnaoui...
Jadis, manger n'était pas synonyme d'absorber! Acheter n'était pas synonyme de consommer! Les mots avaient d'autres significations! La langue d'hier ne ressemble pas à celle d'aujourd'hui! Tout a changé!
Le Ramadhan algérien avait une fascination, avait un arôme exceptionnel! 

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré

Les + Populaires

(*) Période 7 derniers jours