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Michael Douglas

«J’apprends seulement à être moi-même à l’écran»

Il était bien là, le regard bleu azur qui rappela, plus d’une fois en cette soirée, celui bleu acier de son légendaire père, Kirk Douglas.

«When the legend becomes facts, print the the legend» disait James Stewart dans le beau film de John Ford, «L'homme qui tua Liberty Valance» (1962)... Cette réplique nous revint aussitôt en mémoire, lorsque cette grande star, Michaël Douglas arriva sur la grande scène de la salle Lumière, du Palais des festivals, notre regard d'enfant émergea des limbes de nos premiers émois de cinéphile...
En chair et en os, Michaël Douglas était bien là, le regard bleu azur qui rappela, plus d'une fois en cette soirée, celui bleu acier de son légendaire père, Kirk Douglas, parti en 2020, à l'âge canonique de 103 ans. À 78 ans, son fils hérita de son tempérament, de son charme, la fossette en moins, mais du charisme en partage. Kirk Douglas avait été un des rares à Hollywood, à faire travailler, des scénaristes et des acteurs, blaklistés, du temps sinistre du maccarthysme, où une chasse aux sorcières menée par un sénateur anticommuniste jusqu'à la caricature, Joseph Mac Carthy, poussa des centaines d'artistes, de cinéastes, de scénaristes hors des plateaux, voire à l'exil. C'était en 1950, Michael Douglas, l'ainé des quatre enfants de Kirk avait à peine quatre ans. C'est dans cette atmosphère de lutte et de fidélité aux principes inculqués par un père dans le sens de la solidarité a toujours été loué par ses pairs du cinéma que le petit Michael avait grandi. Témoignage personnel, lors d'une rencontre mémorable, à Paris, avec l'écrivain Howard Fast et sa femme, l'auteur de «Spartacus» réitéra sa gratitude, son sentiment de «reconnaissance éternelle» à Kirk Douglas qui tint tête à Mac Carthy en sortant de l'isolement Fast, pour porter à l'écran son roman, «Spartacus». «Ma femme et moi lui devons beaucoup» glissera, ému le grand écrivain américain. Et l'on comprend mieux pourquoi Michael ne manque jamais d'évoquer son père, Kirk, c'est plus que de la piété filiale!... «Je ne suis pas bon tout seul» c'est la phrase de Kirk Douglas qui reviendra souvent, dans la bouche de son fils au cours de cette master class à Cannes, au lendemain de la réception de sa Palme d'Honneur. L'un marche dans les pas de l'autre, depuis toujours du reste. Une date, 1968, un événement, que nous confiait, à l'occasion de l'édition d'un ouvrage le concernant en marge du Festival «Théâtre au Cinéma de Bobigny» par Milos Forman, l'enfant terrible du cinéma tchèque d'alors: «Lorsque j'ai appris que Kirk Douglas avait vu un de mes premiers films, lors de son passage à Prague, je suis allé le voir à son hôtel et c'est là qu'il me proposa de m'envoyer un roman qu'il voulait voir adapter à l'écran. Mais la connection fut interrompue»... Apparemment pas le passage de témoin entre les Douglas, puisque c'est Michael Douglas producteur qui proposera au nouvel émigré new-yorkais, l'adaptation de... «Vol au- dessus d'un nid de coucou»! Comme son père, Michael Douglas, pour être le meilleur, cherchera le plus souvent à s'entourer des meilleurs: «Je pense que la génération de mon père c'était le Bien et le Mal. Ma génération en revanche, étant donné que l'on a été influencé par la guerre du Vietnam, les manifestations... Cela a fait que j'ai tout de suite été attiré par des hommes qui sont dans des positions impossibles.» Reconnaissant à son tour, Michael Douglas ne manquera pas de citer Steven Soderbergh: «Il m'a offert une seconde chance après mon cancer (guéri depuis) en me donnant le rôle de Liberace (...) Quand il m'a apporté le scénario de «Ma vie avec Liberace», le troisième film que nous allions faire ensemble après «Traffic» et «Piégée», je sortais juste de mon traitement contre le cancer. Le rôle de Liberace est arrivé comme un signe que je pourrai, que je devais continuer à tourner. J'étais donc immédiatement enthousiaste et je n'en revenais pas de penser que j'allais jouer avec Matt Damon... Mais Steven et Matt m'ont soudain annoncé que le film devait être repoussé d'une année. Je n'ai pas compris ce qui se passait sur le moment. En vérité, j'étais un véritable squelette et ils n'osaient pas me le dire, alors ils ont prétexté une difficulté de production pour me donner le temps de reprendre du poids.»
Et Michael Douglas d'égrener encore et encore ces titres de films devenus (presque) incunables... «J'ai souvent joué des hommes qui pouvaient basculer. d'un côté ou de l'autre, hésitaient quant à ce qu'était le droit chemin. Même dans «Wall Street», où je jouais vraiment un méchant, beaucoup de gens ont aimé mon personnage». Bien sûr, il n'évitera pas «Basic Instinct» (Paul Verhoeven) le film que beaucoup d'actrices avaient refusé. «Les scènes intimes se travaillent comme les scènes de bagarre, tout est dans la répétition, dans la chorégraphie. L'important c'est de ne pas profiter de la situation. Tout doit-être expliqué, tout ce qui va se passer, doit-être décrit et rien d'autre ne doit-être joué». La star n'éludera pas les dégâts collatéraux causés par ce film.
Au sujet de sa technique de jeu, il confiera se sentir «différent des acteurs qui arrivent à jouer avec leur propre personnalité. Jack Nicholson, par exemple, utilise la caméra pour oublier toutes ses barrières personnelles et s'impliquer sans limite. Je me sentais incapable de faire cela, je me sentais bien dans un personnage entièrement inventé. Jouer est une forme de mensonge et cela m'allait parfaitement. Je n'ai accepté que récemment d'utiliser ce que je suis.
Il faut pour cela avoir confiance en qui l'on est. J'apprends seulement à être moi-même à l'écran»... ainsi parla la légende, un soir à Cannes, en ce 76e festival... James Stewart disait donc «si la légende est plus belle que la réalité, imprimez la légende». Imprimons donc ces mots de légende...

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