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«Monster», le film événement venu du Japon

Lorsque Kore-Eda et Kaurismäki fendent l’armure

Un double présent tant par la qualité artistique de cette œuvre, que par la signature de son scénariste…

Une douzaine de films, en compétition, ont été montrés à ce jour au public, professionnel et cinéphile, qui se compte par milliers sur une Croisette, qui sort de sa grisaille pluvieuse, révélant un bout de ciel bleu qui avait fini par être fantasmé par tous. Outre les films déjà évoqués ici, il reste encore, en tête, une petite poignée dont la trace est bien profonde dans les mémoires... C'est le cas de «Monster» du maître japonais, Hirokazu Kore-Eda, un double présent tant par la qualité artistique de cette oeuvre, que par la signature de son scénariste qui n'est autre que Yuji Sakamoto: «Sakamoto Yuji, avec qui j'ai travaillé pour la première fois sur ce film, est le scénariste en activité pour qui j'ai le plus grand respect à l'heure actuelle. Je suis un peu plus âgé que lui, mais nous avons vécu les mêmes événements et respiré le même air sous un ciel sombre tandis qu'il écrivait ses histoires.
«Les feuilles mortes» se ramassent à la peine...
Nous avons, dans nos récits, parlé de négligence, de délinquants et de familles recomposées. Il y a des thématiques et des résonances communes à nos histoires bien que nous les ayons écrites à des époques différentes. Cependant, nous les avons racontées chacun à notre manière. Comme si l'air que nous inspirions était le même, mais pas celui que nous expirions. Cette fois, Sakamoto et moi avons réussi à faire un film ensemble en coordonnant notre respiration. Il s'agit d'un incident survenu dans une petite école, au fin fond du Japon, qui concerne des enfants, et des petites étincelles qui creusent un gouffre immense entre les habitants de la région.»
Et c'est un autre Sakamoto Ryuichi, l'élégant compositeur de musiques de films: «Furyo», «Le Dernier empereur», «Thé au Sahara», «Minamata» et tant d'oeuvres mémorables... «Monster» sera sa dernière partition, il décèdera en mars de cette année. Grand Prix du jury pour «Tel père, tel fils» (2013), Palme d'or pour «Une Affaire de famille), cette fois le cinéaste nippon semble s'être tourné vers Akira Kurosawa, le maître, qui imposa avec «Rashomon» (1950) une technique narrative qui a fait école depuis dans le reste du monde, Clint Eastwood, pour ne citer que lui l'aura bien explorée pour décliner différentes facettes d'une même vérité.
À l'arrivée, la similitude est frappante, dans l'architecture narrative que «‘'Olfa et ses filles'' de Kaouther Ben Hania. De beaux moments de cinéma. À l'arrivée, la similitude est frappante, dans l'architecture narrative que «Olfa et ses filles»de Kaouther Ben Hania. De beaux moments de cinéma.
Beaux instants, également partagés avec Aki Kaurismäki. Un cinéaste aussi facétieux que mutique pratiquant l'humour à l'économie, ce qui est devenu depuis une sorte de marque de fabrique dont il s'en délecté, sans en abuser.
Croire en l'humain
Dans «Les Feuilles mortes», le fameux cinéaste finlandais boucle la dernière partie de sa trilogie («Shadows in paradise», «Ariel» et «La Fille aux allumettes»). Cette fois, Aki, s'est penché non sans une cynique tendresse sur le quotidien de deux personnes solitaires qui se rencontrent par hasard une nuit à Helsinki et chacun tente de trouver en l'Autre son premier, unique et dernier amour. «Leur chemin vers ce but louable est obscurci par l'alcoolisme de l'homme, la perte d'un numéro de téléphone, l'ignorance de leur nom et de leurs adresses réciproques. La vie a tendance à mettre des obstacles sur la route de ceux qui cherchent le bonheur», suggère le cinéaste qui jouit à Cannes, d'un capital de sympathie jamais entamé depuis. «Même si j'ai acquis, aujourd'hui, une notoriété douteuse grâce à des films plutôt violents et inutiles, mon angoisse face à des guerres vaines et criminelles m'a enfin conduit à écrire une histoire sur ce qui pourrait offrir un avenir à l'humanité: le désir d'amour, la solidarité, le respect et l'espoir en l'Autre, en la nature et dans tout ce qui est vivant ou mort et qui le mérite. Je tire au passage mon trop petit chapeau à Bresson, Ozu et Chaplin, mes divinités domestiques. Je suis, cependant, le seul responsable de cet échec catastrophique.» confie Kaurismäki.
À l'arrivée, une standing ovation de la grande salle Lumière, debout, l'émotion à son plus haut point. Et l'armure du géant finnois, se fend, trêve de facétie, les larmes coulent. 

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