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Le devoir d'informer

Les députés reprennent aujourd'hui l'étude des lois organiques, dont celle sur l'information qui sera soumise au vote jeudi. Tout semble avoir été dit sur la question. Il n'en demeure pas moins que le sujet est loin d'avoir été épuisé et demande, sans doute, d'autres approches pour mieux cerner les tenants d'une loi qui semble n'avoir laissé aucune fenêtre donnant aux journalistes de travailler de manière professionnelle afin de produire une information crédible et correcte. Mettre la bride sur le cou aux gens de la presse par un flopée d'interdits n'est, à l'évidence, pas la meilleure façon d'instaurer la sérénité ou encourager la professionnalisation dans le métier. Dit autrement, encadrer l'information par une loi coercitive, revient à nier aux gens de la presse le droit d'apprécier les réalisations économiques, sociales, culturelles, historiques (dès lors que même l'Histoire et la culture relèveraient désormais du droit régalien de l'Etat).
De ce fait, il serait vain dans ce contexte d'arguer d'une liberté d'expression qui serait illusoire. Aussi, ce n'est donc guère une surprise qu'en Algérie la presse ait été contrainte d'emprunter le chemin ardu et déjà battu pour faire valoir le droit à l'information, indissociable du devoir d'informer. A l'indépendance, l'Algérie n'a pas eu d'hommes politiques à l'esprit ouvert et éclairé, pour faire de la liberté de dire, de critique, le droit à l'information pour tous, un droit institutionnel et fondamental pour des Algériens qui ont vu le sacrifice de plus du dixième de la population (il y avait 9 millions d'Algériens en 1954) pour que l'Algérie vive libre. Chose unique dans les annales de l'histoire contemporaine.
A pays neuf, concepts nouveaux des rapports citoyens-gouvernants. Cela n'a pas été le cas. Alors que nous nous préparons à célébrer le 50e anniversaire de l'Indépendance (5 juillet 2012) voilà que le gouvernement nous concocte une loi sur mesure qui laisse peu de place à une information libre et distanciée, ni flagorneuse, ni outrageuse. En réalité, ce n'est pas la presse qui constitue un problème en Algérie, mais le pouvoir ne parvient pas à intégrer ce besoin d'information qu'exigent les citoyens ou, plus probablement, n'accepte pas ce partage du pouvoir - celui d'informer de manière indépendante - dont la presse, de par l'évolution des choses, a naturellement hérité, par l'exercice de l'appréciation de l'information, par sa disposition d'un certain recul, par rapport aux centres de décision et/ou de production de l'information (l'Etat, les partis, la sociétés civiles...). L'information en définitive, reste un état des lieux qui peut ne pas être objectif, ou estimé comme tel, par ceux qui contestent la liberté de la presse et de l'expression. Sachant que l'information n'est jamais neutre, singulièrement l'information politique, il faut encore s'interroger sur le signifiant de l'information et se demander en quoi consiste l'objectivité? C'est quoi, en effet, l'objectivité (politique, sociale, économique) lorsque, à l'instar de la vérité, elle est évaluée non en fonction des faits qui se sont produits, qui en sont issus, mais par rapport aux infléchissements qui sont donnés aux faits, induits par le droit que d'aucuns s'octroient, comme des hommes de pouvoir, la prérogative de dire ce que les citoyens sont en droit de savoir et ce qui doit leur être caché. Dans ce contexte de l'instrumentalisation de l'information, relevons l'affirmation du biologiste et écrivain français, Jean Rostand, qui assure à raison que «la vérité d'Etat a toujours pour revers l'imposture d'Etat». Ceci pour dire que l'objectivité, comme la vérité, s'apprécie surtout en rapport du pouvoir mais jamais comme un élément intégrant d'un fait donné. Vérité en deçà, mensonge au-delà! Traduit, cela veut dire que ce que dit le pouvoir est (toujours) vrai. Ce que raconte la presse est au mieux faux, en tout état de cause irresponsable. On le voit, la question de l'information n'est pas aussi simple qu'on veut bien nous le faire croire et les lois la concernant pas toujours innocentes.

De Quoi j'me Mêle

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