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Dans le bastion terroriste de HTS en Syrie

Un enfer pavé de tortures et de disparitions forcées

HTS puise ses racines dans le Front Al-Nosra, qui avait prêté allégeance à Al-Qaïda avant de prétendre s’en être affranchi, en 2016. Le groupe essaie de polir son image et dit avoir mis au ban ses éléments les plus extrémistes.

Ahmad al-Hakim a appris en février que son frère âgé de 27 ans était mort sous la torture dans les geôles du groupe terroriste qui contrôle Idlib, dernier bastion extrémiste en Syrie. Son décès a provoqué des manifestations inédites contre Hayat Tahrir al-Cham (HTS), ex Al-Nosra et branche locale d’Al Qaïda, accusée par des habitants, des proches de détenus et des défenseurs des droits humains d’exactions qui s’apparentent selon l’ONU à des crimes de guerre.»Mon frère a été tué sous la torture, son corps a été caché et on n’en a même pas été informé», dit Ahmad al-Hakim, assis près de la tombe de son frère Abdel Kader.»Nous sommes descendus dans la rue protester contre le régime, pour être gouvernés d’une manière pire aujourd’hui», ajoute-t-il.
La colère monte depuis une campagne de détention massive lancée l’été dernier par HTS, qui contrôle une grande partie de la province d’Idlib et a des alliances avec les groupes rebelles soutenus par la Turquie. La campagne a visé des centaines de civils, des combattants d’autres factions et des membres de HTS notamment accusés de «collaborer avec le régime» ou des parties étrangères. HTS puise ses racines dans le Front Al-Nosra, apparu en 2011, qui avait prêté allégeance à Al-Qaïda avant de prétendre s’en être affranchi en 2016.
Le groupe essaie depuis de polir son image et dit avoir mis au ban ses éléments les plus extrémistes.
Depuis fin février, des manifestations inédites se produisent régulièrement dans la province d’Idlib pour exiger la libération des détenus, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), les dernières ayant eu lieu lieu dimanche soir.
Les manifestants scandent des slogans hostiles au chef de HTS, Abou Mohammad al-Jolani, qui contrôle cette région où vivent trois millions de personnes, dont près de la moitié sont des déplacés. Lors d’une récente conférence de presse, le chef du groupe a reconnu que les revendications des manifestants étaient «pour l’essentiel légitimes». Interrogé, le bureau de presse de HTS a indiqué «examiner sérieusement» les demandes des manifestants.»HTS va prendre des mesures pour contrôler l’action des organismes de sécurité, améliorer l’infrastructure des prisons (..) pour pallier aux dysfonctionnements», a-t-il ajouté. Ahmad al-Hakim raconte que son frère, accusé par HTS de «collaborer» avec les autorités de Damas, a subi les tortures les plus diverses.»Ils l’ont battu avec un tuyau jusqu’à ce qu’il perde connaissance, ils l’ont suspendu par les bras pendant des jours sans boire ni manger. Il n’a rien avoué, ils l’ont donc torturé davantage jusqu’à ce qu’il meure entre leurs mains», ajoute-t-il. Ayant appris qu’il était recherché par HTS, «il s’est rendu le 16 mars 2023 au service général de sécurité» affilié au groupe, pensant qu’il serait libéré au bout de quelques jours, raconte son frère. Près d’un an et de multiples promesses de libération plus tard, sa famille a appris son décès et a connu son lieu de sépulture à travers des gardiens de la prison. «La tombe avait été fraîchement préparée, alors que la date du décès inscrite remontait à une vingtaine de jours après son arrestation», ajoute Ahmad. Il indique avoir appris par des co-détenus qu’Abdel Kader ne pouvait plus marcher à cause de la torture, «ses pieds enflés étant remplis de pus». Le jour de sa mort, «les gardes l’ont torturé pendant six heures», avant qu’il rende son dernier souffle parmi ses codétenus qui tentaient de le secourir, indique son frère.
Pour tenter de contenir le ressentiment populaire, 420 détenus ont été libérés début mars en vertu d’un décret d’amnistie, selon l’OSDH, une ONG basée au Royaume-Uni. Mais le mari de Noha Al-Atrach, Ahmed Majlouba, n’en faisait pas partie.»Je participe aux manifestations, je prépare des banderoles avec des photos de mon mari et j’emmène mes enfants avec moi dans l’espoir que Dieu le libérera de la captivité de HTS», déclare-t-elle depuis son domicile à Idlib.»Il a été arrêté cinq fois, la dernière en 2022, sans motif clair», explique la femme en niqab, tandis que ses deux jeunes enfants tiennent des photos de leur père. Selon elle, il est tantôt accusé d’appartenir à une faction extrémiste opposés à HTS, tantôt de vol. Noha Al-Atrach dit avoir été elle-même détenue pendant plus de vingt jours avec ses deux enfants pour avoir voulu s’enquérir du sort de son mari. Elle affirme que HTS lui a réclamé 3.000 dollars pour libérer son mari, une somme qu’elle n’a pas pu rassembler. Dans un récent rapport, des groupes de défense des droits humains et la Commission d’enquête des Nations unies sur la Syrie ont accusé HTS de violations des droits humains, notamment de torture, de violences sexuelles et de disparitions forcées, l’ONU estimant que ces actes «peuvent être qualifiés de crimes de guerre». Bassam Al-Ahmad, de l’ONG Syrians for Truth and Justice, basée à Paris, déclare que «les gens en ont assez des violations commises par HTS, comme les arrestations arbitraires, la torture et le meurtre sous la torture»

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