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Pont Salem Bey de Constantine

La petite histoire d’une grande affaire

Considéré comme l’une des infrastructures les plus importantes de l’Algérie, le pont géant bâti à Constantine constitue-t-il, aujourd’hui, un danger réel pour les usagers?

Il s'agit du viaduc, initialement appelé pont de l'indépendance devenu pont de Salah-Bey, un pont à haubans franchissant les gorges du Rhumel. Long de 1 119 mètres, il relie le centre-ville au plateau de Mansourah à l'Est. Sa construction avait été confiée à une entreprise brésilienne Andrade Gotierrez, dont l'inauguration a eu lieu le 26 juillet 2014. Néanmoins, aujourd'hui, cet ouvrage d'art est partiellement un danger pour les usagers, suite à l'instabilité du terrain. Des solutions d'urgence sont, certes actuellement appliquées, mais à long terme, il est indispensable de trouver un traitement durable pour le problème. Un problème qui n'est pas près de se dissiper, puisque les pouvoirs publics ont recommandé une consolidation de l'ouvrage, avec notamment la réalisation d'une galerie de drainage, compte tenu de l'existence d'eaux souterraines sous l'ouvrage, notamment le pylône n°4 de ce pont géant.
La DTP a donc fait appel à un expert à la retraite, connu pour ses compétences, Ali Benhamida. Il sera nommé comme responsable technique chargé du suivi des travaux et de prendre le dossier d'étude en urgence dès son recrutement, sur recommandation du DTP. Alors qu'il s'agit d'un problème épineux auquel il faut absolument remédier, un litige de taille survient pour retarder les travaux. Tout a commencé, avons-nous appris lorsque des anomalies et des errements préjudiciables sur les plans financier et technique ont été découverts. Ali Benhamida a d'ailleurs refusé de signer tout documents douteux et a aussitôt adressé des lettres de dénonciation à l'entreprise Cosider-Géotechnique, qui a pris en charge les travaux.
Des sommes faramineuses
Cela nous à automatiquement conduit à prendre attache avec ce retraité, appelé à prendre en charge le dossier. Benhamida soutient, documents à l'appui, que contrairement à ce qui a été convenu dans le contrat entre le bureau d'études et Cosider-Géotechnique, des sommes d'argent faramineuses ont été dépensées en contrepartie de services ne figurant pas dans l'accord liant les deux parties. L'expert révèlera plusieurs points de non-conformité majeurs dans la conduite du dossier qu'il a adressé à Cosider- Géotechnique. On citera, entre autres, la campagne géotechnique hors normes par rapport aux missions géotechniques normatives (G0 à G5). «On ne sait pas où on va, quand on va arriver, à quoi on va arriver et surtout à quel prix?», explique-t-il. «Il s'agit d'une difficulté totale de suivre une campagne au pifomètre. Résultat des courses: on est arrivé à un coût de plus de deux cents millions de DA (200.000.000,00 DA), en engagements signés pour le volet DEX, alors que le contrat de base alloue à ce poste uniquement 90.000.000,00 DA.
Plus grave encore, «une facture reçue et acceptée par Cosider- Géotechnique par le bureau d'études, de 11.000.000,00 DA pour paiement, alors qu'elle est irrecevable dans le fond et dans la forme, car aucun livrable exploitable par l'entreprise n'a été reçu», souligne Benhamida, tout en faisant remarquer l'absence d'un plan d'assurance qualité étude.
En termes techniques, absence (PAQ Etude), absence d'état d'avancement géotechnique, de planning... Ajoutant qu' «aucun DEX n'a été remis à ce jour». Vu le nombre d'anomalies relevées, on ne peut toutes les citer, sauf peut-être que Ali Benhamida n'a cessé de frapper à toutes les portes pour dénoncer ce bureau d'études qui s'avère, selon une note de la direction des travaux publics dont nous détenons une copie portant sur l'examen du dossier du bureau d'études qui fait ressortir un manque de références professionnelles, techniques et financières.
En finalité, ce n'est pas ce bureau d'études qui a été remis en cause par ceux qui l'ont engagé, mais c'est notre interlocuteur Ali Benhamida qui a fait l'objet d'un licenciement «abusif», selon ses propres termes. «J'ai reçu une convocation pour comparution devant la commission ad hoc créée par la décision 04/DG/2022 afin de noircir et non éclaircir les points cités dans mes différents correspondances de dénonciation sur l'exécution catastrophique du contrat et le détournement de deniers publics», affirme-t-il.
Contacté par L'Expression, Cosider géotechnique, a apporté sa version des faits, à travers l'un de ses responsables, Abeldjabar Jaâdi, qui occupe le poste de directeur des ressources humaines. Tout en confirmant, que le concerné, soit Benhamida, a bel et bien été recruté quelques mois par Cosider et qu'il leur a adressé des lettres de dénonciations, le DRH souligne que «l'entreprise a pris le soin de constituer une commission comptant un représentant des travailleurs qui a été envoyée sur le site pour enquête». Néanmoins, sur les lieux, la commission ne confirme aucunement les accusations de Benhamida et rien de ce qui a été dénoncé par ce dernier n'a été confirmé. «J'ajoute que ce retraité a demandé de mener l'étude lui-même et bénéficier de l'enveloppe financière octroyée dans ce cadre», insiste Abdeldjabar Jaâdi.
Ce que confie la DRH
Concernant le bureau d'études, le DRH a souligné que «contrairement aux dires de Benhamida, le bureau d'études a toutes les qualifications nécessaires». Le DRH nous a remis tout un dossier sur le bureau d'études, avec les CV de sa composante. En effet, il s'agit de docteurs d'Etat spécialisés, titulaires de plusieurs diplômes universitaires dans le domaine. D'ailleurs, fait remarquer Djaâdi, «le bureau d'études ne peut en aucun cas entamer des travaux sans l'aval de la DTP qui est le maître de l'ouvrage et son travail est contrôlé et revu par un bureau d'études, afin de bénéficier d'un visa». Et d'ajouter: «C'est toute une procédure à respecter avant et ce bureau d'études a été le seul à accepter de prendre en charge les problèmes laissés par l'entreprise brésilienne en charge du projet, ainsi que le bureau d'études l'ayant précédé».
Le DRH confie également que «durant les quatre mois où Benhamida devait prendre ses fonctions, il a brillé par ses absences et a entravé le règlement».
L'enquête dans ce dossier a permis à L'Expression de découvrir que Benhamida a fait l'objet de deux plaintes, pour diffamation, injures, insubordination et insultes. Il a même adressé des lettres où il revient sur ses propos. Cependant, il a récidivé en s'attaquant à l'entreprise proférant des propos inadaptés face à la composante disciplinaire. Pour plus d'impartialité, nous avons fait intervenir un ingénieur d'Etat en géologie dont l'expérience n'est plus à prouver, G. Seifeddine. Ce dernier, après avoir pris connaissance du dossier indique qu'«en aucun cas l'entreprise Cosider est responsable dans ce dossier ni le bureau d'études d'ailleurs. Les deux parties ont hérité d'un lourd problème laissé par les Brésiliens et le bureau d'études précédent. Toutes les procédures entreprises par Cosider sont réglementaires et c'est mentionné noir sur blanc. Sur le plan technique, le bureau d'études engagé par Cosider doit faire intervenir un spécialiste en hydrogéologie, car il s'agit d'intervenir avec des méthodes géophysiques afin d'étudier la trajectoire de la nappe d'eau et faire un sondage pour une bonne étude du terrain. C'est toute une politique technique et procédure géologique précise adaptée». Dans ce cas, le plaignant, qui a déposé plainte à savoir Benhamida, a-t-il réagi précipitamment sans avoir étudié la situation? En tout cas, Abeldjabar Jaâdi, qui s'est présenté en compagnie d'un membre de la commission, qui s'est déplacée à Constantine, avec un dossier à nos bureaux, répond dans cet entretien à toutes les questions de L'Expression et remis en cause les affirmations de Benhamida.

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