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Olivier Rolin, finaliste du prix Goncourt

«J’aimerai être lu par les Algériens»

Désormais nous connaissons le nom du récipiendaire du prestigieux Prix littéraire 2019...

En effet, le Goncourt a été décerné cette année à «Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon » de Jean -Paul Dubois. «Un roman sur l’échec, l’art de gâcher sa vie et la manière dont les morts nous accompagnent» écrit Le Monde. Exit donc Olivier Rolin qui est venu présenter la semaine dernière son roman au Sila, au stand Ifa précisément. A notre question donc sur ses impressions sur le fait de ne pas avoir reçu ce prix alors qu’il figurait sur la liste des titres sélectionnés, l’auteur de Extérieur monde, son dernier livre, nous avoue : «Ce qui m’a étonné surtout c’est qu’il arrive jusqu’à la dernière sélection. Mon livre n’est pas un roman. Ce n’était pas conforme à la tradition disons. Cela a fait des histoires d’ailleurs Pivot a dit «mais alors pourquoi on l’a sélectionné ? Alors que l’année dernière on avait éliminé un qui n’était pas un roman. Je pensais bien que je ne l’aurais pas. Cela étant dit je ne vous cache pas que cela ne m’aurait pas déplu malgré tout. J’avais un petit peu espéré. Cela fait une petite déception sans plus. La plupart des grands livres - je ne dis pas que le mien en soit un - n’ont pas été couronnés par des prix. La plupart des livres couronnés par des prix ne sont pas de grands livres. On se remet donc. Ce qu’il y a c’est ce que ça change beaucoup la vie d’un écrivain d’avoir ce prix-là. A tout point de vue, matériellement, il est invité par tous. Il est traduit dans le monde entier etc. C’est peut- être trop tard pour changer ma vie. Elle est bien avancée.» Pour modérer le débat et présenter l’auteur ayant à son actif une vingtaine de livres, romans, récits de voyages et autres essai, c’est Youssef Sayeh qui a eu l’insigne honneur de présenter ainsi le dernier livre de Oliver Rolin, Extérieur monde paru aux éditions Galimmard.

Un livre vertigineux et complexe
D’emblée, Youcef Sayef parle de son «inclassabilité» car très complexe que ce soit par son style ou son contenu très éclectique, voire touffu car décrivant parfois à la deuxième personne du singulier les différentes pérégrinations de l’auteur dans le monde. Pas tout à fait autobiographique, l’écrivain y met quand même beaucoup de lui-même sans vraiment avoir de repères précis. Comme le mentionne t-il dans son roman en s’adressant à ses lecteurs affirmant «je ne sais pas où je vais aller…». Un avertissement qui donne le ton de ce livre éclaté et complexe, dévoilant une «géographie folle, sautant d’un pays à un autre, une ville à une autre, une situation à une autre avec un trait pour l’inattendu» estime Youcef Sayeh. Et Olivier Rolon de rétorquer : «Justement ce n’est pas un roman. C’est une espèce de grande mosaïque, avec des centaines, en effet d’éclats de souvenirs, de gens rencontrés, de femmes croisées, des lieux, de paysages. C’est une mosaïque du monde tel que je l’ai vu et connu en une trentaine d’années d’errance». Un livre né suite à des dizaines de carnets de voyage et de notes. Un jour j’ai relu tout ça et je me suis aperçu qu’il avait beaucoup de scènes qu’il me semblait belles, frappantes et j’ai eu envie de faire l’équivalent d’un vase, avec ça, raboter tous ces éclats… La complication était de trouver comment passer d’une scène à une autre alors qu’il n’y a pas une histoire continue. Je voulais créer aussi un effet de vertige. Qu’il n’y ait aucune indication chronologique, d’autre part, je voulais qu’il n’y ait aucune cohérence géographique. Je voulais qu’on passe de la Sibérie au Soudan, ou en Amérique du Sud etc. et après on repart ailleurs. Que tout cela soit vertigineux.»

Un récit de voyage éclectique
L’auteur évoquera ainsi quelques anecdotes de ses voyages devant un public curieux de sonder ce livre décliné sans chapitre qui plus est, mais qui apparaît du coup si fascinant pour le lecteur qui ne l’a pas encore lu, bien que quelque peu effrayant en raison de ce qui a été énuméré auparavant. «Je n’ai jamais fait de tourisme, j’allais dans ces pays car j’ai fait beaucoup de journalisme dans le temps. C’est pour cela que j’ai été dans des pays où il y avait des guerres civiles. J’y allais parce qu’on me proposait d’y aller découvrir toute cette panoplie de situations humaines. Voir à quoi cela ressemble. J’ai voyagé beaucoup en Chine par exemple parce que j’ai été traduit là-bas. Les lieux qui m’attirent sont souvent à l’écart», explique-t-il encore. Abordant son style et les écrivains dont il se sent proche, il sera question durant ce débat de littérature russe (Tolstoï) qui est «très importante pour moi. Je suis parti en Russie plus d’une trentaine de fois» avouera-t-il, mais aussi de «la littérature française qui a compté pour moi mais pas plus que la littéraire américaine ou japonaise» ajoute-t-il. Et de citer, notamment Hugo, mais aussi Proust qui est «un génie. Un écrivain drôle bien que je n’aime pas chez lui son plaidoyer contre l’amitié» et d’évoquer encore Chateaubriand «Un homme conservateur, d’ancien régime, un contre-révolutionnaire. Mais d’une intelligence historique extraordinaire. C’est un très grand écrivain. En tant que lecteur je m’intéresse d’abord à ce que les gens sont capables de faire avec les mots plus que leur position politique. » Et de relever : «En fait je suis très éclectique. Même dans mon écriture je suis très éclectique. J’ai écrit des romans assez compliqués, mais des choses beaucoup plus brèves et simples. Quand on commence à écrire un livre, la longueur d’onde dans laquelle il va être émis s’impose tout de suite». Evoquant son voyage en avril dernier à Constantine, qui est aussi mentionné dans son livre, Olivier Rolin a émis le souhait d’été lu par les Algériens. «J’aimerai que mon livre soit lu par des Algériens» a-t-il précisé en s’adressant à l’auditoire du Sila qui s’est empressé de lui poser des questions, preuve de l’intérêt qu’a suscité cet auteur et sur lequel «les éditeurs algériens devraient se pencher davantage» a estimé Youcef Sayeh.

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