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Bouira

Oléiculture : Une activité vénérée

L’huile d’olive coûtera très cher cette année. Les raisons sont multiples, mais la plus en vue reste la faiblesse de la production.

La wilaya de Bouira est agricole et non à vocation agricole. Elle peut s’enorgueillir d’être dans le trio de tête en matière de céréales, de pomme de terre et d’oléiculture. Cette activité connaît un net regain, ces dernières années, en s’élargissant aux différentes régions, alors qu’elle était exclusive à la région est de la wilaya. Ce net regain est à mettre à l’actif de la direction des services agricoles qui ont multiplié les opérations de vulgarisation, de plantation là où le climat le permet. Toute cette sollicitation n’aura pas suffi pour sortir la filière de son caractère traditionnel. Ainsi, l’exercice 2019-2020 connaîtra, selon les spécialistes, une production inférieure à celle de l’année précédente. Les raisons sont multiples et peuvent se résumer au fait naturel, mais aussi aux difficultés de commercialisation qui découragent les plus téméraires. On prévoit une production avoisinant les 7,7 millions de litres au lieu des 13 millions des années record du passé.

L’olivier est vénéré
Tout le monde aura compris que chez ces gens, l’olivier est vénéré. Si l’huile a fini par coller à l’identité de la Kabylie, elle est souvent dénommée « Zith Lakbaïle » ce n’est que justice. Par respect à ce don de la nature, en Kabylie on ne dit jamais « je vais acheter de l’huile, mais « ada joua zith » parce que la vente et l’achat sont un tabou. Depuis la nuit des temps, l’olivier est resté un témoin que se transmet de génération en génération. La scène de la coupe des oliviers dans le film mythique L’opium et le bâton reprend cet attachement des humbles villageois à leur unique bien. Cet amour on le retrouve aussi dans l’acharnement et l’opposition exprimés par les propriétaires concernés par la décision de faire passer la nouvelle voie ferrée et qui viendra à bout de milliers de ces arbres dans les régions depuis Taghzout jusqu’à l’extrême est de la wilaya. Le même scénario est vécu pour la pénétrante Bouira- Béjaïa.

Une année sans
L’huile d’olive coûtera très cher cette année. Les raisons sont multiples, mais la plus en vue reste la faiblesse de la production. Fidèle à ses caprices, l’olivier est généreux, une année sur deux. Cet arbre rustique, fort, endurant à l’image de ses propriétaires, donne en abondance une année pour se reposer l’année d’après. « Parce que certains, au nom de la science acquise dans des instituts théoriques ont voulu changer cette nature, l’oléiculture est partie dans des errements où plus personne ne se retrouve », nous confie El Hadj Amar de Chorfa, une région où l’olive et l’huile sont les uniques revenus pour bon nombre de familles. Depuis la nuit des temps, la filière est restée à son état primaire. Tout au long du ramassage et juste après la cueillette, plusieurs opérations d’entretien sont faites. Sans avoir suivi une formation dans ces grandes écoles, nos ancêtres élaguaient, bichonnaient, irriguaient… leurs oliviers. « Ces arbres sont un héritage, ils me rappellent mes parents et je dois perpétuer la tradition même si les enfants aujourd’hui préfèrent la ville et les fonctions rémunérées. Moi, c’est un devoir envers, mes ancêtres et c’est ma vie », nous affirme Si Omar Nath Nouamghar en route en compagnie de son épouse pour ramasser les quelques grains que ces oliviers ont bien voulu donner. « Même quand la récolte est maigre, il faut se donner la peine pour ne pas mécontenter ces arbres qui exigent le respect. Ces arbres sont mes vrais enfants. Ceux biologiques sont partis en ville. Eux sont toujours à mes côtés et assurent ma survie », nous dira avec un air nostalgique et philosophique encore notre interlocuteur. La faiblesse de la production cette année compliquera la récolte. Faite manuellement et traditionnellement, l’opération fera appel à beaucoup de volonté. Les femmes, les petits enfants, en période des vacances scolaires prochaines s’associeront pour ramasser les grains un à un. Le manque expliqué par la nature de l’arbre a été accentué par un été long et rude. L’olivier qui reste un arbre rustique supporte les aléas de la nature, mais souffre. Dans certaines régions, le grain est tombé prématurément. Asséché, il donne des signes de pourrissement. Pour les spécialistes, cet état n’influe point sur la qualité de l’huile, mais réduit la quantité. D’habitude, un quintal d’olives donne entre 18 et 23 litres d’huile. Cette année et conséquemment à la santé du grain les 100 kilos donneront moins de 16 litres.

Hommes, femmes, enfants aux champs
La cueillette est aussi un rituel hérité des ancêtres. Un feu est toujours allumé avec les rameaux et les coupes. Tout en servant à réchauffer les mains, ce feu est un traitement contre les maladies qui menacent l’arbre, Les familles saisissent aussi l’occasion pour passer des journées entières en pleine nature. Cet avantage influe sur les citadins qui n’hésitent plus à retourner au village, chaque week-end, pour s’adonner à cette activité qui les ressource. Ce n’est pas l’huile qui m’intéresse, mais simplement ce mode de vie ancestral », nous confie L’Yazid, habitant à Bouira et originaire d’Ath Laâziz. Si dans des pays comme l’Espagne, la Tunisie, la Grèce… l’huile d’olive, désignée par le qualificatif « d’or vert » est une réelle industrie, une source de revenus en monnaie forte, un secteur pourvoyeur d’emploi et de richesse, chez nous la filière est livrée à elle-même. Des milliards ont été investis dans des prêts, des aides qui n’ont jamais ciblé les vrais professionnels, mais ont profité à des intermédiaires, des mercantiles. Cette année les propriétaires des huileries travailleront à perte. L’entretien de l’huilerie, les personnels saisonniers, les remboursements bancaires, le coût de l’olive, son transport… sont des frais qui influent sur le prix de revient. L’érosion du pouvoir d’achat amène le consommateur à recourir aux huiles industrielles aux dépens de sa santé même si les prix sont excessifs. « Nous obéissons aux caprices de ces arbres. On fait des bénéfices une année pour compenser l’autre », nous confie un producteur qui a fini par industrialiser son activité. Son produit est conditionné dans des bouteilles et il envisage de l’exporter. L’inexistence de circuits de commercialisation, l’anarchie qui y domine et l’apparition des lobbies autour de la profession ont accentué les spéculations et sont à l’origine de cette hausse. Au regard des difficultés que rencontrent les paysans, 600 DA jusqu’à 1000 DA le litre, reste un prix conforme, quand il est comparé aux augmentations qui ont touché toutes les filières agricoles où l’effort manuel est de loin moins intense. La rareté des olives ont aussi amené les huileries à s’alimenter à partir d’autres régions du pays. Là c’est la qualité qui en prend un coup. « Achemlal » de M’Chedallah est une variété très prisée pour son taux d’acidité qui avoisine le 0%.

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